Alors que la campagne agricole 2025-2026 s’annonce avec acuité, les regards des paysans et agriculteurs burkinabè oscillent entre les bulletins météo, les décisions ministérielles et les prières. Entre science et foi, la pluie reste au cœur des espoirs et des défis. Et si cette année, Dame Pluie répondait à toutes ces voix sensibles qui s’élèvent ?
Chaque année, au seuil de la saison des pluies, les regards se tournent vers le ciel, les cœurs se remplissent d’espoir, et les lèvres murmurent des prières. Au Burkina Faso, où plus de 80 % de la population dépend de l’agriculture, l’arrivée de la pluie n’est pas qu’un phénomène naturel : elle est une bénédiction, un appel à la vie, un souffle d’espérance dans les sillons arides de nos terres.
Mais voilà que Dame Pluie, capricieuse, se fait attendre ou, pire, s’emporte parfois dans des excès qui ruinent les cultures et anéantissent les espoirs. Cette année encore, les prévisions météorologiques annoncent une saison globalement normale à humide, mais marquée par une répartition spatio-temporelle irrégulière. Les experts de l’Agence nationale de la météorologie préviennent : certaines zones connaîtront des pauses pluviométriques critiques, tandis que d’autres pourraient faire face à des inondations. Un signal clair que l’adaptation au changement climatique n’est plus une option, mais une nécessité urgente.
Conscients des enjeux, les autorités, à travers le ministère de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, redoublent d’efforts. Distribution d’intrants améliorés et matériels de pointe, sensibilisation sur les techniques de résilience, promotion de la petite irrigation et appui à l’agriculture intelligente face au climat sont au cœur des actions. L’objectif est de sécuriser la production, d’éviter le drame de l’insécurité alimentaire, et de faire de cette campagne agricole une réussite malgré les aléas.
Quand les voix spirituelles montent vers le ciel…
Cependant, l’État ne peut agir seul. Car face à l’incertitude des saisons et aux limites de la technique, d’autres forces entrent en jeu. Les hommes et femmes de foi, dans toutes les confessions, se lèvent pour invoquer le ciel. Dans les églises, les mosquées, les couvents et les sanctuaires traditionnels, les prières montent avec ferveur. On n’y prie pas seulement pour l’arrivée des pluies, mais pour qu’elles soient justes, modérées, fécondes. Autrement dit, elles ne doivent être ni trop rares, ni trop destructrices.
Ce recours à la foi n’est ni naïveté, ni désespoir. Il est enraciné dans une vision du monde où la nature est vivante, dialoguant avec l’homme autant qu’avec Dieu. Une vision où le paysan n’est pas qu’un producteur, mais aussi un veilleur, un intercesseur, un protecteur du vivant. Car au-delà de la science et des politiques publiques, le lien entre l’homme et la terre reste profondément spirituel.
Et si Dame Pluie, capricieuse mais sensible aux appels sincères, tendait l’oreille cette année ? Si les voix d’humilité, portées par la foi et le respect de la nature, réussissaient là où les instruments techniques échouent ? La saison agricole se joue aussi dans ce dialogue invisible entre le ciel et les hommes.
Entre raison et foi, prévisions et prières, le destin de la saison agricole 2025-2026 se joue. Il ne s’agit pas de choisir entre ciel et terre, mais de marcher avec les deux. Que la science guide, que la foi inspire, et que l’action unisse. Car c’est ensemble que nous pouvons faire de chaque goutte de pluie une semence d’espérance pour le Burkina Faso.
Dr Dramane Patindé KABORE,
Enseignant-chercheur au CU-Dori et Journaliste-communicant
Minute.bf
