« Quelle société civile pour le Burkina Faso ? », c’est autour de cette thématique que le Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSC) organise le forum national de la société civile les 11 et 12 janvier 2024. Il s’agit pour le Conseil dirigé par Hermann Doanio d’appeler à réfléchir sur le rôle même de la société civile, la contribution qu’elle pourrait apporter dans l’optique d’améliorer la gouvernance au Burkina Faso au sortir de la Transition.
Le contexte socio-politique du Burkina Faso, au cours de l’année 2022, a été marqué par le changement de régime intervenu le 24 janvier 2022 avec l’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) et un autre depuis le 30 septembre 2022, par une fraction du même MPSR. Cette situation a plongé le Burkina Faso dans une transition, depuis lors. Dans cet environnement, le CNOSC remet sur la table la question de la contribution de la société civile à l’ancrage de la démocratie. Se considérant comme « acteur incontournable » de la vie politique du pays, le CNOSC-BF s’interroge : « Pouvons-nous rêver d’une nouvelle société civile au Burkina Faso ? Quelle contribution la société civile burkinabè pourrait apporter dans l’optique d’améliorer la gouvernance du pays au sortir de cette transition ? »
En clair, si Herman Doanio considère la société civile comme « un acteur incontournable dans le processus de développement socio-économique, politique et culturel », il a toutefois reconnu que « de nos jours, les contributions des OSC pour la gouvernance sont diversement appréciées voire controversées : existence d’organisations crédibles, légitimes et efficaces à côté d’autres jugées instables, instrumentalisées, partisanes en quête de réalisations organisationnelles ».
Cela et en lien avec le contexte socio-politique, le président du CNOSC-BF s’est interrogé : « est-ce qu’aujourd’hui, il faut avoir une société civile spécifique pour un contexte en temps de guerre ou une autre en temps de paix ? Est-ce que le comportement (des OSC, ndlr) doit être différent ? »
A ces question, il a répondu : « nous, nous pensons que le comportement d’une société civile responsable doit être le même, en mettant en avant l’intérêt supérieur de la Nation. Pour dire que lorsqu’on exerce la veille citoyenne et aussi les libertés collectives, c’est de reconnaître que l’autre aussi a des libertés et que nos libertés ne doivent pas à un moment donné remettre en cause ou être nuisibles à la cohésion sociale, à l’harmonie ou au vivre-ensemble. Nous devons aussi savoir que toute nation se construit avec certains secrets ».
L’organisation du forum, a soutenu M. Doanio, obéit à la volonté du CNOSC-BF de poser le problème de la contribution de la société civile à la gouvernance et à l’ancrage de la démocratie au Burkina Faso, d’où le thème : « Quelle société civile pour le Burkina Faso ? »
Concrètement, dit-il, il s’agira, à travers ce forum, de « faire un diagnostic sans complaisance, édicter des critères et valeurs pour pouvoir tracer une ligne et des sillons qui vont faire [de la société civile] un acteur crédible, fort, responsable, sur qui le gouvernement peut compter ».
Parlant de critères, Herman Doanio a rappelé qu’il y en a « qui ont été mis en avant pour une société civile crédible, forte et engagée », citant les critères de la gouvernance interne à toute épreuve, de la redevabilité, de la transparence. Mieux, a-t-il ajouté : « [la société civile] doit être apolitique, c’est-à-dire une OSC ne doit pas se mêler de questions partisanes ; et aussi non-violente. Nous ne voulons pas d’OSC qui peuvent brandir des machettes pour en découdre avec qui que ce soit. Il y a des institutions qui sont mises en place pour cela, pour rendre justice ».
Du reste, le CNOSC-BF laisse à la charge des participants au forum de « dégager une image, le portrait-robot de la société civile » qu’ils voudront pour le Burkina Faso.
Il est attendu des participants, des recommandations dans le sens de « mieux canaliser les contributions » de la société civile, le CNOSC-BF, dans sa dynamique de participation à l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance. Ces recommandations seront remises au gouvernement à la fin du forum, le 12 janvier prochain.
Jean Pierre Vogna, Directeur général de l’administration territoriale a représenté les ministres en charge de l’administration territoriale et celui en charge de l’économie, les co-parrains de l’activité. Il a loué l’engagement de la société civile dans « la définition, la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques publiques et reste convaincu que les conclusions seront bénéfiques pour non seulement les acteurs du développement ».
Il a salué la pertinence du thème du forum qui vise à repenser la société civile burkinabè.
A l’occasion, pour accompagner les efforts de reconquête du territoire national, le CNOSC-BF a remis un chèque de 2 millions de F CFA au compte du Fonds de soutien patriotique (FSP) par l’entremise du représentant des co-parrains.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf