Amadou Diemdioda Dicko, est député à l’Assemblée nationale et par ailleurs président du groupe parlementaire UPC (Union pour le Progrès et le Changement). Dans cet entretien qu’il a accordé à Minute.bf, plusieurs sujets en lien avec la situation nationale ont été abordés. Durant environ une heure de temps, l’élu national de la province de l’Oudalan, cette province en proie à l’insécurité, a fait un tour d’horizon des questions sécuritaires, de la situation nationale, de la vie de son parti, l’UPC, etc.
Minute.bf : Comment se porte votre parti, l’UPC, aujourd’hui ?
Amadou Diemdioda Dicko : Je pense que ça va. Il est vrai que nous avons traversé des périodes difficiles ; pour un parti qui a commencé à 18 députés, qui est remonté jusqu’à 33 députés et qui redescend aujourd’hui à 12 députés, on peut bien se poser la question : est-ce que le parti se porte bien ? Je pense qu’à l’heure où nous sommes le parti se porte bien. Il y a des gens qui étaient là et qui sont partis, mais dans tout parti, ce qui peut être très intéressant, c’est la question des leaders. Si les vrais militants sont toujours à la base et prêts à mettre la main au charbon, ça peut aller. Je pense que nous avons des piliers, de grands ressorts sur lesquels on peut compter et rebondir aux élections prochaines.
Minute.bf : Vous avez été élu député aux élections législatives de 2020. Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que vous êtes un député plein quand on sait que dans le sahel il y a plusieurs localités qui n’existent que de nom, parce que vidées de leurs populations à cause de l’insécurité ?
Amadou Diemdioda Dicko : On ne peut pas dire qu’on n’est pas un député plein dans la mesure où ce sont les textes qui nous l’accordent. Nous avons été élus après les élections et nous avons un mandat. Nous nous considérons comme étant des députés pleins. C’est comme si vous demandez à un général ou à un colonel s’il est toujours général ou colonel plein étant donné qu’une partie du territoire est occupée ; il a son galon et ce qu’il y a lieu, c’est de peut-être faire prévaloir ce galon sur le terrain.
C’est une situation que nous ne maitrisons pas, qui est venue nous tomber là-dessus. Depuis 2016 jusqu’à nos jours, il faut reconnaitre que la région du Sahel est confrontée à des difficultés sécuritaires inédites parce que beaucoup de villages et communes ont été abandonnés du fait de l’insécurité. Dans cette province, nous enregistrons un grand nombre de déplacés internes qui se sont, pour la plupart, dirigés vers les chefs-lieux de commune et le chef-lieu de la province, et qui ont aussi migré vers d’autres provinces beaucoup plus propices sur le plan sécuritaire. Il y en a qui sont à Ouagadougou, d’autres ont traversé le Burkina Faso pour se retrouver dans des pays voisins notamment la Côte-d’Ivoire, le Ghana, le Togo et autres. À ce titre, nous avons des difficultés à nous rendre sur le terrain à cause de l’insécurité. Cela fait 12 mois aujourd’hui que, personnellement, je n’ai pas mis pied au village du fait de l’insécurité, parce que les routes sont devenues dangereuses, les milieux également sont devenus dangereux. Donc, il faut reconnaitre quand même que le danger dans le sahel est là, il est présent.
Minute.bf : Avez-vous un point des populations déplacées et celles qui restent actuellement dans l’Oudalan ?
Amadou Diemdioda Dicko : Nous avons deux communes aujourd’hui qui sont sérieusement attaquées dans la province de l’Oudalan. A Tin-Akoff, carrément tous les villages se sont déplacés y compris le chef-lieu de province qui est totalement coupé de Gorom-Gorom. Même les vivres, aujourd’hui, arrivent difficilement. Les commerçants ont cessé d’aller à Tin-Akoff. Il y a des appels tous les jours pour demander de l’aide en vivres. Même les commerçants sont aujourd’hui réticents à aller par exemple à Tin-Akoff. La dernière menace nous est venue également de Déou où les groupes armés se sont présentés et ont donné un ultimatum de 3 jours à la population de vider les lieux. Nous enregistrons là aussi des déplacés, car une partie des populations n’a pas pu supporter et s’est dirigée sur Gorom-Gorom et Dori. Mais ceux qui ne savent pas où aller sont restés à Déou. Aussi, tous les villages qui se trouvent pratiquement entre Déou et Oursy ont-ils été obligés de partir ces derniers temps. Il faut reconnaitre que c’est douloureux.
