En marge de la présentation de vœux du nouvel an de son parti, le samedi 7 janvier 2023 à Ouagadougou, Me Hermann Yaméogo s’est exprimé sur la situation nationale. Insécurité, réconciliation nationale, et le cas du Lieutenant-colonel Emmanuel Zoungrana étaient entre autres les sujets abordés par le président de l’Union nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD).
« Quand le pays connaît des difficultés collectives, logiquement, on se met ensemble pour essayer de résoudre ces difficultés », tel devrait être la posture des Burkinabè, selon Hermann Yaméogo. Cependant, reproche-t-il, par rapport à la guerre liée au terrorisme, « on va contre la logique de l’union sacrée en créant des causes de désunion face (…) à la classe politique… On voit créer la désunion même au sein de l’armée, elle qui est chargée de nous faire gagner la guerre ».
Pourtant, l’UNDD se souvient avoir, sous la gouvernance de Damiba, « essayé avec des messages de paix, de réconciliation qui seraient à mesure de faire en sorte que [les Burkinabè] se retrouvent pour pouvoir lutter contre le terrorisme ». Mais, a regretté Me Yaméogo, « il (le president Damiba, ndlr) était lent en prise de décision. Dans cette salle, ici, nous faisions des critiques, pour dire ce qui est bien ou pas, que nous filmions pour lui envoyer ».
Aussi, si Me Yaméogo a salué les efforts de l’ancien président en faveur de la réconciliation, il a souligné des manquements. « Ce qui s’est fait au Mali hier (grâce présidentielle accordée aux 49 militaires ivoiriens le 6 janvier, ndlr), nous pouvions faire cela ici aussi. Le président malien n’a pas plus de compétences constitutionnelles que le nôtre. Nous disons qu’il faut aller vers une grâce pour permettre aux gens de revenir« , a-t-il argumenté, avant de soutenir : « quand il n’a pas fait la grâce et qu’il a fait venir Blaise Compaoré comme cela, on a critiqué. Tu peux soutenir quelqu’un, mais quand il fait quelque chose qui n’est pas bon, tu as le courage de le dire ».
Par ailleurs, parmi les éléments qui ont fait échec à la réconciliation sous Damiba, Hermann Yaméogo a souligné des oppositions internes. « Il y avait des oppositions internes et c’est cela qui a empêché qu’il (Damiba, ndlr) aille jusqu’au bout. Il y a des oppositions internes qui se confirment aujourd’hui. Dans le compromis qui a été fait pour sa démission (Damib, ndlr), il était question qu’on intègre la réconciliation (…) mais on a balayé tout cela. Pour moi, c’est cela qui empêchait qu’il puisse aller jusqu’au bout », a-t-il dénoncé.
C’est aussi en cela que le président de l’UNDD a relevé la différence entre le LCL Damiba et le Capitaine Traoré. « La grande différence entre les deux (le LCL Damiba et le Capitaine Traoré, ndlr), le premier a dit, conseillez-nous. La première fois que j’ai vu Damiba, il a dit, nous n’avons pas d’expérience, nous sommes jeunes (…) aidez-nous, donnez nous des conseils. Avec humilité ! Quand c’est dit comme cela, on le fait… », a fait remarquer Hermann Yaméogo.
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Enfin, s’exprimant sur l’emprisonnement du LCL Emmanuel Zoungrana pour des faits présumés de destabilisation, Me Hermann Yaméogo pense que la place de cet officier supérieur est au front et non en prison. « Au moment où nous sommes aujourd’hui affectés par le terrorisme, ces gens-là devraient être dehors. J’ai vécu avec certains pendant un an. J’ai causé avec eux, je connais leurs compétences, je sais de quoi ils sont capables. Le pays est en manque d’hommes expérimentés, de combattants. Ce n’est pas logique que pendant qu’il y a des jeunes inexpérimentés qu’on envoie mourir au front, on laisse des gens compétents à la Maison d’Arrêt et de Correction des Armées (MACA). Actuellement, les Zoungrana, tous, ils doivent être au front. Que l’on crée une unité spéciale où ils pourront apporter leurs expériences, aider à combattre », a soutenu le président de l’UNDD.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
