Le Bureau d’Intelligence et Conseil en matière de Sécurité et Défense en Afrique (BICSEDA) a tenu, ce samedi 27 mai 2023, un atelier de réflexion portant sur les questions relatives à l’organisation des élections au Burkina Faso. Il s’agissait, par l’organisation de cette activité, d’appréhender les enjeux liés à l’organisation des élections dans ce contexte de crise sécuritaire au Burkina Faso. Selon Kalifara Séré, qui en était le principal conférencier, il est impératif de tenir une autre « assise nationale pour aller vers un consensus » en ce qui concerne l’organisation ou non des élections.
« Processus électoral et défis sécuritaires : enjeux et perspectives », c’est sous cette thématique que Kalifara Séré, expert en développement et stratégies locales, a entrenu le public. Il a d’abord déploré la dégradation de l’espace public burkinabè qui avec des opinions concourent à « s’auto-détruire par une rhétorique de conflit et d’intimité ». Chose qui ne nous avance guère dans la lutte contre le terrorisme, a souligné Kalifara Séré. Alors qu’en réalité, poursuit-il, pour avoir « un consensus », on doit « assumer les dissensus » dans chaque opinion, dans chaque groupe d’opinion et dans les principaux camps.
Kalifara Séré définit ce « dissensus » comme une méthodologie qui permet, à partir d’un « non-consensus d’œuvrer à rapprocher les opinions, les aspects divergents par un dialogue vrai pour arriver à un consensus vrai et définitif ».
« C’est vraiment le consensus qui nous permettrait de comprendre que les élections ne sont pas la solution », a lâché l’ancien Secrétaire général du ministère en charge de l’administration territoriale. Mieux, argumente-t-il, [les élections] ne sont pas la panacée absolue pour gagner la guerre. « La non tenue des élections, ce n’est pas non plus forcément la solution pour gagner la guerre », a relativisé Kalifara Séré.
Pour l’expert en développement et stratégies locales, « le chemin de la vérité c’est évidemment entre les deux ». Et, « si nous maintenons notre obligation de vivre en démocratie en tant de guerre, les élections en sont consubstantielles. Il faut savoir les organiser suivant les modalités qui sont consensuelles. Si nous ne les organisons pas, nous devons en convenir à travers un cadre fondateur de la Transition, c’est-à-dire les assises nationales, à travers l’instrument qu’on appelle la charte de la Transition. C’est là où tout doit se régler », a précisé le communicateur.
Également, pour la refondation de l’État, Kalifara Séré, a préconisé d’aller vers « la catharsis au sein de l’armée nationale ». Il s’agit, selon ses dires, de refonder cette armée à travers les états généraux. « Ressouder les positions intergénérationnelles, remettre les jeunes au milieu de l’armée et entourés par le bras protecteur, mentorat des plus anciens », a-t-il soutenu.
Dans cette lutte contre le terrorisme, Kalifara Séré a demandé aux Burkinabè de taire les bagarres et de se mettre en ordre de bataille dans le cadre de la mobilisation générale et de la mise en garde pour définir « les modalités nouvelles, pragmatiques, efficaces pour aller plus loin et réduire l’ennemi à sa plus simple expression ».
Pour le directeur exécutif du BICSEDA, Hervé Ouattara, cet atelier était le lieu de faire des propositions de solutions. Ce dernier a tenu à préciser que « ce n’est pas au BICSEDA de dire s’il faut organiser ou non les élections ».
Il faut rappeler que cette conférence-atelier s’est tenu sous le thème général : « Démocratie et état de droit au Burkina Faso : état des lieux et perspectives ».
Mathias Kam
Minute.bf