Face au défi démographique de 2050, l’Église évangélique du Burkina Faso a mobilisé ses acteurs autour d’une table ronde pour définir une feuille de route éducative, mêlant enseignement académique et valeurs chrétiennes. Le lancement de cette activité prévue sur 4 jours a eu lieu, le mardi 16 septembre 2025 à Ouagadougou en présence de plusieurs autorités dont le président du CSC, Louis Modeste Ouédraogo et l’ancien Premier ministre Tertius Zongo.
Pendant quatre jours, des centaines de participants venus du Burkina Faso et de plusieurs autres pays sont réunis pour plancher sur une stratégie visant à faire de l’école un « puissant moyen d’évangélisation » et répondre aux défis éducatifs colossaux qui attendent la nation.

Cette rencontre, qui s’inscrit dans la continuité d’éditions précédentes au Rwanda (2023) et en Côte d’Ivoire (2024), a pour objectif central de redéfinir la mission des établissements scolaires chrétiens.
Il s’agit de réaffirmer que leur rôle premier n’est pas lucratif, mais bel et bien la transmission du savoir et de « la parole de Dieu aux apprenants, pour les maintenir sur le droit chemin ».
Louis Modeste Ouédraogo, président du Conseil Supérieur de la Communication (CSC), a salué l’initiative, rappelant le rôle fondateur de l’éducation chrétienne. « L’éducation chrétienne a contribué grandement à la formation des cadres de ce pays, à la construction de notre nation mais aussi à l’éveil spirituel », a-t-il déclaré en ouverture des travaux. « Voilà pourquoi faire une halte pour réfléchir sur l’éducation chrétienne (…), c’est une très bonne chose à saluer et à encourager », a-t-il ajouté.
Cette réflexion collective s’articule autour d’un thème central et ambitieux : « Relever ensemble le défi de l’éducation pour le Burkina Faso de 2050 : enjeux et promesses d’un partenariat entre l’Église, les organisations partenaires, l’école chrétienne, la famille et l’État ».

La pertinence de ce thème a été exposée par le Pasteur Jean Ouédraogo, Président du Conseil d’Administration de l’Alliance des Etablissements Scolaires et Universitaires des Evangéliques du Burkina (AESEB). Il a dressé un tableau saisissant des enjeux démographiques : une population qui devrait passer de 20 millions d’habitants en 2019 à 45 millions en 2050, dont plus d’un tiers aura moins de 30 ans.
« Cette explosion démographique (…) représente un défi titanesque », a-t-il alerté. « Sans une politique éducative ambitieuse (…), cette jeunesse nombreuse pourrait se transformer en facteur de vulnérabilité. Les risques sont multiples : délinquance, dégradation des mœurs, consommation de drogues, banditisme ou corruption menacent de saper la stabilité sociale », a-t-il poursuivi.
Pour l’AESEB, forte de 518 écoles, la réponse est claire, investir massivement dans une éducation chrétienne de qualité pour « un Burkina Faso gagné à Christ ».
Le Ministère de l’éducation de base, représenté par Joseph Ouédraogo a reconnu le rôle « de choix » accordé par la loi au secteur privé dans le développement de l’offre éducative. Il a souligné la « volonté d’accompagner les acteurs » vers une meilleure gestion de leurs structures.
« Notre pays a besoin d’établissements scolaires respectant les normes éducatives édictées dans les différents cahiers des charges. C’est ce qui garantira une contribution saine au développement de notre nation », a-t-il insisté, appelant à une approche « systémique et holistique » mobilisant tous les acteurs majeurs.

Cette table ronde nationale s’inscrit dans une dynamique continentale plus large, comme l’a expliqué Sylvain Momo, coordonnateur régional francophone de l’Association Internationale des Écoles Chrétiennes (ACSI). « A la table ronde africaine qui s’est tenue à Kigali en août 2023, l’idée était d’envisager l’église et l’école chrétienne ensemble pour l’Afrique de 2050 », a-t-il rappelé.
L’ACSI, qui existe pour « renforcer la capacité des écoles chrétiennes », se dit « très satisfaite » de l’implication constatée au Burkina Faso.
Mathias KAM
Minute.bf