Les populations de la région de l’Est souffrent le martyr du fait de la crise sécuritaire. C’est du reste ce qu’a confié à www.minute.bf une source, originaire de Tankoalou, localité située dans la commune de Foutouri, à l’Est du Burkina, à quelques 5 kilomètres du Niger. A l’en croire, Tankoalou est l’un des rares villages qui résistent dans la commune, car bénéficiant de la présence d’une base militaire. Mais le problème, limitées dans leurs mouvements, les populations de Tankoalou sont asphyxiées par « la faim », indique notre source qui fait cas de décès liés à cette situation.
La famine liée à l’insécurité ne frappe pas seulement les populations de Mansila. A Tankoalou, la mort rode autour des quelques populations qui y sont, à cause du manque de vivres. Tout cela, à cause de l’insécurité qui règne dans la zone. C’est du reste le témoignage que nous a livré Amadou Tamboura, un natif de la localité, qui a trouvé refuge maintenant à Ouagadougou, depuis un certain temps.
« Il est difficile d’expliquer à quelqu’un ce qui se passe à Tankoalou pour qu’il croit. Il faut être sur les lieux pour comprendre. Moi-même, avant que je ne m’y rende en août 2020, quand les gens parlaient de la situation, je ne les croyais pas », lâche notre interlocuteur pour planter de décor de la situation qui prévaut dans son village, qu’il a quitté seulement en juillet 2021. Coincé pendant 8 mois dans son village, il qualifie de « grave, très grave » et même « invivable », ce que vivent ses parents du fait des actions des groupes armés.
Précisément, explique-t-il : « on ne peut pas sortir du village. On ne peut pas faire 100 mètres sans buter sur des terroristes ». Pis, à entendre notre vis-à-vis, ces hommes armés spolient les populations de leurs biens. « Les terroristes sont venus prendre tous les animaux et il n’y a plus rien », confie-t-il désespérément. Cette sorte d’embargo et le pillage des biens des populations ne sont pas sans conséquence sur la vie des habitants de Tankoalou.
« Témoin (…) d’un enfant qui est mort de faim…»
« Les villages environnants se sont vidés et les gens ont trouvé refuge à Tankoalou ou à Gayerie. A Tankoalou centre, il y a du mieux parce qu’il y a une base militaire », a soutenu l’informateur de Minute.bf. Mais, coupé du reste de la région, malgré cette relative once de sécurité, Tankoalou se trouve en difficulté de ravitaillement, et du même coup, dans « la faim ».
Comme mentionné plus haut, il est difficile de faire « 100 mètres hors de Tankoalou », insiste notre interviewé. Ainsi, déclare-t-il : « certains ont leur argent mais il n’y a rien à acheter », avant d’argumenter : « il n’y a rien. Même le simple savon qui ne manquait jamais n’existe plus, n’en parlons pas du riz, l’huile…qui sont des denrées de forte consommation ». Notre interlocuteur a même révélé que ce manque de vivres a déjà coûté la vie à certaines personnes. « Il n’y a pas de nourriture », regrette-t-il avant de confier avec tristesse : « j’ai même été témoin d’un enfant qui est mort de faim (…) J’ai vu des gens qui sont couchés et qui ne pouvaient plus se relever à cause de la faim ».
Interrogé sur l’aide du gouvernement, il a soutenu que le dernier ravitaillement remonte au mois de « mai dernier », où le « détachement est venu avec deux remorques de vivres ». « A part cela, je n’ai rien vu encore jusqu’à présent », a-t-il souligné, de précisant que « personne n’a reçu plus de 10 boites (grosses boites de tomates d’environ 2 kg, ndlr) de vivres».
Appel au secours de Tankoalou
A entendre le natif de Tankoalou, l’armée reste la seule représentation de l’administration burkinabè dans la localité. « Depuis 3 ans, il n’y a ni école ni hôpital. Mais s’il y a des malades, les militaires les soignent », réagira-t-il a propos des services sociaux.
Ainsi, dans l’incapacité de s’adonner à leurs activités économiques (agriculture, élevage…), les populations de Tankoalou ne pensent pas pouvoir tenir face à la menace terroriste. « On ne peut rien faire. Personne ne peut arriver au champ. Mon oncle qui a tenté une fois a été abattu par les hommes armés », égraine avec douleur ce natif de Tankoalou.
Alors, il en appelle à l’aide de l’Etat pour sauver Tankoalou. « Ils veulent au moins pouvoir sortir », confie-t-il, au nom de « ses parents ». « Pour d’autres, mieux vaut être réfugié dans le Niger voisin que d’être chez soi et ne pas pouvoir sortir », a-t-il relevé notant que même si « les terroristes n’attaquent pas Tankoalou, les gens préfèrent se réfugier à Gayerie pour avoir la nourriture ».
Et comme pour insister sur la nécessité d’une aide humanitaire pour son village, il a fait ce témoignage à www.minute.bf : « Il y a quelqu’un qui m’a appelé aujourd’hui (jeudi 2 septembre, ndlr) pour dire que s’ils n’obtiennent pas de vivres dans 3 jours, il y aura encore des morts ».
En ce qui le concerne, notre interlocuteur n’entend plus repartir dans son village natal tant que la situation ne connaitra pas de changement.
Un habitant de la localité que www.minute.bf a pu joindre au téléphone dimanche 5 septembre alerte que si rien est fait dans les 5 jours à venir pour ravitailler les populations en vivres, « il y aura un drame, parce que les gens vont mourir de faim ».
Minute.bf