Après 35 années passées à servir la Nation burkinabè, l’heure est venue pour Youssouf Ouédraogo, Professeur titulaire de Grammaire et discipline du français, de prendre sa retraite. À cette occasion, le laboratoire Langues, Discours et pratiques artistiques (LADIPA) de l’Université Joseph Ki-Zerbo a organisé, ce mercredi 23 octobre 2024, une cérémonie d’hommage en son honneur. Au cours de cette activité, le professeur a délivré un dernier cours à ses étudiants, en présence de toute la communauté universitaire.
Il a consacré l’essentiel de sa vie à former, éduquer et façonner des cadres au service du Burkina Faso. Pendant trois décennies, l’homme a transmis son savoir à des générations d’étudiants et de chercheurs au sein de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Son histoire dans l’enseignement supérieur a débuté en 1989, année où il a été recruté comme assistant à l’Université de Ouagadougou. Il est alors le premier Burkinabè à enseigner la grammaire française au sein de ce temple du savoir. En 1995, il est inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions de maître assistant du CAMES, spécialité Grammaire française. Il devient maître de conférences en Grammaire française en 2009, et Professeur titulaire de Grammaire et linguistique du français en 2019.
Auteur d’une vingtaine d’articles scientifiques et de neuf communications, le Pr Youssouf Ouédraogo a encadré, au cours de sa carrière, 57 mémoires de maîtrise et de DEA, ainsi que 61 mémoires de master, soit un total de 118 mémoires dirigés. Il a également dirigé 18 thèses de doctorat, dont 3 en codirection. Les 28 et 29 octobre prochains, quatre étudiants soutiendront leurs mémoires de master sous sa direction. Dix thèses qu’il dirige sont actuellement en instruction. Parmi les 18 docteurs qu’il a encadrés, 14 sont aujourd’hui enseignants-chercheurs, dont 1 Professeur titulaire, 5 Maîtres de conférences, 5 Maîtres assistants et 3 assistants.
C’est à ce baobab du savoir que le LADIPA a décidé de rendre hommage ce mercredi. La cérémonie, qui a mobilisé plus de 200 personnes, a été ponctuée de témoignages, d’allocutions et surtout d’un dernier cours magistral du professeur, désormais appelé à faire valoir ses droits à la retraite. Un cours qui lui a permis de revenir sur les fondements de sa discipline, la grammaire française, et d’expliquer les grandes lignes qui composent cette matière.
Faisant partie des 18 docteurs encadrés par le désormais retraité, le Pr Sidiki Traoré, enseignant-chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo, a salué « un enseignant dévoué, un maître bienveillant et un invétéré bâtisseur au service de la société ». Pour lui, le Pr Youssouf Ouédraogo est de ces grands hommes qui façonnent leurs semblables pour faire d’eux les meilleurs.
« Nous devons tout à cet enseignant. Moi, quand je suis arrivé à l’université, c’est lui qui m’a encouragé à continuer les études, parce que très rapidement, j’avais pensé à faire le concours de professeur des lycées et collèges. Il m’a encouragé à poursuivre, et au départ, je suis resté plus pour lui faire plaisir que par conviction personnelle. Mais voilà que l’avenir lui a donné raison et aujourd’hui, je ne regrette pas de l’avoir écouté », a-t-il témoigné.
Représentant l’administration universitaire à cette cérémonie, Dre Virginie Kaboré, Directrice de l’Unité de formation et de Recherche en Lettres, Arts et Communication (UFR-LAC), a également salué les longues années de sacrifices de l’enseignant-chercheur. Elle lui a transmis les félicitations de l’université et de toute la société burkinabè pour le grand nombre de chercheurs qu’il a mis à la disposition du monde de la recherche scientifique au Burkina Faso.
« J’ai été aussi étudiante du Pr Youssouf Ouédraogo. C’est un pédagogue né, un grand homme et un enseignant hors pair qui a pris le temps de former des chercheurs pour assurer sa relève avant d’aller à la retraite. Nous lui sommes et serons toujours redevables pour ses bienfaits à notre égard et à l’égard de toute la communauté universitaire et du Burkina Faso en général », a-t-elle déclaré.
Prenant la parole, c’est tout ému que le Professeur Youssouf Ouédraogo a exprimé sa gratitude à l’égard de la communauté universitaire et plus particulièrement du LADIPA pour cet hommage. Il s’est dit fier et surtout apaisé de partir à la retraite en ayant formé des chercheurs à même d’assurer la relève dans la discipline dont il a été le pionnier au Burkina Faso. « Le sentiment qui m’anime est un sentiment de fierté, de confort. Parce que je sais que je suis parti avec le sentiment d’avoir formé une certaine relève. Il y a suffisamment d’anciens étudiants qui sont un peu partout et qui peuvent prendre la relève », a-t-il déclaré.
Parlant de sa discipline, la grammaire, le professeur a souligné qu’elle consiste à inculquer aux étudiants une maîtrise de la langue française, tant à l’oral qu’à l’écrit. Ainsi, pendant ses 35 années de services, il s’est efforcé d’enseigner aux étudiants des Lettres modernes les compétences nécessaires pour bien s’exprimer et véhiculer avec aisance et surtout accessibilité leurs messages.
Soulignons que le Pr Youssouf Ouédraogo a reçu deux distinctions honorifiques durant sa carrière. Le 11 décembre 2012, il a été élevé au grade de Chevalier de l’ordre des Palmes académiques, et à celui d’Officier de l’ordre des Palmes académiques le 11 décembre 2018.
Oumarou KONATE
Minute.bf
