Des ressortissants de Tougouri, dans la région Centre-Nord, ont donné de la voix, ce jeudi 16 mars 2023, à Kaya, sur la situation qui prévaut dans leur commune. Les membres du collectif « Tougouri reste débout » ont denoncé certains « propos mensongers » concernant leur commune et appelé les autorités à soutenir Tougouri, qui a été déguerpie de ses populations par les groupes armés terroristes.
Depuis une semaine, la ville de Tougouri sur l’axe Kaya-Dori est victime de harcèlements des groupes armés terroristes. Après leur passage le 10 Mars dernier, les groupes armés terroristes ont multiplié leurs incursions dans cette commune, sommant ainsi les populations de déguerpirpir.
« Les menaces ont atteint leurs points culminants dans la zone avec les attaques et passages des FDS à Ouanobian et à Gorrolballé ; le sabotage des pylônes électriques et téléphoniques, du pont de Naré et des contrôles d’identité des usagers de la RN3 à partir de 2022. Sentant la menace s’accentuer sur la ville de Tougouri, sur les passages réguliers dans les villages de Taffogo, Naré, Pèlga et l’occupation des localités situées au sud de la commune comme Tilga, Gargo et environnants, les différentes autorités et les populations n’ont cessé d’interpeler les hiérarchies militaires sur d’éventuelles attaques dans la ville de Tougouri. Les incursions sont devenues plus inquiétantes avec leurs présences quotidiennes dans les quartiers excentrés de Goudrin et de Pilga en fin avril et début mars. Surement c’est en terrain conquis qu’ils ont attaqué Tougouri le vendredi 10 mars aux environs de 16h30 minutes », retracent les conférenciers du jour, dans une déclaration lue par Roland Lallogo, porte-parole.
Ils ont par ailleurs précisé qu’après les premières attaques ayant visé la commune, des plaidoyers ont été vainement faits auprès des autorités pour la mise en place d’un détachement en vue de contrer la menace qui grandissait. « C’est dans cette insouciance que nous avons assisté à une deuxième attaque d’envergure le 10 mars dernier à 16h30mns où nous avons déploré une perte en vie humaine, des blessés et d’énormes dégâts matériels. Suite à cette attaque, une médiatisation dont nous ignorons la véracité, selon laquelle plusieurs terroristes en fuite auraient été abattus, a été diffusée. Nous nous disons que c’est suite à cette médiatisation que les HANI (Hommes armés non identifiés, ndlr) sont revenus le 13 mars 2023 pour commettre encore une fois de plus leur forfaiture sans être inquiétés et donner un ultimatum de sept jours à la population de quitter les lieux », ont-ils déploré.
Appréciant les informations diffusées sur la toile concernant des actions militaires à Tougouri, les ressortissants de cette commune estiment que ces informations ont plutôt favorisé cet harcèlement dont ils ont été victimes de la part des groupes armés terroristes. Ils appellent les autorités à mener des actions dans cette comme afin de permettre le retour des populations. « Si nous sommes aussi Burkinabè, alors nous demandons une intervention immédiate afin de sauver Tougouri ; un détachement permanent dans la commune ; un convoi spécial pour convoyer les populations jusqu’à Tougouri ; une sécurisation entière de la commune et de l’ensemble du Namentenga », ont plaidé les conférenciers.
Pour l’heure, l’on assiste toujours à un mouvement massif des populations vers Kaya. Abdoulaye (nom d’emprunt), est désormais déplacé interne à Kaya, après les menaces des groupes armés terroristes dans sa commune. « Nous avons dormi chez nous il y a de cela une semaine. Après leur premier passage, ils n’ont jamais cessé de revenir dans les soirées pour semer la terreur. Ceux qui disent que les FDS et VDP sont de retour à Tougouri n’ont pas la réalité des faits. Nous venons d’arriver et s’il y avait des FDS et VDP là-bas, nous n’aurions pas déguerpi », a soutenu Abdoulaye, qui dit s’être déplacé avec une famille d’environ 40 personnes pour rejoindre le chef-lieu de la province du Sanmatenga.
Samdpawendé SAWADOGO (Correspondant)
Minute.bf