A l’occasion de la commémoration du 24e anniversaire de l’assassinat du Journaliste Norbert Zongo, le Collectif des Organisations démocratiques de Masses et de Partis politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de Lutte contre la Vie chère (CCVC) ont organisé, le mardi 13 decembre 2022 à Ouagadougou, un panel sur le thème : « La contribution du mouvement démocratique à la lutte du peuple burkinabè contre l’impunité et pour l’élargissement des libertés démocratiques, dans le contexte actuel de guerre civile réactionnaire ».
Pour évaluer la contribution du CODMPP à l’élargissement des libertés démocratiques, c’est Sibiri Eric Kam, membre de l’ancienne Commission d’enquête indépendante dans l’affaire Norbert Zongo, qui a été appelé. Dans sa communication, le conférencier a relevé deux sortes d’impunité notamment l’impunité de fait et l’impunité institutionnelle. Des explications du conférencier, on peut désigner par impunité de fait, un crime commis par une tierce personne et sur laquelle les juridictions ne parviennent pas à mettre la main. Il peut s’agir des vols, diffamations et autres
L’impunité institutionnelle est, explique-t-il, une impunité basée sur le refus d’appliquer les textes et les lois pour une faute commise, et cela pour une raison ou une autre. Et c’est de ce type d’impunité qu’il est question dans ce cas de figure. Le conférencier a cité en exemple, l’assassinat des élèves de Garango en 1995, de Guillaume Cessouma, de Dabo Boukary et de bien d’autres, parmi lesquelles Thomas Sankara, Dabo Boukary et Norbert Zongo qui sont restés impunis pendant plusieurs années.
Selon M. Kam, dans le cas du dossier Norbert Zongo, le procureur qui était chargé du dossier a identifié de sérieux suspects, mais, paradoxalement, dit-il, « quand il a voulu engager les poursuites, il a engagé des poursuites contre X alors que les suspects étaient clairement identifiés ». Il a été décidé par la suite, que le dossier soit confié au greffe. Une forfaiture, de son avis, qui traduit une instrumentalisation de l’institution judiciaire.
Outre cela, le conférencier a relevé plusieurs tentatives orchestrées par les autorités de l’époque pour taire les crimes de sang qui ont été commis et surtout dans le cas du dossier Norbert Zongo. « Après la remise du rapport de la commission d’enquête indépendante, le chef de l’État a créé un collège de sages qui a dit clairement qu’il fallait aller vers un triptyque vérité-Justice-réconciliation. Mais qu’est ce qu’on nous a servi par la suite ? Une journée du pardon un certain 30 mars 2002. Il n’y a pas eu vérité et on est allé directement à la réconciliation ».
D’après le conférencier, ces tentatives se sont poursuivies jusqu’en 2012 où le Président Blaise Compaoré a voulu adopter une loi d’amnistie pour éponger ces crimes qui ont été commis. Une tentative qui va se heurter au refus du « peuple longtemps subordonné ». Après le départ de Blaise Compaoré, a dénoncé M. Kam, la volonté de consacrer l’impunité s’est poursuivi, encore sous Rock Marc Christian Kaboré avec des notions comme la « réconciliation nationale », « situation sécuritaire oblige ».
Revenant sur la lutte du Collectif, Sie Éric Kam a fait savoir que sa création en décembre 1998 a permis d’engranger plusieurs résultats au titre desquelles l’élargissement des libertés démocratiques comme la liberté de manifester, la liberté de la presse et bien d’autres. « Quand Norbert Zongo mourrait il n’y avait qu’un seul journal d’investigation. Mais aujourd’hui il y en a plusieurs. Et même la presse est devenue plus critique. On peut maintenant parler que ce soit à tort ou a travers sans pour autant être inquiété », a-t-il soutenu tout en soulignant la nécessité de préserver ces acquis surtout dans le contexte actuel.
Oumarou KONATE
Minute.bf