D’origine étrangère, D.M, 34 ans, père de deux enfants, a comparu devant le Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1 au cours d’un jugement le mardi 19 mars 2024. Il a répondu des faits d’escroquerie. En l’espèce, il a offert plusieurs bouteilles d’alcool à un septuagénaire dans le but de lui soustraire son engin lorsqu’il sera sous l’effet de l’alcool. Le prévenu D.M a écopé d’une peine d’emprisonnement de 12 mois.
L’alcool doit être consommé avec modération. Son abus est nuisible pour la santé. Cette maxime, le vieux B.K n’est plus près à l’oublier, lui qui par abus s’est vu voler son vélomoteur. En effet, courant février 2024, D.M, manager dans un bar de la place à Ouagadougou, a fait la rencontre du vieillard, B.K, venu dans le bar pour boire un coup. D.M, l’ayant repéré va lui offrir, plusieurs bouteilles d’alcool, si l’on croit les faits relatés à l’audience. Le vieux se voyant valorisé entame les échanges en toute convivialité avec D.M. Tout va bien. Les deux hommes rigolent. La causerie se déroule dans la bonne ambiance. Mais D.M. peaufinait son plan.
Ainsi, mis en confiance dans les échanges et ressentant les effets de l’alcool, à cause de la forte dose ingurgitée en cette soirée, le septuagénaire B.K, va faire des confidences au prévenu. Il dit lui par ailleurs qu’il ne réside pas loin dudit bar, et qu’il est même venu à moto, garé à deux pas de là. Le prévenu D.M trouve dans cette confidence une occasion pour abuser de la confiance que le vieux a placé en lui. Il demande donc à B.K de lui prêter sa moto pour une course d’urgence. La victime, sans hésiter, lui remet les clés de son engin, espérant que celui-ci revienne avec la moto intacte. Il ne savait pas qu’il s’était fourré le doigt dans l’œil.
Le prévenu D.M prend l’engin et s’enfuit. Il ne reviendra plus avec la moto du vieillard. Déboussolé, le vieux rentre chez lui, saoulé et sans son moyen de déplacement. Le lendemain, il décide de déposer une plainte à la Police. Et les enquêtes débutent. En enquête préliminaire, le vieux B.K. a avoué qu’il avait été influencé par la gentillesse du prévenu, D.M.
« J’ai effectivement pris la moto. Mais quand je partais j’ai eu un accident et je n’avais pas le numéro du vieux pour l’appeler. C’est ce qui a fait que je ne suis pas revenu avec la moto. Je voulais réparer ça avant de venir lui remettre puisqu’il m’avait dit qu’il n’habite pas loin. J’allais lui renvoyer sa moto », s’est défendu D.M à la barre. Pourtant, selon la victime, le prévenu avait dépiécé la moto, notamment les capots en vue de les revendre. Mais la vigilance des acheteurs à permis à la Police de mettre la main sur lui, a confié B.K. Le prévenu s’est encore défendu que c’est suite à l’accident que les capots de la moto ont été endommagés. Thèse qui n’a ni convaincu la partie poursuivante, ni la victime, encore moins la chambre.
La victime B.K, constituée partie civile, a réclamé un dédommagement à hauteur de 200 000 FCFA pour la réparation des capots de la moto.
Même si le prévenu D.M est resté cohérent dans ses déclarations depuis l’enquête préliminaire jusqu’à la barre, pour le procureur, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il avait l’intention de vendre la moto du vieillard. « Il nous dit à cette barre, qu’il a fait un accident mais sans nous montrer les preuves. S’il n’a pas fait de constat, l’idéal aurait été qu’il retourne voir le propriétaire de la moto, chose qu’il n’a pas fait », a soutenu le ministère public, demandant au prévenu d’avoir « un peu honte » de « voler un vieillard ». Le parquet a requis qu’il soit déclaré coupable des faits d’abus de confiance en lieu et place des faits d’escroquerie qui avaient été formulés contre lui. En répression, qu’il soit condamné à 12 mois de prison dont 3 mois ferme et une amende de 500 000 FCFA assortie de sursis.
Le Tribunal statuant publiquement contradictoirement, en matière correctionnelle et en premier ressort, a requalifié les faits d’escroquerie en abus de confiance. Les juges ont condamné le prévenu D.M à 12 mois de prison dont 6 mois ferme et 500 000 FCFA d’amende. Les juges ont également condamné le prévenu à payer à la victime B.K, 200 000 FCFA à titre de dommages et intérêts.
Cependant, conformément à la loi en vigueur au Burkina Faso, les différentes parties, y compris le prévenu disposent de 15 jours pour faire appel de cette décision de justice.
Mathias Kam
Minute.bf