La participation des jeunes en politique est faiblement remarquable au Burkina Faso bien que des efforts soient faits au sein de quelques partis politiques qui accordent une place aux jeunes dans certains cadres. Dès lors, on se demande si cette faible participation des jeunes à la politique est due à la réticence de cette franche de la population ou si c’est parce que la jeunesse est laissée à elle-même et n’est pas prise en compte dans les grandes instances de décisions politiques. Pour répondre à ces questions, nous avons voulu approcher un « jeune et politicien », vice-président et porte parole de son parti afin de comprendre comment il vit son engagement politique et comment il se sent dans son parti. Il s’agit de Aziz Dabo du parti politique la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA).
Minute.bf : Comment se porte actuellement votre parti à quelques jours des élections?
Aziz Dabo : La NAFA se porte très bien, elle essaie d’apporter sa contribution dans le débat politique national comme toujours. Nous sommes représentés dans les quarante et cinq (45) provinces du Burkina Faso aux prochaines échéances électorales législatives. C’est vrai que nous n’avons pas de candidat à l’élection présidentielle 2020, mais nous avons signé un accord avec le candidat Zéphirin Diabré de l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) afin de le soutenir à la présidentielle à venir.
Minute.bf : Quelle sera la plus value de cet accord signé avec l’UPC ?
Aziz Dabo : L’accord que nous avons signé entre dans le cadre de l’accord politique qui avait été signé au sein du Chef de file de l’Opposition politique (CFOP) qui permettait également des accord bilatéraux entre les autres partis politiques. C’est pour renforcer les capacités opérationnelles d’un parti frère et ami au niveau du CFOP et aussi au niveau de la NAFA.
Minute.bf : De façon globale, on a vu la guerre de positionnement entre jeunes et leurs ainés dans des partis politiques avec à la clé des démissions. Est-ce à dire que la question de la promotion de la jeunesse en politique n’est pas pour demain ?
Aziz Dabo : Vous savez, comme on le dit très souvent, l’opportunité d’adhérer à un parti politique est libre tout comme s’en aller également. C’est vrai que ce n’est pas forcément agréable pour un parti politique de perdre ses militants, mais tous les partis politiques aujourd’hui en perdent. C’est vrai qu’il y a des démissions qui peuvent faire la une au vu de la taille ou au vu de la force des militants. Mais ces difficultés à l’approche des élections pour les positionnements, vous allez les retrouver partout.
Par rapport à la promotion de la jeunesse, moi je pense qu’au Burkina, beaucoup d’efforts ont été faits parce que si vous regarder sur les listes électorales cette année vous verrez énormément de jeunes qui ont été positionnés. Mais il faut reconnaitre qu’un parti politique ce qu’il souhaiterait par-dessus tout, c’est de gagner les élections et c’est là qu’il y a la vraie difficulté à cause des pesanteurs socioculturels. Il y a des endroits où le droit d’ainesse à priorité sur le jeune. Dans certaines localités, vous verrez que là où l’ainé peut s’asseoir, le jeune ne peut pas forcément s’asseoir, là où les ainés d’un certain âge seront écoutés, les jeunes n’y seront pas forcément écoutés et ils ne seront pas forcément ceux qui seront désignés par un certain électorat. Aussi, trouverez-vous peut être que dans certaines localités, les jeunes sont beaucoup plus acceptés que les ainés.
Minute.bf: Que pouvez-vous dire aux jeunes concernant leur engagement en politique ?
