dimanche 12 octobre 2025
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ÉDITO | Vacances : Quand les parents fuient… leurs propres enfants !

À peine les portes de l’école refermées, les parents se lancent dans un marathon effréné à la recherche de colonies de vacances ; leur discipline sportive favorite. Car entre les enfants qui crient du matin au soir, transforment la cour en stade de foot et le salon en salle de jeu, beaucoup de mamans et papas n’ont qu’une seule solution : les confier « quelque part », n’importe où, pourvu qu’on retrouve un peu de quiétude à la maison. C’est plus une pause éducative… c’est une évacuation d’urgence !

C’est officiel : les vacances ont débarqué ! Les écoles ont tiré le rideau, les cartables sont rangés comme des reliques au fond des placards… et c’est là que les choses sérieuses commencent — pour les parents, bien sûr. Car au Faso, les vacances scolaires ne sont pas vraiment un moment de répit. Repos ? Quel repos ? Entre l’énergie débordante des enfants et l’organisation de leur emploi du temps, c’est plutôt un parcours du combattant version estivale ! C’est même souvent le début de l’enfer pour beaucoup de familles. Imaginez : des enfants surexcités, branchés sur énergie solaire illimitée, qui tournent en rond dans la cour comme des coqs sans crête. Ils parlent, crient, se battent, dansent jusqu’à 22 h du soir, et réclament chaque jour « des chocolats », des « popes-corne », du jus d’ananas ou du « jus de pomme » comme si on avait planté un champ de jus dans un salon.

Alors, dès qu’on entend « colonie de vacances » à la télé, à la radio ou dans un coin de journal, c’est la ruée générale ! Les parents foncent comme des sauterelles affamées sur un champ de mil en pleine saison. Le thème ? On s’en fiche ! Que ce soit colonie de musique, de cuisine, d’agriculture, de prière ou même pour « enfants classés zone rouge », l’essentiel, c’est de les expédier. Loin. Très loin. « Même si c’est à Golgotha ou dans une brousse sans réseau au bout du pays, on va tout payer : transport, hébergement, repas, et même le petit goûter s’il le faut ! »

Dans certains quartiers, c’est devenu un vrai sketch : des mères en mode négociation musclée avec les responsables de colonies.

« Chef, mon enfant là aime la nature, les animaux sauvages, les aventures même… mais surtout, il salue tout le monde hein ! Prenez-le seulement, vous allez voir, c’est un ange… quand il dort bien ! »

Et d’autres, plus stratèges :

« S’il vous plaît hein, vous ne pouvez pas faire deux sessions là ? Une en juillet, une en août ? Lui, il est trop chargé en énergie pour revenir si vite ! »

On ne peut même pas leur en vouloir. Ces enfants qu’on a habillés, nourris, câlinés pendant l’année deviennent, dès les vacances, des petits généraux en mission dans la cour familiale :

– « Moi je ne balaie pas, je suis en congé ! »

– « Laissez, c’est mon tour à la télé ! »

– Et le frigo ? Il est vidé avec une vitesse qui ferait rougir un groupe électrogène sur un bidon d’un litre d’essence.

Et quand on essaie de les « délocaliser » chez la grand-mère au village, ils reviennent traumatisés comme des soldats de retour du front :

« Maman, y avait pas de wifi là-bas hein ! Même pas une télé noire et blanc ! Et tous les jours c’est tô, tô, tô ! Pas de spaghetti, pas de pain beurré, pas de chocolat, rien ! Et puis on m’a dit d’aller chercher de l’eau au puits ! Imagine ! Et grand-père nous a réveillés pour aller au champ ! Au champ, maman !! »

Alors les colonies deviennent le dernier recours. On les emballe avec deux t-shirts, une natte, du savon, et c’est parti. Les adieux ? Rapides. Sèches. Efficaces. « Tu vas me manquer hein… Mais obéis bien là-bas, hein ! Bon, le car va partir, hein, allez ! »

Et dès que le bus quitte le quartier, c’est le repos de ses géniteurs. Silence dans la cour. Thé bien chaud. Série sur téléphone sans interruption. Même le coq du voisin semble chanter plus doucement. On redécouvre la paix, la quiétude.Enfin, nous allons pouvoir respirer maintenant !!

Mais attention, ça ne dure jamais longtemps. Trois semaines plus tard, ils reviennent, plus bruyants encore, les valises pleines de linge sale, et des histoires à raconter pendant trois jours d’affilée. Et on recommence.

Alors soyons honnêtes, chers parents : les colonies de vacances, ce n’est pas pour « épanouir les enfants » comme on le dit à haute voix… c’est pour respirer un peu, retrouver le silence, et surtout… sauver notre santé mentale ! »

Dr Dramane Patindé KABORE, Enseignant-chercheur au CU-Dori et Journaliste-communicant 

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