Minute.bf : En tant qu’élu national, quelles actions concrètes avez-vous déjà menées avec vos pairs de l’hémicycle pour atténuer la souffrance des populations ?
Amadou Diemdioda Dicko : Nous sommes en train de nous organiser. Nous avons même posé la question à l’Assemblée nationale d’organiser une journée de solidarité. L’idée est en cours, très certainement que bientôt, une telle journée sera célébrée en direction de toutes les Personnes déplacées internes (PDI). Ce n’est pas seulement la région du sahel. Nous avons aujourd’hui plus de 5 régions qui sont dans la même situation ; l’est, la Boucle du Mouhoun, le Centre nord, et le Sud ouest. Nous ne sommes pas les seuls. Au Soum, depuis que ça commencé en 2016, les populations sont en détresse. Nous avons décidé, entre députés des régions touchées, de nous rencontrer également pour organiser des plaidoyers en faveur des déplacés internes. Nous essayons de voir ce que nous pouvons faire pour soutenir ces populations en difficulté. Il n’y a pas seulement le fait de fuir les exactions terroristes ; nous avons des écoles, des infirmeries, en clair, toute l’administration qui a disparu de ces zones. Aujourd’hui, nous avons un grand nombre d’élèves qui ne peuvent pas aller à l’école à cause de l’insécurité. Il faut également prévoir la crise humanitaire du fait que dans certains milieux les terroristes ont empêché des populations de cultiver leurs champs, leurs animaux ont été retirés. Ce sont en fait des populations démunies. Il faut leur venir en aide, non seulement sur le plan matériel, mais également, il faudrait qu’on ait des moyens pour les accompagner sur le plan psychologique car il y a des gens qui sont aujourd’hui traumatisés parce qu’ils ont vu mourir leurs fils, père ou mère, etc. Le traumatisme est là si bien que je veux dire que tout est en urgence aujourd’hui.
Minute.bf: Qu’est-ce qui peut justifier la position actuelle de l’UPC à la majorité présidentielle qu’elle a combattue pendant un quinquennat lorsqu’elle était à l’opposition ? La réponse dans cette vidéo…
Minute.bf : Comment se passe la collaboration entre l’UPC et ses anciens adversaires politiques au sein de la mouvance présidentielle ?
Amadou Diemdioda Dicko : Vous avez vu que rien qu’hier (28 décembre 2021 ndlr), le président du parti, qui est le ministre en charge de la réconciliation nationale, s’est rendu chez le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) pour essayer d’échanger avec eux afin de leur réitérer la nécessité de se mettre ensemble pour cette question de réconciliation nationale. Cette question nous regarde tous, et elle va au-delà des questions politiques. Il faut que nous nous réconcilions pour que la paix soit, pour ensuite passer à autre chose. Le ministre est allé susciter cette question du dialogue politique pour que le CFOP et la majorité continuent de se parler et de prendre des décisions communes afin de trouver des solutions aux problèmes qui minent notre pays. En ce qui concerne l’Assemblée nationale, j’avoue que nous, en tant que députés, nous sommes ensembles, nous vivons ensemble. On ne se regarde pas en chiens de faïence ; nous sommes ici entre frères ; nous échangeons, la majorité et l’opposition travaillent ensemble. La preuve en est qu’aux dernières journées parlementaires, chacun d’entre nous est allé rendre visite à son collègue qui organise ses journées parlementaires. L’opposition est venue nous voir ; nous sommes aussi, à notre tour, allés voir l’opposition, on a assisté, on a pris la parole, on les a encouragés. C’est de ça que le Burkina Faso a besoin, des rapports civilisés et il en existe entre nous.
Minute.bf : Quelle analyse faites-vous de la gestion actuelle du pouvoir, quand on sait que vous êtes aussi comptables de cette gestion ?