Aziz Dabo: Je pense que les jeunes doivent accepter s’engager tout d’abord et se former après. Parce que par la jeunesse on attend très souvent que des devoirs comme du genre : on doit faire ceci, on doit faire cela pour la jeunesse. Mais la jeunesse elle-même, que fait-elle pour son propre épanouissement. Je vois très peu de jeunes parfois s’engager en politique. Ils préfèrent être dans d’autres activités qu’ils trouvent plus intéressantes pour eux. Beaucoup de jeunes également trouvent qu’ils sont très occupés, qu’ils n’ont pas le temps et ils pensent que c’est quand tu n’as rien à faire que tu fais la politique. Il y a beaucoup de préjugés. Ils n’acceptent pas s’engager. Entre le cadre d’une réunion et peut être se retrouver dans des endroits de loisir, vous trouverez que le choix est vite fait. Donc les jeunes doivent aujourd’hui accepter s’engager, après cela accepter se former parce que lorsque vous prenez le processus électoral actuel, si vous n’avez pas une certaine expérience, il y a beaucoup de choses que vous pouvez penser connaitre alors que c’est par l’expérience qu’on peut acquérir un certain nombre de choses. Quand on ne sait pas, il faut savoir apprendre aux cotés des ainés et plus vous apprenez, plus vous avez l’expérience pour devenir une relève efficace et efficiente afin de pouvoir répondre à vos devoirs si jamais vous avez la possibilité.
Mais en même temps, je suis de ceux qui pensent que si ces conditions là sont réunies, il n’y a pas de raison qu’on estime que les jeunes ne doivent pas être représentés dans des instances de décision. Ça, je le pense sincèrement parce que des jeunes de qualité, il y en a énormément au Burkina Faso et dans presque tous les domaines. Plusieurs jeunes du pays ont fait des études dans des écoles prestigieuses et ils ont les compétences qu’il faut. Donc il faut trouver le juste milieu au vu du nombre de jeunes qu’il y a au Burkina qui est estimée à environ soixante et dix pour cent (70%) si l’on considère que le jeune est celui dont l’âge est compris entre dix huit (18) et trente et cinq (35) ans.
Minute.bf : En tant que jeune et politicien, comment vous sentez-vous au sein de votre parti ?
Aziz Dabo : Au niveau de la NAFA comme je l’ai dit, je suis vice président et porte-parole du parti. Par là, je voudrais remercier le leader Djibril Bassolé et le président du parti, le professeur Mamadou Dicko ainsi que tous les autres camarades, parce que j’avoue qu’au niveau de la NAFA, Aziz Dabo fait l’objet d’une certaine promotion. Je représente le parti au niveau local et parfois à l’étranger. A cet effet, j’ai déjà eu à effectuer un déplacement au Danemark dans le cadre de l’initiation à la démocratie danoise, en collaboration avec l’Institut for Democraty and Parti’s. Je suis également allé au Kenya où j’ai représenté le parti. Au niveau local ici, lorsque le président est indisponible, je suis celui qui représente le parti dans des endroits où je pourrais dire prestigieux. Donc je voudrais vraiment remercier mes ainés qui font la promotion de la jeunesse au niveau de la NAFA. C’est un exemple palpable parce qu’au vu de la taille qu’au vu de la force du parti, ce n’est pas évident que vous trouvez un jeune à ce niveau de responsabilité. Au niveau de la NAFA, il y a une certaine promotion de la jeunesse. Certains jeunes en arrivent même à me demander comment je fais ? Qu’est ce qui se passe? A notre niveau, j’avoue être l’exemple d’une promotion de la jeunesse.
Minute.bf : Bientôt nous serons dans les urnes dans le cadre du double scrutin présidentiel et législatif. Quel type de programme, selon vous, pourrait être en faveur des jeunes ?
Aziz Babo : Je pense que la jeunesse a toujours été abandonnée et oubliée à certains niveaux de responsabilité. Je le dis parce que comme les standards internationaux le disent, un jeune c’est celui qui se retrouve entre 17 et 35 ans. Nous sommes prêts de 70% de cette population ; il y a zéro jeune au gouvernement et il y a peut être au maximum un jeune à l’Assemblée Nationale. Lors des deux dialogues politiques qui ont eu lieu, il y a eu zéro jeune représenté au cours de ces dialogues politiques donc cela veut dire quelque part que toute cette franche de la population a été exclue. Aujourd’hui, il faut forcément que les candidats aux élections présidentielles pensent à trouver les formules qu’il faut pour qu’il y ait des jeunes à l’Assemblée nationale, afin qu’il y ait des jeunes qui soient représentés dans le gouvernement. Parce que quand un jeune est dans un gouvernement bien sûr il fera la promotion de la jeunesse et c’est l’exemple palpable d’une confiance accordée aux jeunes. Et les problèmes des jeunes sont connus : ce sont des problèmes d’emploi. Aujourd’hui, au niveau de l’entreprenariat, il y a beaucoup d’efforts que l’on essaie de faire, mais il faut toujours continuer d’accompagner, avoir des formules parce que les banques ne sont pas toujours facile et accessible. Au niveau des études, quelles sont les débouchés ? Il faut reconnaitre que de plus en plus, certaines études peuvent ne plus être en phase avec le moment. Il y a la question de l’emploi, des débouchés et la représentativité des jeunes dans les instances de décision afin qu’eux aussi ils apprennent et aillent de l’avant. C’est avec tout cela que l’on réalisera combien il est important de faire confiance à cette jeunesse qui doit bien sûr être prise en compte dans les programmes des candidats et j’espère que ça ne sera pas de la poudre de perlimpinpin comme certains le disent.
