Le vendredi 26 décembre 2025, jour de son anniversaire et de son départ officiel à la retraite, le Professeur Claude Étienne Sissao a tourné une page personnelle en en offrant une nouvelle à la nation. L’enseignant-chercheur de l’Université Joseph Ki-Zerbo a dédicacé son dernier ouvrage, « Comprendre l’histoire des mutations coloniales et de la formation du Burkina Faso », devant un parterre de famille, collègues, étudiants et amis. Plus qu’un livre, c’est le fruit de trente ans d’enseignement et de recherche qu’il lègue pour éclairer les racines complexes du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta).
« Je veux que les gens prennent conscience que nous avons eu une séquence historique qui nous a rassemblés et qui a fait de nous des Burkinabè », a expliqué l’auteur, avec une gravité pédagogique.

Le Professeur Claude Étienne Sissao a précisé que cette union s’est forgée « dans la douleur », à travers une conquête armée et des résistances, mais aussi dans « un moment de communion pour lutter contre l’arbitraire ».
Pour le professeur Sissao, ce combat commun contre l’injustice est le véritable ciment de la nation, le socle qui a uni l’élite en quête d’indépendance.
L’ouvrage « Comprendre l’histoire des mutations coloniales et de la formation du Burkina Faso (fin XIXe siècle – 1960) », préfacé par le premier docteur en histoire du Burkina Faso, le Dr Samuel Salo, se propose justement de décortiquer cette alchimie douloureuse.

Dans l’ouvrage, il ne s’agit pas d’une simple chronologie, mais d’une analyse critique des dynamiques sociales, politiques et économiques qui ont transformé la société, de la fin du XIXe siècle à 1960. Le professeur Sissao y insiste : les grands bouleversements structurant la société actuelle se sont produits pendant la colonisation. Son récit est cependant nuancé, évitant tout manichéisme pour montrer les contraintes imposées tout comme les formes d’adaptation et de résistance déployées par les populations.
Présentant l’œuvre, le Pr Maxime Compaoré, Directeur de recherche à l’INSS/CNRST, en a souligné la rigueur et l’originalité. S’appuyant sur un vaste corpus d’archives et une bibliographie exhaustive, l’ouvrage de 305 pages utilise « une démarche analytique adaptée » pour explorer comment le fait colonial a substantiellement modifié l’organisation politique, territoriale et économique sans pour autant gommer tous les héritages antérieurs. « Le passé ne se limite pas à un héritage figé, mais constitue une grille de lecture essentielle pour comprendre les défis contemporains », a-t-il résumé, reprenant la vision de l’auteur.
Ce dernier voit dans cette histoire une leçon d’optimisme. « On peut passer de la domination à la liberté », a affirmé le Pr Claude Étienne Sissao, tout en rappelant que la liberté n’est jamais totalement acquise et que le processus de décolonisation n’est jamais achevé. «’Les Burkinabè d’aujourd’hui vivent encore les séquelles de cette période, parfois en bien, mais surtout en mal », a ajouté le neo retraité.
L’enjeu, à en croire le spécialiste de l’histoire coloniale, est de « se débarrasser de tout ce qui a transformé négativement l’homme Burkinabè » pendant cette phase et de tirer les leçons de ce passé de domination pour pleinement vivre la liberté d’aujourd’hui.

« L’Afrique est un continent difficile à avaler », le Pr Claude Étienne Sissao ne clôt pas un débat.
L’ouvrage « Comprendre l’histoire des mutations coloniales et de la formation du Burkina Faso (fin XIXe siècle – 1960) », est vendu dans les librairies du Burkina Faso au prix unitaire de 10 000 F CFA.
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Mathias KAM
Minute.bf