Amadou Diemdioda Dicko : Cela fait maintenant un an, dans ce second quinquennat du pouvoir Kaboré, qu’avec les questions sécuritaires, il y a toujours de la perturbation. On ne peut que souhaiter que le pouvoir se soude davantage, mais aussi fasse appel à l’opposition pour qu’ensemble, nous essayions de voir dans quelle mesure il faut lutter contre ce phénomène qui nous assaille. Il est vrai qu’on critique la gouvernance dans notre pays, mais le problème de fond, c’est toujours la question sécuritaire. Des militaires, des populations, des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) sont tués et tout cela amène certaines personnes à dire que ça ne va pas. Je pense qu’en se mettant ensemble, on pourra trouver la solution. Il y a eu un remaniement ministériel avec un gouvernement resserré et un nouveau premier ministre. De mon point de vue, nous allons attendre que la nouvelle équipe gouvernementale déroule son programme avant d’apporter un jugement. Pour le moment, nous sommes ensemble, nous soutenons le gouvernement parce que nous sommes partie intégrante du gouvernement et nous sommes comptables de ce qu’il va poser comme action.
Minute.bf : On dit que l’UPC veut quitter la mouvance après sa mission qui est d’arriver à l’organisation du forum sur la réconciliation nationale. Qu’en est-il exactement ?
Amadou Diemdioda Dicko : D’aucuns disent que nous venons d’arriver (à la majorité présidentielle, ndlr). Nous disons que c’est un mariage, et ne demandez pas à quelqu’un qui se marie : quand est-ce que tu vas divorcer ? Je pense qu’il faut attendre. Nous avons même entendu que l’UPC veut retourner à l’opposition. Moi je dis que nous sommes dans un mariage (avec la majorité présidentielle). Pour le moment, le mariage n’est pas rompu. Nous sommes venus de nous-mêmes, on ne nous a pas obligés de venir à la majorité présidentielle. Le jour qu’on voudra quitter, on le fera savoir également à tout le monde. Pour le moment, considérez que nous sommes de la mouvance présidentielle et nous sommes comptables également, jusqu’à preuve du contraire, de tout ce qui va se passer. Nous souhaitons donc bonne chance à la nouvelle équipe. Comme on le dit, on ne peut pas juger quelqu’un avant qu’il y ait posé un acte quelconque. Il faut attendre d’abord.
Minute.bf : Est-ce que vous estimez que la situation actuelle du Burkina Faso doit se limiter simplement à un jeu de fauteuil ?
Amadou Diemdioda Dicko : Les gens ont certainement eu besoin d’un changement, pensant qu’en changeant telle ou telle personne, cela pourrait améliorer les conditions de vie des populations. C’est la raison pour laquelle certains avaient demandé que les ministres de la Défense nationale et de la Sécurité soient changés. Des gens ont dit qu’on n’avait pas besoin de militaires dans le gouvernement, mais, finalement, les militaires sont arrivés. Nous avons besoin de gens qui connaissent le terrain, qui ont des « formules magiques », qui ont des idées lumineuses qui peuvent nous sortir de la situation dans laquelle nous sommes. C’est ce qui a certainement motivé ce changement. Nous avons un nouveau premier ministre qui est un technocrate. Tout le monde attend ce qu’il va faire pour essayer de nous trouver la solution magique pour nous sortir de cette ornière. De mon point de vue, le changement des hommes peut apporter une amélioration. Il faut toujours tenter quelque chose.
Minute.bf : Des organisations de la socité civile (OSC) ont demandé la démission du président du Faso. Pensez-vous qu’avec sa démission la situation va s’améliorer ?
Amadou Diemdioda Dicko : La situation sécuritaire aujourd’hui est très critique. Si le président du Faso part, est-ce que son successeur sera capable de nous sortir de cette situation ? On doit se mettre ensemble pour qu’il n’y ait pas de changement brusque, parce qu’à chaque changement brusque, il faut colmater les brèches avant de pouvoir redémarrer. Autant nous mettre ensemble pour voir comment faire avancer les choses en améliorant nos actions, en apportant des idées nouvelles, etc. Je pense que de là, on pourrait booster notre chance de réussir.
Minute.bf : De par votre position à la majorité présidentielle, on constate que ce qui était critiqué avec véhémence lorsque vous étiez au CFOP, passe aujourd’hui sous silence. D’aucuns disent que cela est dû au fait que « votre bouche est pleine et ne peut plus parler ». Qu’est-ce qu’il en est concrètement ?
