Dans un arrêté en date du mars 2025, le ministère en charge de l’Education de base et celui chargé de l’Enseignement secondaire ont conjointement institué « une coiffure uniforme pour les apprenants filles et garçons dans les structures éducatives » du Burkina Faso. En attendant l’entrée en vigueur de cette décision pour le 3e trimestre de l’année scolaire en cours, votre journal, Minute.bf, a approché des parents d’élèves et des élèves pour recueillir leur appréciation.
L’article 3 de l’arrêté conjoint du ministère en charge de l’Education de base et celui chargé de l’Enseignement secondaire précise que « la coiffure uniforme des apprenants [filles et garçons] est faite d’une coupe des cheveux à ras, simple et sans embellissement ni fantaisies quelconques ». Chez les filles, les tresses et les nattes de cheveux naturels sans mèches et assimilées sont toutefois autorisées. Comment les parents d’élèves accueillent-ils cette décision ?
Au rond-point de la Jeunesse de Tampouy, nous approchons l’agente commerciale Asseta Sawadogo pour prendre son avis sur l’institution de la coiffure uniforme dans les structures éducatives. Pour cette parente d’élève, cette décision du gouvernement est à féliciter. « Avec cette loi, on aura du répit vis-à-vis des coiffures extravagantes », a-t-elle déclaré. Asseta Sawadogo a confié que sa fille fréquente dans une école catholique de la place où cette mesure est déjà en vigueur. « Cela (l’arrêté instituant la coiffure uniforme, ndlr) va renforcer la mesure prise par cette école d’interdire le port des mèches », s’est-elle satisfaite.
Comme elle, l’artiste musicien Assami Kaboré que nous avons trouvé à Kilwin a salué l’institution de la coiffure uniforme dans les structures éducatives. Il s’est amusé en dénonçant des élèves surtout des filles qui se retrouvent à se coiffer à des coûts dépassant même leur scolarité. « Scolarité de 60 milles pour une coiffure de 100 milles, comment peut-on se mettre au sérieux, dans ce cas, pour étudier », interroge-t-il.
Outre cela, il a fait remarquer que pour un malentendu quelconque, lorsque des filles en viennent aux mains, elles pourraient se tirer les mèches. Toute chose qui pourrait s’avérer « très dangereux », selon l’artiste.
Notre artiste est allé plus loin en soutenant que le gouvernement devrait même interdire aux filles n’importe quelles tresses. « Qu’elles se marient avant de parler de coiffures. Sinon tant qu’elles ne le sont pas (mariées, ndlr), que le rasage des cheveux soit l’unique option pour elle », a-t-il déclaré. Mais que pensent les principaux concernés ?
« Je ne vois pas pourquoi ils vont interdire la teinture des cheveux et les locks »
A Kilwin toujours, nous trouvons Alizeta Sawadogo et Mamata Nabolé, des élèves en classe de 4e au Lycée municipal de Kilwin. Interrogées sur la question de l’institution de la coiffure uniforme avec coupe de cheveux à ras, elles accueillent positivement la décision. Elles estiment que les mèches incitent à la distraction de certains élèves. A les écouter, pendant les cours, certains élèves se retrouvent à jouer avec les mèches de leurs camarades au lieu de suivre les explications du professeur.
Après Kilwin, nous mettons le cap sur le Lycée Marien N’Gouabi où nous trouvons Razack Zalé. Cet élève en classe de 2nd C a, lui aussi, salué la mesure gouvernementale. Il a fait remarquer qu’il y a des garçons qui ne se peignent pas les cheveux. Par rapport, aux filles, il pense que « les mèches et assimilés » ne les rendent « pas plus belles » non plus. « Nous, on aime ce qui est naturel, qu’elles restent telles », a-t-il laissé entendre, saluant la prise du décret portant uniformisation de la coiffure dans les structures éducatives.
Cependant, cet avis n’est pas partagé par d’autres élèves. C’est le cas de Sanya Koama, élève en classe de 2nd C au lycée Marien N’Gouabi. Elle dit adhérer à l’interdiction du port des mèches uniquement, mais n’est pas d’accord avec l’idée du rasage des cheveux à ras, l’interdiction de la teinture des cheveux ou les dreadlocks avec les cheveux naturels.
« Je ne vois pas pourquoi ils vont interdire la teinture des cheveux et les locks », s’étonne-t-elle soutenant que « c’est du naturel ! ».
Pour information, l’arrêté instituant la coiffure uniforme dans les structures éducatives entre en vigueur à partir de la reprise des cours du 3e trimestre de l’année scolaire 2024-2025.
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Nafissatou Dera (Stagiaire)
Minute.bf
