samedi 5 juillet 2025
spot_img

Édito | Sankara, Sonko et la renaissance d’un panafricanisme de rupture

Ce 16 mai 2025, l’histoire s’est comme penchée sur le continent africain, témoin d’un symbole fort : la présence remarquée d’Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, à l’inauguration du mausolée dédié à Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabè et ses douze compagnons d’infortune. Ce geste n’est pas anodin. Il ne s’agit pas simplement d’une visite protocolaire ou diplomatique. Il résonne comme un acte de mémoire, mais aussi de projection vers un avenir africain ancré dans les idéaux de souveraineté, de justice sociale et de dignité.

Thomas Sankara, assassiné en 1987, demeure une figure emblématique et tutélaire de la lutte anti-impérialiste, un chantre de l’autonomie politique, économique et culturelle de l’Afrique. Il rêvait d’un continent debout, affranchi des chaînes néocoloniales, libéré des tutelles économiques, et porté par une jeunesse éduquée, consciente et actrice de son destin. Aujourd’hui, plus de trois décennies après sa mort, ses paroles vibrent toujours dans les rues de Ouagadougou, mais aussi dans les cœurs de nombreux jeunes leaders africains en quête de rupture.

Parmi eux, Ousmane Sonko s’inscrit, volontairement ou non, dans cette lignée de leaders « inconfortables », porteurs d’une parole franche, refusant les compromis stériles avec les puissances occidentales, et prônant une coopération Sud-Sud plus équitable. Sa nomination à la tête du gouvernement sénégalais, dans un contexte de rejet massif de l’élite politique traditionnelle, marque une ère nouvelle. En venant au Burkina Faso, Sonko rappelle que l’unité africaine n’est pas un slogan creux, mais une nécessité historique.

Que révèle, au-delà de sa portée symbolique, cette visite hautement significative ? Elle met en évidence la nécessité de valoriser les langues nationales, de transformer en profondeur les structures économiques, de renforcer les systèmes de sécurité, de promouvoir les cultures locales et d’engager une réforme profonde des institutions encore marquées par l’héritage colonial.
À l’heure où les rapports de force mondiaux sont en recomposition, avec un glissement progressif vers un monde multipolaire, l’Afrique doit repenser ses alliances et affirmer ses choix. La mémoire de Sankara n’est pas un musée, elle est une boussole. Et la présence de Sonko à Ouagadougou, loin de n’être qu’un hommage, pose les jalons d’une convergence de pensée et d’action entre deux peuples qui n’ont jamais cessé de rêver ensemble.

Si cette rencontre devait avoir un message à porter, ce serait peut-être celui-ci : il est temps que les héritiers des indépendances achevées, trahies ou inachevées, reprennent le flambeau. Non pas pour répéter le passé, mais pour en tirer les leçons. Thomas Sankara disait : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort. » Le Burkina Faso, comme le Sénégal, semble aujourd’hui déterminé à écrire une nouvelle page de l’histoire de leurs nations.
Espérons que cette coopération sera révolutionnaire au sens le plus noble du terme !!

Dr Dramane Patindé KABORE, Enseignant-chercheur au CU-Dori et Journaliste-communicant.

Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici
Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!

Publicité

spot_img

Articles connexes

Usage de la force par mes VDP : Le Procureur militaire rappelle le cadre légal à des encadreurs de VDP lors d’un atelier

Dans le contexte sécuritaire actuel, marqué par des attaques répétées sur le territoire national, les Volontaires pour la...

Cohésion sociale : Les banquiers du Burkina unis autour du sport

L'Association professionnelle des banques et établissements financiers du Burkina (APBEF-B) a tenu, ce samedi 5 juillet 2025 à...

Diplomatie : La Guinée équatoriale assigne la France devant la Cour internationale de justice

La Guinée équatoriale a déposé, le 3 juillet 2025 à La Haye, une requête contre la France devant...

Ouagadougou : Des étudiants de l’UJKZ passent leur week-end à la manœuvre à Faso Mêbo

Pelle à la main et moules à pavés à leurs pieds, des étudiants de l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ)...