Amadou Diemdioda Dicko : Chacun a sa manière d’analyser les choses. On n’occupe pas les mêmes positions. Nous étions dans une position d’attaque et nous sommes aujourd’hui dans une position de défense. Lorsque vous êtes appelés à défendre, vous ne pouvez pas, en même temps que vous êtes à la défense, être également le marqueur de but dans votre camp. C’est ce qu’on appelle dans le jargon du football, un autogoal. Nous assumons notre position. Tant que nous sommes dans la majorité, nous allons nous assumer. Que ce soit au niveau de l’Assemblée nationale ou de la majorité, nous travaillons ensemble. Des gens voudraient que vous montiez sur un bœuf et en même temps critiquer la vache. Soit nous sommes de la majorité et nous défendons les projets de la majorité, ou nous sommes hors, et en ce moment, nous attaquons. On ne peut pas faire les deux choses à la fois. Mais entre amis, dans les coulisses, on se rencontre et on se dit certaines vérités. Une fois qu’on est dehors, on défend. Cela ne veut pas dire qu’à l’intérieur, on ne se parle pas ou on ne dit pas ce qu’on pense. Comme on le dit, le linge sale se lave en famille. Nous ne pouvons pas sortir vilipender la majorité pendant que nous y sommes. Ce n’est pas cela qu’on appelle l’amitié. Une amitié est comme un mariage. C’est pour le meilleur et le pire, jusqu’à la mort ; on doit aller ensemble. Dans le pouvoir, il y a certainement des choses qui sont bonnes et d’autres qui ne le sont pas. Sur ce qui n’est pas bon, nous nous retrouvons et on en parle, on fait des propositions pour que les choses s’améliorent.
Minute.bf : L’Assemblée nationale a voté une loi instituant le recrutement des VDP comme supplétif de l’armée en vue de contribuer à lutter contre le terrorisme. Aujourd’hui, même si ces VDP engrangent des victoires, forces est de reconnaitre qu’ils enregistrent de lourdes perdes. Leurs conditions de vie et de travail laissent à désirer également. Avec ce constat, est-ce qu’il n’y a pas lieu de dire que l’Assemblée nationale et le gouvernement ont conduit des civils armés à l’abattoire ?
Laisser les populations toutes seules sans défense, c’est une faillite. La création des VDP est un projet de loi venu du gouvernement et nous l’avons adopté en son temps. Nous étions en ce moment au CFOP. L’opposition a entériné la proposition du gouvernement. Tout le monde était d’accord qu’on crée des supplétifs à l’armée parce que les Forces de Défense et de sécurité (FDS) n’arrivaient pas à couvrir tout le territoire national. Notre problème aujourd’hui, c’est la porosité de nos frontières, ce qui a fait que l’ennemi est entré facilement sur notre territoire. Est-ce que nous avons suffisamment des FDS pour assurer le maillage du territoire ? Non ! C’est la raison pour laquelle ces VDP ont été mis en place pour servir de supplétif aux militaires. Leur rôle est de défendre d’abord leur terroir, mais aussi de servir de guides et d’informateurs aux FDS. Même s’ils sont décriés par endroit, l’ensemble des Burkinabè reconnaissent leur utilité. Ce qu’il y a comme problème, c’est le nombre qui est insuffisant, mais aussi les prises en charge qui sont dérisoires. Deux cent mille francs pour dix personnes sont infimes. Il faut augmenter leur dotation, mais aussi envisager l’augmentation de leurs nombres et de leur formation. Aussi, faut-il prévoir également l’après-insécurité. Il faut commencer à préparer leur réinsertion sociale parce que certains ont abandonné tout ce qu’ils faisaient pour venir offrir leur service. De mon point de vue, les VDP sont une bonne chose, c’est une solution alternative à la question sécuritaire, mais il faudra les mettre dans de meilleures conditions de vie et de travail. Pour finir, il faut penser à la généralisation de ces VDP de sorte qu’on puisse les trouver dans tous les villages. Avec ce qui nous arrive aujourd’hui, il faut que même les femmes soient armées.
Minute.bf : Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) dénonce pourtant certaines actions des VDP sur le terrain. Ce collectif milite plutôt pour le fait que l’armée renforce ses rangs par un recrutement plutôt que de faire recours à des supplétifs. Quelle lecture faites-vous de cette vision du CISC ?
Je milite pour les deux. Je dirai que l’armée devrait recruter de nouveaux éléments pour gonfler ses effectifs, mais aussi faire appel aux réservistes. Nous avons actuellement des militaires réservistes qui sont toujours valides, qui peuvent aller sur le terrain ou servir d’encadreurs à ces VDP. Aujourd’hui, si on parle de guerre populaire généralisée, le recrutement seul ne suffira pas. Il faut que nous tous, nous soyons engagés dans cette bataille. Il faut que tout le monde devienne VDP et que nous soyons tous prêts à défendre la patrie parce qu’elle est menacée. Personnellement, j’invite les militants du CISC à rejoindre les rangs parce que la patrie est en danger.
