Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), le parti de l’épi et de la daba occupe la deuxième place selon les résultats provisoires de la présidentielle du 22 novembre 2020. Une place qui ne surprend personne si l’on remonte à quelques années avant pour scruter la situation du parti dans le pays. En effet, sous la houlette de Blaise Compaoré, le CDP a constitué la plus grande force politique du Burkina qui a siégé à la présidence durant une vingtaine d’année.
Le régime de Blaise ayant chuté sous le joug d’une insurrection populaire, le parti n’a pas été autorisé à participer à la présidentielle de 2015. Il avait également connu des remous internes occasionnant des démissions de certains militants du parti à l’époque dont l’actuel président du Faso, Roch Kaboré et de Simon Compaoré. Ces derniers sont d’ailleurs à l’origine, avec d’autres frondeurs du CDP à l’époque, de la création du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP).
Toutefois, fort de ses nombreuses années d’expériences sur la scène politique, le parti de l’épi et de la daba a su mettre à profit sa renommée d’antan dans la course à Kosyam 2020. Mais il s’en est tiré avec 15,48 % des voix. Néanmoins, avec ce pourcentage, le parti occupe désormais la deuxième place qui était tenue par l’UPC alors chef de fil de l’opposition politique (CFOP), depuis maintenant 10 ans.
Aussi, même si avant le double scrutin du 22 novembre 2020 le CDP avait encore connu des frondes qui ont vu la démission de plusieurs personnalités du parti telles que Kadré Désiré Ouédraogo, Léonce Koné, Salia Sanou, Boureima Badini et Mahamadi Kouanda, entre autres, il a obtenu 20 députés dont 2 de plus comparable au nombre de sièges à l’hémicycle qu’il avait obtenu en 2015.
Alors, la position actuelle du CDP laisse percevoir le retour d’une force sur la scène politique et une force qui n’est pas des moindres car le parti, présidé par l’expert-comptable Eddie Komboïgo, est connu même dans les villages les plus enfouis du pays. Ce parti beneficie encore de la fidélité d’une grande partie de ses militants.
À y voir alors de plus près, le parti au pouvoir fait face au CDP qui reprend une place non négligeable dans le jeu politique en devenant la deuxième force politique à l’Assemblée nationale du Burkina Faso, devançant l’UPC qui a enregistré une violente chutte à l’issue de ces élections. Et tout est possible en politique ! Si d’aventure Blaise Compaoré revenait au pays, est-ce qu’il pourrait créer une dynamique afin que le CDP puisse revenir au pouvoir ?
Mais cette probabilité n’est pas facile à cerner aujourd’hui. Nonobstant avec 20 députés, le CDP peut rêver mieux s’il arrive à faire la cohésion en son sein pour éviter une autre saignée à cause des démissions. Déjà avec la deuxième place, le parti peut jouer le rôle de contre-pouvoir pendant ce prochain quinquennat qui s’annonce au Burkina Faso avec la réélection de Roch. En tout cas, ce dont on pourrait être certain est que le CDP peut bien se préparer pour les échéances électorales de 2025 où il fera face à de nouveaux candidats, étant donné que le président Kaboré est à son dernier mandat, selon la constitution.
Minute.bf