La Fédération des Syndicats nationaux des Travailleurs de l’Education et de la Recherche (F-SYNTER) a tenu une conférence de presse ce samedi 29 mai 2021 à Ouagadougou. Il s’est agi pour le syndicat de donner sa lecture sur la crise actuelle qui secoue le système éducatif du pays.
« Le système éducatif de notre pays est de nouveau en proie à une crise avec au bilan des dégâts humains dont deux morts (Kinda Cécile de la classe de 3e à Kongoussi, Sinaré Abdoul Mohamine de la classe de 6ème au Lycée municipal de Paspanga de Ouagadougou) et de nombreux blessés ». C’est du reste le constat que la F-SYNTER a fait sur la situation scolaire du pays.
Cette crise, avec au centre des mouvements de protestations d’élèves, faut-il le rappeler, est née de la décision du gouvernement d’opérer des réformes dans l’organisation des examens scolaires portant notamment sur la suppression des sujets au choix dans les disciplines de sciences de la vie et de la terre et d’histoire et géographie au BEPC et à l’arrimage du baccalauréat au Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN).
Quelle est l’essence de ces réformes ?
À cette question, la F-SYNTER affirme que ces réformes tirent leur origine de l’application des Programmes d’Ajustement Structurels (PAS) imposés par les institutions financières internationales depuis 1990 au Burkina Faso, déplorant ainsi le fait que « les régimes successifs se plient en quatre pour (les) exécuter ». Pour preuve, sur ce point, le syndicat invite à jeter un coup d’œil dans « le rapport de la Banque Mondiale intitulé : L’éducation en Afrique subsaharienne : pour une stratégie d’ajustement, de revitalisation et d’expansion » (novembre 1987). A en croire les conférenciers du jour, il y est écrit à la page 96 que « le programme d’ajustement du système éducatif et de formation comportera deux volets : diversification des sources de financement et maitrise des coûts unitaires ». Ce programme formule pour ce faire une batterie de mesures fondamentales à mettre en œuvre dont entre autres : augmenter le temps d’occupation (plus d’heures par semaine et plus de semaines par an) des enseignants et des équipements ; développer la formule des études extra-muros, dont le coût par étudiant s’est révélé infiniment moins élevé.
Selon la F-SYNTER, la récente création d’une université virtuelle au Burkina, sur une orientation autre que celle de la Tunisie qui a servi de modèle à cet effet, participe de cette dynamique dont l’objectif est de réduire le nombre annuel de diplômés dans l’enseignement supérieur tout en freinant son augmentation dans la plupart des autres ; autoriser auprès des bénéficiaires une part accrue des coûts réels de l’enseignement à travers notamment la création d’établissements privés, l’institution de prêts aux étudiants, de l’obligation d’un service national, etc. « Toutes les contorsions déployées par les autorités pour tenter de justifier autrement ces réformes s’inscrivent dans une stratégie de duperie », martèle la F-SYNTER.
Quelle analyse la F-SYNTER fait de la gestion de la crise scolaire ?
Pour cette organisation syndicale de l’éducation, « la gestion a été centrée sur un matraquage médiatique avec une volonté d’imposer l’option prise plutôt que de présenter un argumentaire convaincant sur le bienfondé des réformes pour les apprenants et le système éducatif ». La F-SYNTER a dénoncé « la répression de type fasciste des élèves en lieu et place d’une recherche de sortie responsable de crise ». « Le refus, sur la base de prétextes fallacieux, de discuter avec des citoyens fortement mobilisés autour de leurs préoccupations, la fermeture d’établissements et l’utilisation de façon disproportionnée de la force publique contre les manifestants entre dans cette option », pense M. badiel.
Face à la crise dans le secteur de l’éducation, la F-SYNTER, dans une note transmise au Ministre Ouaro en date du 21 mai 2021, aurait indiqué que la solution ne devrait pas résider dans une répression. « Une telle option ne fera qu’envenimer la situation ou reporter une résurgence à plus ou moins moyen terme avec des manifestations pouvant être plus dures », avait-elle signifié. Le syndicat appelait donc à l’arrêt immédiat des actions d’intimidation, de répression et à la réouverture sans délai des établissements fermés qui « doivent connaitre une même fin d’année scolaire que l’ensemble des établissements du pays ».
Pour terminer, la F-SYNTER a recommandé aux autorités en charge de l’éducation, de rencontrer les organisations à caractère syndical des scolaires porteuses de la lutte en cours. « Cela permettra de créer la confiance au niveau de tous les acteurs du système si tant que les assises annoncées visent la création de discussions sereines et ouvertes pour un avenir meilleur de l’école. », est convaincu Souleymane Badiel.
Minute.bf