Nous vous proposons une interview avec le jeune entrepreneur, Kadré SAWADOGO, un étudiant Burkinabé en Turquie qui a révolutionné le secteur avicole à travers la promotion des couveuses artisanales. Lisez!
A quel moment ce projet a germé ?
Tout remonte en été 2016 lorsque j’avais eu l’idée de monter un petit projet avicole où il fallait nécessairement une couveuse. Etant toujours en Turquie j’ai voulu acheter la couveuse en ligne. Quand j’ai lancé la recherche sur le web j’ai trouvé que les prix étaient très cher pour un Burkinabè moyen, environ 300.000 FCFA pour une couveuse de 200 œufs sans compter les frais de transport jusqu’au Burkina.
C’est en continuant la navigation que j’ai vu un article intitulé « Kuluçka ev yapımı» qui veut dire « Couveuse fabriquée à la maison ». Après la lecture de l’article en question je me suis rendu compte qu’il était possible avec des pièces disponibles sur le marché, de concevoir soi-même sa couveuse de qualité à un prix très abordable. J’ai ainsi acheté les pièces en ligne pour un essai et j’ai conçu ma toute première couveuse à partir d’un ancien réfrigérateur. Lors du premier essai le taux d’éclosion était d’environ 70%, ce qui était déjà encourageant pour une première expérience.
Etant convaincu que c’était vraiment une réalité de pouvoir fabriquer sa propre couveuse grâce à des pièces tels que les thermostats, résistances chauffantes, hygromètres ainsi que d’autres, je me suis dit pourquoi ne pas les rendre accessible sur le marché Burkinabè et sous régional afin de permettre à nos vaillants éleveurs de pouvoir se procurer des couveuses a des prix très abordables. C’est ainsi qu’est né Mira Incubator.
Pourquoi Mira Incubator ? Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?
« Mira Incubator » est un terme anglais qui veut dire « Couveuse Mira » en Français. J’ai surtout choisi le nom en anglais car j’ai voulu donner un caractère international à l’initiative.
Mira Incubator est né de l’initiative de promouvoir les couveuses artisanales dans la sous-région. Pour cela nous offrons des formations sur la fabrication des couveuses et nous commercialisons aussi les pièces entrant dans la confection de celles-ci. Nous mettons également à la disposition des aviculteurs des couveuses déjà fabriquées, prêtes à l’utilisation.
Comment aimeriez-vous voir Mira Incubator dans 10 ou 15 ans ? En d’autres termes, quel est le plus grand rêve que vous nourrissez pour votre projet ?
L’objectif premier de Mira Incubator étant de promouvoir les couveuses artisanales ; nous aimerions que dans les années à venir chaque aviculteur en zone rurale surtout ait sa propre couveuse. Ceci permettra de booster la production avicole ainsi nous pouvons atteindre une sécurité alimentaire durable. Au-delà de l’élevage j’ai encore d’autres projets notamment dans le domaine de l’agriculture basé sur les systèmes d’irrigation.
Vous venez de dire que l’objectif de Mira Incubator est la promotion des couveuses artisanales, qu’avez-vous fait concrètement sur le terrain?
Il y’a quelques années de cela avant la naissance de Mira Incubator, les couveuses artisanales étaient peu connues, ce qui obligeait les aviculteurs aisés à s’orienter vers les couveuses importées qui étaient surtout un luxe et dans les plupart des cas produisent moins de résultat car elles ne sont pas adaptées à nos conditions climatiques.
De nos jours rares sont les aviculteurs qui n’utilisent pas de couveuses artisanales. Nous avons formé plusieurs personnes qui vivent aujourd’hui de la fabrication des couveuses artisanales.

Nous sommes pratiquement au terme de notre entretien, quels conseils aimeriez-vous donner à vos amis étudiants qui souhaitent se lancer dans le domaine de l’entrepreneuriat ?
– On n’étudie pas pour devenir forcément un fonctionnaire de l’Etat d’autant plus que le chômage est de plus en plus galopant. Entrepreneuriat devient la solution idéale. Je conseille aux jeunes de commencer toujours par de petits projets car les grands projets sans financement mènent au découragement.
Avez-vous quelque chose d’autre que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs ?
En gros j’invite les lecteurs à s’investir dans l’agrobusiness car elle est une mine d’or non exploitée de l’Afrique.