Le Comité Technique du Conseil National de Sécurité Alimentaire (CT-CNSA) a tenu, ce mardi 28 juin 2022, une conférence de presse sur la gestion de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle dans cette période de crise au Burkina. Malgré les efforts consentis par le gouvernement burkinabè, 3 453 000 personnes risquent d’être en insécurité alimentaire de juin à septembre 2022, a précisé le CT-CNSA.
Les ménages sont dits, en situation de sécurité alimentaire lorsqu’ils sont en mesure de se procurer la quantité nécessaire de produits alimentaires sains, divers, ce, dans toute l’année, pour que les membres de leur famille puissent mener une vie saine et active. Fort est de constater que cette donnée n’est pas effective au Burkina Faso, en raison des difficultés que connaît le pays. Selon le Comité Technique du Conseil National de Sécurité Alimentaire (CT-CNSA), à l’issue de la campagne agropastorale écoulée, la production céréalière nationale définitive s’est établie à 4 661 140 tonnes. Et comparée à celle de la campagne agricole 2020-2021 et à la moyenne des cinq dernières années, elle est en baisse respectivement de 10% et de 2,61%.
À en croire le président du CT-CNSA Wendné Victor Bonogo, « au regard de ces résultats, 52% de ménages agricoles éprouvent des difficultés pour couvrir leurs besoins céréaliers sur la base de leur propre production ». Et concernant le disponible fourrager de la campagne agro-pastorale 2021/2022, « au plan national, au moins 15 provinces, principalement du Sahel et du Centre Nord font face à un déficit fourrager ». C’est donc dire que si rien n’est fait, « cette situation pourrait se dégrader sur la période de juin à août pour toucher 3 453 000 personnes », a signifié Wendné Victor Bonogo. Et d’ajouter que la situation nutritionnelle des enfants de moins de 5 ans demeure préoccupante dans le pays. « En effet, l’on enregistre une augmentation de 10% du nombre d’enfants âgés de 6 à 59 mois qui pourraient souffrir de malnutrition aiguë et une montée des cas de malnutrition aiguë sévère de plus de 18 % par rapport à l’année dernière », a-t-il complété.
Cette situation, s’explique, toujours selon M. Bonogo, « au plan pastoral, par l’indisponibilité de fourrage dans certaines localités, la réduction de la mobilité des troupeaux du fait de l’insécurité, l’assèchement des points d’eau, l’apparition de la grippe aviaire et le renchérissement des prix des sous-produits agro-industriels (qui) constituent une menace à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du cheptel ». Mais la crise sécuritaire y ait pour beaucoup, contraignant l’État et ses partenaires à faire des efforts plus accrus pour le renforcement de leur résilience à l’insécurité alimentaire. L’une des mesures prises justement par l’État a été d’acter en Conseil des ministres en sa séance du mercredi 18 mai 2022, un Plan d’urgence, d’un coût de 237 milliards 780 millions de francs CFA, qui vise à soutenir les populations vulnérables à travers des actions harmonisées d’assistance alimentaire, de protection des moyens d’existence, de prévention et de prise en charge de la malnutrition. Plusieurs autres subventions et aides aux personnes déplacées internes (PDI) et aux producteurs ont été faites par l’Etat et ses partenaires techniques et financiers.
Wendné Victor Bonogo a révélé, en outre, que le ministre en charge de l’agriculture est en train de mettre en place une usine d’engrais à Koupéla, dans la région du Centre Est. A l’en croire, la réception de cette usine l’an prochain, va permettre d’alimenter les producteurs par centaines de quantité en intrants agricoles.
Pour rappel, le vendredi 17 juin dernier le Burkina a reçu 6 579,5 tonnes de vivres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sous forme de prêt. Un prêt qui sera remboursé au « grain pour grain » par l’Etat burkinabè.
Mathias Kam
Minute.bf