Le consortium Centre pour la Gouvernance démocratique (CGD), Diakonia, NDI et Pax, a organisé son traditionnel Dialogue démocratique ce mercredi 14 décembre 2022 sous le thème : « Coopération entre le Burkina Faso et des partenaires dans les domaines de la défense et de la sécurité ».
Pour le développement de la première sous-thématique de cette conférence intitulée « État des lieux de la gouvernance du secteur de la sécurité », c’est le Professeur Abdoul Karim Saïdou, enseignant chercheur en droit à l’Université Thomas Sankara, qui a été invité en tant que conférencier.
Dans sa communication, le conférencier s’est posé la question de savoir quelles sont les transformations qui ont affecté le secteur de la sécurité ces dernières années au Burkina Faso.
Il a évoqué, à ce niveau, deux éléments qui caractérisent le secteur de la sécurité ces dernières années au Burkina Faso. Le premier, dit-il, est que c’est un secteur en pleine mutation. Cette mutation s’observe, à l’en croire, à travers deux facteurs que sont le processus de démonopolisation du secteur de la sécurité et l’élargissement de la notion même de sécurité.
En ce qui concerne la démonopolisation du secteur de la sécurité, elle se caractérise par les nombreuses réformes observées au sein même du secteur sécuritaire. «La demonopolisation signifie que le secteur de la sécurité n’est plus l’apanage d’un certain nombre de personnes que ce soit les gendarmes, des militaires ou les policiers (…) mais que les acteurs non étatiques qui ne sont pas des professionnels du domaine y jouent aussi un rôle important », a-t-il expliqué, ajoutant que cette démonopolisation se manifeste notamment par l’importation de la notion de bonne gouvernance au sein de l’institution sécuritaire. Une notion imposée par les partenaires financiers, qui implique un certain nombre de critères dont la transparence, la participation inclusive et le principe de la redevabilité.
« Cela veut dire que désormais le citoyen a le droit de demander des comptes et les acteurs de la sécurité ont aussi le devoir de rendre compte. On est arrivé donc à un stade où le secteur de la sécurité ne doit plus être le monopole des gouvernants mais que d’autres acteurs non étatiques sont impliqués», a-t-il fait savoir.
En plus de la démonopolisation du secteur de la sécurité, il y a aussi l’élargissement de la notion de sécurité qui est une des mutations du secteur sécuritaire. Cela s’est traduit, d’après lui, par l’avènement de la police de proximité qui avait pour objectif de faire en sorte que le citoyen soit aussi un acteur de sa propre sécurité. Le conférencier a également souligné un changement même dans la perception du concept de sécurité au Burkina Faso. « Si vous avez remarqué au forum national sur la sécurité, il a été adopté désormais le concept de sécurité nationale comme terme plus englobant. C’est la première fois qu’au Burkina Faso, dans une politique de sécurité, la notion de défense disparaît. Donc, ici, on va adopter le concept de sécurité qui prend en compte la dimension économique, humanitaire, alimentaire, etc. », a avancé Abdoul Karim Saïdou soulignant le caractère avantageux de cette conception pour l’appareil sécuritaire du pays.
Oumarou KONATE
Minute.bf