Le Groupe d’initiative pour la refondation de la Patrie (GIRP) a initié, le samedi 4 fevrier 2023 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème : « Face à l’instabilité institutionnelle et politique, quelle refondation de la Patrie pour une alternative démocratique ? ». La conference a été animée par le sociopolitologue et chercheur-enseignant en politologie, Dr Ollo Pepin Hien.
Dans sa communication, le conférencier a indiqué que la crise institutionnelle que connait le Burkina Faso n’est rien d’autre qu’une « crise de l’éthique en politique » , car dit-il, « la politique est indissociable de la morale ». Selon lui, pour résorber ces différentes crises, il faut une moralisation de la chose politique. « Il est urgent de procéder à la moralisation de la scène politique. C’est un défi qu’il faut relever. Il faut qu’on procède à la moralisation de la scène politique», a-t-il soutenu. Il a ajouté que la problème de fond qui se pose au Burkina aujourd’hui, est la dégradation des mœurs républicaines. Pour remédier à cela, il convient d’adopter, à l’en croire, des réformes à même de ramener les mœurs au sein même de la chose politique. « Nous pouvons mener des réflexions sur les fondements d’une nouvelle métaphysique des mœurs politiques qui pourraient servir de code de bonne conduite et de charte déontologique », a-t-il suggéré.
Le sociopolitogue a aussi proposé dans sa communication, un retour aux valeurs sacrées endogènes et panafricaines en politique. « La classe politique pour surmonter la crise de sa légitimité doit s’imprégner des valeurs cardinales de toute démocratie sérieuse (…) Nous devons travailler à faire en sorte que la classe politique cesse d’être un marché, c’est-à-dire où règne la loi du plus offrant. La politique doit cesser d’être un business florissant comme nous la vivons aujourd’hui », a-t-il proposé. Pour relever ce défi, M. Hien propose que l’on redéfinisse les règles du jeu politique en vue de garantir plus d’équité et de transparence dans le jeu.
Il a par ailleurs indiqué que la refondation de la patrie suppose une citoyenneté nouvelle, à l’effet de bâtir une société nouvelle débarrassée des tares. Et pour ce faire, il recommande un renouvellement de la classe politique burkinabè. Un renouvellement qui ne passe pas forcément par le remplacement des anciens par les jeunes, mais plutôt par une inversion de l’échelle des valeurs structurées autour de l’intégrité, comme valeur cardinale et fondatrice de la patrie et de la société burkinabè. Ce qui devrait permettre, d’après lui, de promouvoir les bases d’une société de justice s’élevant contre toutes le formes de prédations et de braderies du patrimoine national.

A cet effet, Dr Ollo Pepin Hien propose que l’on ramène la peine de « l’indignité politique » qui a existé au Burkina en 1966, avec l’arrivée des militaires au pouvoir, et même en 2015, sous la transition. « Il faut ramener cette indignité politique à vie, pour des citoyens qui après avoir exercé une responsabilité quelconque dans des structures de l’Etat, ont été reconnus coupables de prédation des ressources étatiques disponibles. Quelqu’un qui vient pour servir et qui se sert, vous convenez avec moi qu’il doit être disqualifié pour représenter le peuple. Une fois que vous abusez et que vous êtes reconnus coupables, vous ne devez plus être en mesure de représenter le peuple à quel que niveau que ce soit. On ne doit même plus vous permettre de figurer sur une liste électorale et vous ne pouvez plus aussi prétendre à une nomination à un certain niveau de la hiérarchie de l’administration », a proposé l’analyste. Cette mesure permettrait, de son point de vue, l’ascension d’une classe politique vertueuse avec des personnes réellement déterminées à se mettre au service des populations.
Faisant l’état des lieux des instabilités politiques que le Burkina Faso a connues, le conférencier a souligné que l’armée, de par son omniprésence dans la gestion de la chose politique, a toujours été à la base des bouleversements de l’ordre politique depuis l’époque post-coloniale. Les choses ont commencé, dit-il, sous la première République avec Maurice Yaméogo qui était caractérisé par une « dictature civile constitutionnelle » avec l’imposition d’un régime de parti unique. C’est suite à ce régime unique et les différents maux de la Gouvernance à cette époque que l’armée a accédé au pouvoir et cela, à la demande des syndicats. « C’est pour dire que les syndicats ont servi de rame de lancement de l’armée au pouvoir. C’est eux-mêmes qui ont servi d’échelle pour que l’armée arrive au pouvoir », a-t-il indiqué dans son analyse.
Oumarou KONATE et Jean-François SOME (Stagiaire)
Minute.bf
Belle analyse
Excellente analyse et suis tout à fait d’accord avec le fait qu’on doit ramener la peine de » l’indignité politique » pour mieux cadrer notre scène politique au Burkina Faso.