Le Ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale (MFPTS) était face à la presse, ce mardi 21 mars 2023 à Ouagadougou, pour lever le doute sur le contenu de la loi portant renforcement de la neutralité politique et de la méritocratie dans l’administration publique. Cette conférence a connu la présence de Bassolma Bazié, ministre d’État en charge de la fonction publique.
Le phénomène de la politisation est réel dans l’administration publique au Burkina Faso. C’est pourquoi, le Gouvernement a entrepris en 2015, une étude pour évaluer l’ampleur du phénomène. L’étude a couvert les treize (13) régions du Burkina Faso et toutes les couches socioprofessionnelles du pays. Et il ressort des conclusions de cette étude que la politisation de l’Administration est bien réelle et qu’il faille envisager une loi portant dépolitisation de l’Administration publique.
Selon cette étude, la politisation de l’administration se manifeste, entre autres, à travers : « l’existence de cellules de partis dans les services publics ; le port d’habits aux couleurs d’un parti politique ; l’existence de regroupements politiques et régionalistes dans les services ; les sanctions, les persécutions des agents qui ne sont pas du parti majoritaire ; les faveurs et promotions sans compétences fondées sur l’appartenance politique ».
Selon les conférenciers, cette loi, qui fait aujourd’hui des « gorges chaudes », est la résultante d’une réflexion longuement mûrie pour répondre aux aspirations des bénéficiaires de l’administration. « La loi portant renforcement de la neutralité politique et de la méritocratie dans l’Administration publique est donc l’aboutissement d’un long processus et le résultat d’une longue réflexion pour répondre aux profondes aspirations du peuple burkinabè », a soutenu Rimlawend Étienne Kaboré, Secrétaire permanent de l’Administration et de la bonne gouvernance (SP/MAG).
Et à M. Kaboré de préciser que cette loi ne vise pas à exclure les politiques dans l’occupation des postes techniques dans l’administration publique. Elle vise plutôt à définir les conditions méritocratiques qui régissent ces fonctions. « Contrairement aux rumeurs, le texte ne vise ni n’exclut les politiques dans l’occupation des postes techniques, à conditions qu’ils remplissent les conditions fixées », a clarifié Rimlawend Étienne Kaboré.
Mieux, le SP/MAG a laissé entendre que le texte « n’a pas vocation à empêcher un militant de parti à occuper une fonction technique dans l’administration. Il n’a aucunement vocation à traiter de l’ethnicisme, du régionalisme et des questions liées à la pratique de la religion dans l’espace administratif encore moins de régenter sur le port des voiles ».
Toujours selon ses dires, la présente loi n’a pas pour finalité de museler la pratique religieuse dans l’administration publique. Mais, elle broche un peu de cela parce que les regroupements religieux servent de tribune aux questions politiques. « La mention dans la loi des facteurs religieux, ethniques et régionalistes s’expliquent par le fait que dans la pratique, ces facteurs sont souvent utilisés comme des moyens permettant d’aboutir à des finalités politiques », a-t-il regretté.
En rappel, la loi de la dépolitisation de l’administration publique a été votée à l’unanimité par les députés de l’ALT, le jeudi 16 mars 2023.
Jean-François SOME (Stagiaire)
Minute.bf