Minute.bf : Roch Marc promettait, par le biais d’une interview, de favoriser le retour des exilés s’il est réélu président pour un second mandat. Quelle lecture faites-vous de cette sortie ?
Aziz Dabo : J’avoue que c’est positivement que j’ai apprécié cette déclaration du président Kaboré qui va dans le sens de la Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation nationale (CODER) qui, depuis 2018 a transmis un mémorandum qui allait dans le sens de la réconciliation nationale. Au vu du passif politique qui a pu endeuiller ou qui a pu blesser certains burkinabè au point où au niveau de la CODER nous avions trouvé qu’il était important que les burkinabè se parlent, que les burkinabè se retrouvent et qu’on parle d’une réconciliation nationale véritable. Maintenant l’inquiétude que je pourrai avoir par rapport à cette déclaration c’est qu’elle semble être conditionnée par une réélection alors qu’aujourd’hui, c’est bien le pouvoir en place qui gagnerait à ce que le climat soit apaisé, à ce que l’on parle de réconciliation nationale pour bien sûr dérouler le programme voulu pour aller dans le sens d’une certaine situation favorable aux affaires surtout que nous sommes dans un climat d’insécurité et de pandémie qui vient de s’ajouter. J’aurais beaucoup plus souhaité que le président Kaboré prenne cela comme une initiative qui ne va pas forcément dans le sens d’une promesse de réélection en réalité, mais que ce soit dans le cours normal des choses et cela aurait dû être fait depuis longtemps parce que les burkinabè ont vraiment besoin de se retrouver et de se parler. Nous avons besoin de cette maturité politique effectivement qui peut s’éloigner des intérêts électoralistes actuellement.
Minute.bf : Dans cette même lancée concernant la réconciliation nationale, pouvez-vous nous donner les dernières nouvelles de Djibril Bassolé qui a bénéficié d’une autorisation d’aller se faire soigner l’étranger ?
Aziz Dabo : A chaque fois que j’ai l’occasion je me permets de remercier toutes les personnes qui ont pu œuvrer à ce que M. Bassolé puisse avoir cette permission pour aller se faire soigner à l’étranger. Je félicite la presse qui a joué un rôle important en relayant les images de détresse sanitaire de Bassolé. Il continu son traitement en France. Nous souhaitons qu’il puisse revenir parmi nous.
Minute.bf : La cohésion sociale a un peu mal au Burkina Faso. Quel message avez-vous à l’endroit des différents candidats aux élections à venir ?
Aziz Dabo : Je voudrais inviter tous les candidats aux élections couplées à privilégier l’intérêt supérieur de la Nation car nous n’avons qu’un seul pays. Rien ne vaut la paix donc il faut poser des actes responsables. Il faut que les candidats encouragent leurs militants et leurs différents Etats majors afin qu’ils puissent continuer à œuvrer pour la paix, la tolérance, la cohésion sociale et la réconciliation nationale. A cet effet d’ailleurs, nous avons tous signé le pacte de bonne conduite sous l’initiative du Conseil Supérieur de la Communication. Je pense que les uns et les autres ont compris que la paix n’a pas de prix.
Hervé KINDA (Stagiaire)
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