La chambre correctionnelle spécialisée du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme a tenu sa première session de jugement du 9 au 13 août 2021 dans la salle d’audience n°1 du Tribunal. Pour ceux qui ont été reconnus coupables pour associations de malfaiteurs et terrorisme, la plus lourde peine a été 21 ans de prison avec une amende de 2 millions de francs le tout ferme avec une période de sûreté de 14 ans. Il y a eu aussi une peine de 10 ans de prison avec une amende de 7 millions le tout ferme et une période de sûreté de 7 ans. Aussi, un présumé terroriste a été relaxé au bénéfice du doute selon le juge en charge du dossier. À la fin de cette première session, des citoyens qui ont suivi les différents jugements donnent leur avis sur les sentences livrées par les juges. Pour le moins que l’on puisse dire, c’est que personne d’entre eux n’est satisfait des verdicts rendus.
« Pour moi, on ne devrait même pas les juger. On ne devrait même pas les envoyer devant les tribunaux. », indique de façon radicale M.S, citoyen interrogé sur le verdict rendu par les juges. Il faut rappeler que ce type de jugement pour terrorisme est un premier du genre au Burkina.
B.M lui, est moins radical que M.S mais estime quand même que les peines sont insuffisantes. » Je n’apprécie pas bien la sentence des juges. 21 ans de prison pour un terroriste ? J’estime que c’est peu parce que s’ils ressortent, ils peuvent vouloir continuer. Si on les emprisonnait à vie, je pense que ça serait mieux », a opiné B.M.
À la question de savoir s’il n’estime pas qu’il peut y avoir des innocents parmi les présumés terroristes, il rétorque : » mais qui sait s’il y a des innocents ou pas parmi eux? Questionne-t-il avant de faire savoir que « si on les a envoyés face au juge, c’est parce qu’on les connaît. On ne peut pas envoyer quelqu’un qu’on ne connaît pas ici face au juge pour dire qu’il est présumé terroriste. C’est parce qu’on sait qui il est ».
Pourtant, il y a eu un présumé terroriste relaxé au bénéfice du doute. À cela B.M laisse entendre que, » même si la loi ne l’a pas condamné, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas terroriste. On dit que le doute profite à l’accusé, mais on ne sait pas si celui qui a été relaxé est vraiment innocent, on ne peut pas le savoir ».
En guise de conclusion B.M estime que les jugements qui sont en train de se faire sont plus conformes au droit européen qu’aux réalités burkinabè. »Selon moi, ce qui se fait actuellement est conforme au droit européen. Si on allait appliquer les réalités burkinabè, on n’allait même pas les juger. S’il se trouve que ce sont des personnes qui sèment la terreur, on les écarte en même temps. Soit on les emprisonne à vie, soit on les exécute», préconise B.M.
Deux autres jeunes dames à qui on a tendu notre micro étaient aussi unanimes à dire qu’elles ne sont pas satisfaites des peines reçues par ceux qui ont été reconnus coupables de terrorisme par les juges.
Il faut rappeler que les juges rendent les sentences au regard de textes et de lois existantes, votées et adoptées à l’Assemblée nationale.
Propos recueillis par Hamadou Ouédraogo
Minute.bf