An 1 verdict du procès Sankara : Le Comité international mémorial Thomas Sankara tire les enseignements

Le Comité international mémorial Thomas Sankara (CIMTS) a organisé dans l’après-midi du jeudi 06 avril 2023 au siège dudit mémorial à Ouagadougou, un panel sur la Révolution démocratique et populaire (RDP) d’août 1983. L’objectif est de vulgariser la RDP et transmettre l’héritage Sankara à travers la jeunesse.

« An 1 du verdict du procès de l’assassinat du Président Thomas Sankara et ses compagnons : bilan et leçons à tirer », tel est le thème global du panel. Le thème a été développé en des sous-thèmes par trois panelistes. 

Le premier sous-thème : « L’évolution judiciaire du dossier obstacles, succès et leçons à tirer pour l’avenir », a été animé par Me Bénéwendé Stanislas Sankara, avocat du dossier et homme politique.

Pour lui, l’obstacle majeur dans le dossier Thomas Sankara, est « un obstacle de nature politique entretenu par le régime d’alors de Blaise Compaoré ». « La procédure n’a véritablement commencé qu’en 1997. Pourquoi attendre 10 ans après ? Nous avons attendu 10 ans tout simplement parce que le régime de M. Blaise Compaoré n’a pas voulu qu’il y ait, d’abord, une plainte, à plus forte raison une instruction d’un dossier qui n’a jamais existé », a-t-il postulé. 

L’autre obstacle, à l’entendre, dans l’emblématique dossier Sankara et ses 12 compagnons, c’est le manque d’argent lorsque la plainte a été déposée. « La plainte déposée, on nous a tout de suite signifier qu’il fallait payer une caution de 2 millions de francs CFA. Autrement dit, on repartait avec notre plainte. En 1997 demander à un jeune avocat de trouver 2 millions, c’était la croix et la bannière. Mais nous avons supplié le président de faire barka comme on le dit et il m’a dit que selon sa hiérarchie, c’est 1 million ou rien. Donc on a marchandé les 1 million », se souvient-il. 

Après cela, l’autre écueil dans cette affaire, a ajouté Me Sankara, a été le refus d’enrôlement du dossier.

Avec finalement le jugement du dossier Me Sankara pense que le verdict qui a été rendu est la résultante d’un procès équitable. « Vous aurez remarqué que sous le régime de M. Blaise Compaoré, comme je l’ai dit, à qui profitait le crime, il était difficile que ce régime puisse laisser les magistrats dans leur indépendance dire le droit. Fort heureusement, avec l’insurrection, le régime ayant changé, on a vu que le dossier a évolué très rapidement sous la transition. Le tribunal militaire a travaillé en toute indépendance, en toute liberté et le verdict qui a été rendu, de notre point de vue, en tant qu’avocat et praticien du droit, est le fruit d’un procès équitable. Donc je crois qu’il revient en tant que souverain d’être le dépositaire de sa justice parce que la justice est avant tout une vertu du peuple », s’est-il satisfait. 

Autre succès dont se félicite Me Sankara, c’est le fait qu’il s’est battu avec d’autres personnes dans la politique, alors qu’il était député, pour exiger de l’Etat français la levée du « secret-défense ». 

Pour tout cela, comme leçons à tirer, Me Sankara recommande d’avoir confiance à l’appareil judiciaire. « La première leçon à tirer, au delà de l’endurance et de la persévérance, je dirais, c’est la confiance qu’on devrait avoir à l’appareil judiciaire », a-t-il suggéré. Mieux pour lui « seule la lutte libère ». 

En visioconférence, Yacouba Isaac Zida, Premier ministre de la Transition de 2014 a, quant à lui, développé le sous-thème : « L’héritage politique de l’affaire Thomas Sankara et compagnons, actes posés et manquement de la transition issue de l’insurrection 30 et 31 octobre 2014 ». « L’insurrection populaire n’avait qu’un seul parrain, le peuple burkinabè lui-même ». C’est ce qu’a d’emblée souligné, le Général Zida depuis le Canada. À l’en croire, c’est le sankarisme qui a gouverné l’action de leur gouvernement à l’époque. 

« Le sankarisme qui a gouverné l’action de notre gouvernement se définit comme une idéologie politique incarnant les valeurs prônées par le président Thomas Sankara. Qui sont les valeurs d’intégrité, de probité, d’égalité, de morale et d’éthique, de justice sociale, de solidarité, de travail, de don de soi jusqu’au sacrifice suprême », a-t-il révélé. 

Pour Isaac Zida, il n’y pas plusieurs « sankarismes » en dehors de celui de Thomas Sankara. « Le sankarisme n’est donc pas une idéologie au pluriel comme certains tendent à le définir. Évidemment, parfois, ce sont nos divergences internes qui font penser qu’il y a plusieurs types de sankarisme égale au nombre d’obédience de partis sankaristes. Ce qui n’est pas exact », s’est-il défendu. « Il n’y a pas de sankarisme en dehors des valeurs que prônait le président Sankara et qui se caractérisent entre autres par la permanence et la constance. Tout type de sankarisme aux antipodes de ces valeurs n’est qu’une usurpation, de la propagande, un mensonge qui vise à tromper et à endormir le peuple pour mieux l’asservir », a-t-il poursuivi.

Pour ce qui est du bilan de la transition de 2014, le Général Zida relève entre autres la représentativité du peuple par son gouvernement. La pose des fondements d’une refondation. L’Indépendance de la justice, son rapprochement au peuple et la levée des dossiers pendants en justice (dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo). La prise en charge des droits humains dans les procédures judiciaires, etc. 

Nonobstant ces résultats, il demeure convaincu que l’œuvre humaine n’est pas parfaite, reconnaissant qu’il peut y avoir des manquements à observer.

Jean-François SOME (Stagiaire)

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