Parce qu’elles sont aussi des femmes, des mères, des épouses, des sœurs, elles doivent aussi être célébrées comme toutes les femmes du monde, notamment en cette journée du 8-Mars, jour commémorative des droits de la femme. C’est du reste la conviction de l’Association des Femmes de l’Administration pénitentiaire (AFAP) qui, ce 8 mars 2023 à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO), a commémoré avec les femmes détenues.
« Un moment solennel pour les femmes pour commémorer la lutte héroïque de leurs consœurs qui ont bravé l’adversité et les contraintes multiples pour revendiquer les droits inaliénables fondant la dignité de l’être humain », c’est ainsi que Binta Sooré, Contrôleur de Sécurité Pénitentiaire et présidente de l’Association des femmes de l’Administration pénitentiaire (AFAP) a rappelé le sens du 8-Mars. Et c’est donc dans sa mission de « soutenir les détenus, notamment les femmes et les mineurs », que l’AFAP, comme à chaque année, a célébré cette 46e journée de la femme avec les femmes détenues.
Et contexte national oblige, Binta Sooré et ses camarades ont voulu cette célébration sobre, quand bien même elles ont su joindre l’utile à l’agréable. En effet, depuis le 6 mars dernier, elles ont initié une formation autour du thème : « La conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle » et une conférence sur la thématique de : « La problématique de l’insertion sociale des femmes detenues ».
A cela, il faut ajouter une formation sur l’utilisation des serviettes hygiéniques lavables et en pelage, toujours en faveur des femmes détenues, le tout assorti de remise de kits hygiéniques et alimentaires.
Comme l’AFAP, d’autres associations, en cette journée du 8-Mars 2023, ont eu une pensée à l’endroit des femmes détenues.
Le Comité femme du Syndicat national des Travailleurs du Secteur de l’Energie a décidé de célébrer cette édition du 8-Mars avec celles qu’elles considèrent comme « [leurs] mamans, [leurs] sœurs… » Et, c’est les mains chargées de pagnes, serviettes hygiéniques et autres que Alino Bazemo et ses camarades de la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL) ont rendu visite aux femmes détenues.
Comme elles, Aïcha Noël Kiswendsida et l’Association SCAN Vision-Genre, une organisation qui promeut l’entrepreneuriat, a commémoré du 8-mars avec les détenues en formant 47 femmes, pour leur insertion professionnelle.
Aussi, entre camarades, Florine Compaoré et autres ont apporté des savons, des couches hygiéniques et pour bébé, des nattes et des vêtements aux femmes détenues.
Pour tout cela, la ministre en charge de la justice, Bibata Nébié/Ouédraogo a salué l’ensemble des organisations pour l’idée de « commémorer cette journée significative du 8-Mars avec les femmes détenues ». « C’est très significatif parce que pour celles qui n’ont pas la liberté d’aller et de venir, le 8-mars, peut ne pas représenter grand-chose, mais le fait de savoir qu’à leur côté, il y a des hommes et des femmes qui ont pensé qu’il est de bon ton que nous fassions ce rappel historique du combat des femmes pour leur liberté et leurs droits, avec elles, c’est un sentiment de satisfaction », a salué la ministre.
Et en lien avec le thème de cette année, « La contribution de la femme à la production agricole et à la sécurité alimentaire dans un contexte de crise humanitaire : La promotion de la culture hors-sol », Bibata Nébié/Ouédraogo a eu une pensée à l’endroit des femmes détenues, mais aussi des femmes déplacées internes, à qui, elle a appelé à plus de résilience.
Et elle pense à ce propos que la pratique de la culture hors-sol est une alternative pour ces femmes de contribuer à leur manière à la reconquête du territoire.
Le Directeur général de l’Administration pénitentiaire(DGAP), l’Inspecteur de Sécurité pénitentiaire divisionnaire, Eloi Guigma à, lui aussi, salué les associations qui ont offert cette journée du 8-Mars aux femmes détenues. « Je tiens à leur dire merci, non seulement pour cette initiative heureuse, mais aussi pour tout ce qu’elles ont déballé comme activités au profit des femmes détenues, des activités à l’endroit de leur dignité et aussi des activités qui vont les aider à pouvoir se prendre en charge », s’est-il satisfait.
Ensuite, ce fut au tour de la représentante de la Médiateure du Faso, marraine de l’activité, Sylvie Ouédraogo, de se satisfaire de cette célébration avec les femmes détenues.
Elle a félicité les associations qui ont initié des formations diverses au profit des femmes incarcérées. A ces femmes détenues, la Médiateure du Faso s’est adressée : « leur passage ici n’est que temporaire parce qu’elles ont été condamnées à des peines privatives de liberté qui ont vocation à s’arrêter. A la fin de leur séjour à la MACO, il faudrait qu’elles puissent être autonomes et cela passe par les formations qu’elles ont reçues. Je voudrai aussi leur dire, qu’elles devraient mettre en pratique tout ce qu’elles ont appris dès maintenant et surtout, après, quand elles vont sortir ».
Ces conseils ont été bien accueillis par les bénéficiaires qui ont rassuré les officiels et les associations de mettre en pratique ce qu’elles ont appris au cours des formations. La représentante des bénéficiaires a témoigné leur gratitude à la ministre, au DGAP et aux associations qui ont pensé à elles.
Après tout cela, un repas communautaire a mis fin à la cérémonie rythmée de bonne d’ambiance pour marquer ce petit vent de fête de 8-mars.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf