vendredi 26 juillet 2024
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Burkina : Bourzanga agonise sous la faim

Connu comme un bel exemple de résistance aux groupes armés terroristes, Bourzanga, bourgade située à une quarantaine de kilomètres au nord de Kongoussi, vit aujourd’hui une situation humanitaire très difficile. Cette ville qui a accueilli des centaines de familles déplacées venues de ses villages et des communes du Soum et Tongomaël, est aujourd’hui à bout du souffle.

« À Bourzanga ici, si on te donne de l’argent d’aller acheter quelque chose à la boutique, ce que tu peux retrouver c’est du lipton, c’est du lotus. », a confié à Minute.bf, Badini, un résident de cette ville devenue célèbre pour sa résistance. Il explique en effet que cela fait environ « 6 mois » que cette ville n’a pas reçu un convoi de ravitaillement en vivres.

« Depuis que [le président Ibrahim Traoré] est arrivé à la tête du Burkina, nous n’avons pas reçu de convoi. Juste après sa prise du pouvoir, il a organisé le départ du convoi de ravitaillement de Djibo qui a eu des problèmes à Gaskindé et qui a replié sur Bourzanga », confie-t-il.

Le convoi de ravitaillement toujours bloqués à Kongoussi, depuis environ 3 mois

Dans le mois de janvier 2023, Bourzanga a reçu un ravitaillement en vivres de deux tours d’avion. « Un grain de sable dans le désert », selon l’interlocuteur de Minute.bf. « Pour la distribution des vivres, pouvaient avoir une ou deux boîtes de vivres (contenu de la grosse boîte de conserve de tomate), les familles qui ont des ménages de taille. Sinon, tout le reste c’est le contenu d’un gobelet. Aucune famille n’a pu avoir trois boîtes », a expliqué M. Badini, qui précise qu’actuellement à Bourzanga, vivent des dizaines de chefs de villages avec leurs populations. Et cela, sans compter les populations du Sahel qui sont venues après la dégradation sécuritaire dans leur zone.

Après avoir terminé les feuilles et fruits des arbres aux alentours de la ville, comme les feuilles du balanite, les fruits du jujubier et du nénuphar, ce qui reste actuellement aux populations de Bourzanga, ce sont les tomates, les oignons et les aubergines locales. Là aussi, les populations manquent de l’argent liquide pour en acheter. « Si quelqu’un te fait un dépôt d’argent, tu ne peux pas retirer car les kiosques de retrait d’argent mobile n’ont pas de la liquidité pour te remettre », a laissé entendre notre informateur dans un ton désespéré.

Une vue d’une boutique à Bourzanga, totalement vide. Les paquets entreposés pèle-mêles sont des paquets de torche. Il n’y a plus rien dans les boutiques.

Il a pris l’exemple d’un transfert cash que certaines personnes ont actuellement dans leurs téléphones mais ne peuvent pas l’utiliser. Ils ont reçu ce cash grâce à la coordination entre le ministère de l’action humanitaire et un de ses partenaires humanitaires.

Bientôt, les tomates et les aubergines ne seront plus disponibles, car la production devient de plus en plus difficle pour les populations. « Certes, il y a de l’eau pour la production maraîchère, mais la pression sur cette eau est très forte. Actuellement, l’eau est loin des périmètres d’exploitation. Alors que depuis plusieurs mois il n’y a pas d’essence ni de gazoil ici. Donc les maraîchers ne peuvent pas arroser de grands périmètres à la main », déplore-t-il.

Les populations n’ont pas plus que des tomates et des oignons pour assurer leur survie

Et comme si le malheur ne venait pas seul, le convoi de ravitaillement de Bourzanga et Djibo est bloqué à Kongoussi depuis plus de trois mois. En début février, le convoi a fait un faux départ car il va rebrousser chemin pour Kongoussi à une dizaine de kilomètres de la ville. Et depuis son retour, l’inquiétude et le désespoir des populations ne cessent de grandir.

A Bourzanga, les populations avaient manifesté pour réclamer un ravitaillement en urgence, afin de sauver des vies actuellement en détresse.

Jacques Sawadogo (Correspondant)

Minute.bf

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