En pèlerinage au Burkina Faso, les membres de la diaspora africaine et des Afro-descendants ont appelé au cours d’un panel, le jeudi 30 octobre 2025 à Ouagadougou, à la libération mentale et culturelle de l’Afrique. Cette rencontre, pilotée par l’Institut de développement de la diaspora africaine (ADDI), illustre une dynamique de reconnexion au continent et de refondation du modèle africain de pensée et de développement.
« L’esprit africain et les solutions : Libération mentale, contrôle des médias, éducation », telle est la deuxième thématique qui a sous-tendu le panel. Le panafricaniste Zimbabwéen Joshua Maponga, paneliste du jour, a ouvert la discussion par un appel fort à repenser le rapport du continent au temps et à la mémoire historique. « Nous vivons aujourd’hui dans une époque de courte durée, de l’instantané. Pourtant, nous devons penser à ce que nous serons dans cent, deux cents, voire quatre cents ans », a-t-il déclaré.

Pour lui, malgré les siècles écoulés, les peuples africains demeurent encore prisonniers des mêmes schémas mentaux hérités de l’histoire coloniale et religieuse. D’après ce panafricaniste, aucun Africain n’a été associé à l’origine à la création des religions dîtes révélées. « Nous défendons souvent des structures qui ne sont pas les nôtres, des idéologies que nous n’avons pas construites : la laïcité, le protestantisme, l’évangélisme, ou encore certaines formes d’islamisme. Nous devons arrêter de reproduire ce qui ne nous appartient pas », a-t-il ajouté.
Retrouver la valeur de l’Afrique et de ses richesses
Le paneliste Joshua Maponga a ensuite invité les Noirs à un exercice symbolique, celui de redécouvrir la valeur réelle du continent africain. « L’Afrique, c’est la maison de l’eau potable. Nos rivières, nos forêts, notre flore sont parmi les plus riches du monde. Pourtant, nous ignorons leur véritable valeur », a-t-il souligné, mettant en garde contre la pollution et l’exploitation anarchique de ses ressources naturelles.

Selon lui, si le monde est un village planétaire, ce village ne serait autre que l’Afrique. Et cette prise de conscience écologique et culturelle est la base de toute souveraineté. « Ce village, c’est notre Afrique. Si nous ne croyons pas en lui, si nous ne le protégeons pas, nous resterons à la périphérie du monde », a-t-il martelé.
L’intervenant a également dénoncé les nouvelles formes d’asservissement qui frappent les peuples africains. De ses explications, les Africains sont des esclaves économiques et même techniques. « Nos ancêtres ont été dépossédés. Aujourd’hui, nous sommes des esclaves économiques, et demain, nous serons des esclaves technologiques », a-t-il averti, regrettant la dépendance du continent envers les modèles économiques et politiques importés.
Poursuivant son propos, il a comparé la situation de l’Afrique à celle d’une victime d’abus qui protège son agresseur. « Nous protégeons ceux qui nous détruisent. Nous justifions les systèmes qui nous oppriment. Il est temps d’ouvrir les yeux. »
Pour une véritable politique de civilisation…

Pour Joshua Maponga, la solution ne réside pas dans la simple imitation des modèles étrangers, mais dans la construction d’une politique de civilisation proprement africaine.
« Ce n’est pas de la politique politicienne, c’est une question de civilisation. Tant que nous ne comprendrons pas cela, nous resterons prisonniers d’un monde qui n’est pas le nôtre », a-t-il conclu sous les applaudissements du public.
En rappel, plus de 700 Afro descendants et membres de la diaspora séjournent au Burkina Faso du 25 au 8 novembre 2025. Ce pèlerinage de reconnexion avec leurs ancêtres, s’inscrit dans une dynamique révolutionnaire de soutien aux autorités burkinabè sous le leadership du Président Ibrahim Traoré.
Jean-François SOMÉ
Minute.bf


