dimanche 15 décembre 2024
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À la barre : Il soustrait le téléphone d’une victime d’accident décédée

« C’est dommage et écœurant ! », a déploré le président du Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1, à l’entame de ce dossier judiciaire. En effet, à l’audience du lundi 22 mai 2023, F.N. 26 ans, employé de commerce, a comparu pour répondre des faits d’avoir « dépouillé » des victimes d’un accident de la circulation de leurs téléphones portables. Il s’agit de 3 téléphones au total. Il a écopé d’une peine d’emprisonnement de 18 mois ferme, après jugement.

La route tue. Ce sont là les effets pervers de la circulation routière. En effet, courant mars 2023, O. A. et M.J. ont été percutées par un automobiliste qui a raté sa déviation. Sur le coup, M.J. a perdu la vie. Les faits se sont déroulés devant le magasin du témoin O.A. et du prévenu N.F

Les faits racontés par le témoin O.A donnent froid au dos. « J’étais là au moment de l’accident, tout comme le prévenu. Dès que l’accident a eu lieu, on a tous accouru pour secourir les victimes. Elles étaient 2 femmes sur la moto à être percutées par le véhicule qui a raté son dépassement. Sur le champ, une victime gisait dans son sang. Le prévenu N.F. a alors pris le sac à main de cette dernière. Il lui a premièrement été demandé d’extraire la CNIB de la dame pour appeler une connaissance de la victime. Je précise que les Sapeurs-pompiers étaient déjà en route. N.F a pris le sac et tranquillement il a pris le soin, d’abord, de soustraire 2 téléphones portables dans le sac de la victime pour empocher, pendant que cette dernière était mourante. J’ai observé la scène et je n’ai rien dit. C’est après le départ des Sapeurs-pompiers et quelques jours après que j’ai indiqué à la Police celui qui a retiré le téléphone de la victime », a relaté à la barre le témoin O.A.

Ce témoignage est rejeté en partie par le prévenu N.F. Ce dernier reconnaît avoir eu en sa possession un seul téléphone de la victime. « C’est un vieillard qui m’a demandé d’enlever la CNIB de la dame pour appeler ses proches. J’ai même dit que moi je ne peux pas fouiller le sac de la dame. Il a insisté. J’ai enlevé la CNIB pour appeler le numéro de la personne à prévenir en cas de besoin. Mais cette personne était injoignable. J’ai alors pris le téléphone pour allumer et enlever un numéro. Le téléphone ne s’allumait pas », a-t-il déclaré à la barre.

Mais pourquoi vous avez gardé le téléphone ? Demande le président du tribunal au prévenu.
« J’ai oublié. Mais comme le téléphone ne s’allumait pas, j’ai pris pour aller réparer. J’ai même dit aux gens qui étaient là que c’est moi j’ai pris le téléphone et que si la fille guérit, elle peut venir prendre son téléphone », s’est-il défendu. Le prévenu N.F., selon ses dires, a même présenté le téléphone à sa mère et cette dernière de lui dire : « prie pour que la victime se rétablisse. Mais va remettre le téléphone ! », a révélé à la barre le prévenu lui-même.

Parmi les victimes, si M.J a succombé à ses blessures peu après l’arrivée des Sapeurs-pompiers, O.A s’en est tirée avec des blessures. A la barre ce lundi matin, elle était présente au procès avec des béquilles. Elle a révélé avoir elle aussi « perdu son téléphone » le jour de l’accident. Elle n’a cependant pas réclamé de dédommagement. En pleure, elle a juste demandé la santé pour elle et le repos en paix de l’âme de sa « camarade décédée ».

À la fin des explications et débats, le procureur qui a poursuivi dans ses réquisitions a noté que les déclarations du prévenu ne convainquent pas. Pour le ministère public, il ne fait aucun doute que N.F. avait l’intention de voler les téléphones portables. Il a requis qu’il soit déclaré coupable et condamné à 24 mois de prison ferme et 2 millions de FCFA d’amende, également ferme.

Il faut préciser que le téléphone retrouvé avec le prévenu a été remis à la famille de la victime.

Le tribunal statuant publiquement, contradictoirement en matière correctionnelle et en premier ressort a suivi partiellement les réquisitions du procureur. Les juges ont condamné le prévenu N.F à 18 mois de prison ferme et une amende de 500 000 FCFA assortis de sursis.

N.F conformément à la loi en vigueur au Burkina Faso dispose de 15 jours à compter de la date de condamnation pour faire appel de la décision des juges.

Mathias Kam
Minute.bf

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