Minute.bf: Il y a eu plusieurs manifestations contre l’insécurité et pour demander la démission du président du Faso. Les responsables de ces manifestations ont été et condamnés à des peines avec sursis. Mais, ce 28 décembre, ils sont encore sortis pour réitérer leur demande de démission du président du Faso. Que répondez-vous à ces personnes ? La réponse dans cette vidéo
Minute.bf : Aujourd’hui, la situation sécuritaire au Burkina Faso s’est fortement dégradée. Il y a des gens qui craignent même la chute du Burkina Faso. Croyez-vous également à cette fatalité ?
Amadou Diemdioda Dicko : Tant que pour ma part, il restera un Burkinabè arrêté, le Burkina ne chutera pas. On va nous faire souffrir, mais je ne pense pas que le Burkina Faso puisse chuter totalement et laisser d’autres personnes venir occuper ce pays. Même si ces hommes qui nous pourchassent occupent le pays, ils auront besoin d’un soutien pour y rester. De mon point de vue, je crois à un sursaut national, que nous puissions d’un moment à un autre, prendre conscience que nous montions également au front pour aller affronter l’ennemi. Notre problème est que les gens qui sont en face de nous, quand ils se lèvent le matin et vont au front, ils n’y vont pas pour revenir. Tous y vont pour mourir. C’est ce qui fait la différence entre les groupes armés terroristes et nous. Nous allons pour nous protéger dans l’espoir de revenir. Mais eux y vont sans l’intention de revenir. Vous avez des fous, des gens qui partent affronter la mort. Il faudra que nous prenions conscience que nous allions pour défendre la patrie, que nous donnons notre vie comme l’a fait par exemple Ladji Yoro qui a été une icône, une référence.
Minute.bf : Concrètement, quelles solutions proposez-vous dans cette lutte générale contre le terrorisme ?
Amadou Diemdioda Dicko : Depuis un certain temps, quand on me pose cette question, je réponds que j’avais des solutions quand on sentait le problème à la frontière. On avait des idées. Mais je pense que de mon point de vue, ce qu’on doit faire d’abord, c’est de renforcer le renseignement et de rétablir la confiance entre FDS et populations. J’estime que cette confiance n’est pas tout à fait au top dans la mesure où des populations se plaignent qu’elles donnent des informations et qu’il n’y a pas de réactions. Il faut également renforcer le renseignement parce que cette guerre, on ne peut pas la gagner uniquement avec les armes. Nous ne pouvons que la gagner avec la participation des populations parce que ce sont des individus qui sont rentrés et vivent avec nous ; certains d’entre nous les connaissent, mais refusent de les dénoncer de peur d’être tués, ou encore, parce que ces personnes sont acquises à la cause des terroristes. Aussi, faut-il aller forcément vers le maillage des frontières. Il faut qu’un dispositif soit installé au niveau des frontières pour qu’il y ait une synergie d’action avec les autres pays, de sorte à ce que des terroristes qui sont poursuivis dans un pays ne se réfugient pas dans un autre pays. Tant que les terroristes auront la possibilité d’aller et de revenir, on sera toujours confronté à ce genre de situation. Au niveau national, il faut qu’on décrète la guerre populaire généralisée dans nos médias ; qu’on parle sérieusement de cette guerre et que certaines manifestations qui ne sont pas utiles soient suspendues pour qu’on mette tout le monde en alerte contre l’ennemi.
Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit des populations du sahel en particulier, et de tous les Burkinabè en général, en rapport avec cette situation de crise sécuritaire que chacun vit à son niveau ?
Amadou Diemdioda Dicko : Je leur présente mes vœux les meilleurs pour l’année nouvelle, et que nous tous, nous soyons prêts pour le front. Il ne s’agit plus de parler. Il s’agit d’agir. Qu’est-ce que je dois faire ou qu’est-ce que je peux faire ? Il s’agit d’interpeller tout le monde, pour que celui qui ne peut pas aller au front puisse au moins apporter une calebasse de mil qui est donc sa contribution à l’effort de guerre. Il faut absolument soutenir nos fils, nos frères qui sont au front. Les populations doivent leur prêter main-forte dans cette résistance. C’est le seul moyen pour nous de venir à bout de l’hydre terroriste.
Propos recueillis par Armand Kinda
Minute.bf