mercredi 22 octobre 2025
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Terrorisme : La veuve du soldat, le beau-père et les 10 millions de la discorde (confidence)

Ce 1er septembre 2022, le Burkina Faso a commémoré en différé la journée internationale en souvenir des victimes de terrorisme. Doublement victimes des effets du terrorisme, les femmes, veuves et souvent avec à leur charge des enfants, se retrouvent prises en tenaille entre la belle-famille et les structures d’accompagnement étatiques. Dans ce sens www.minute.bf s’est entretenu avec une veuve d’un soldat qui retrace son histoire mouvementée.

L’époux de Zoenabou Zongo est tombé sur le champ de bataille en 2019. Parti défendre la patrie, celui avec qui Zenabou Zongo s’est fiancée il y a quelques temps, n’est plus jamais revenu. Il est tombé, l’abandonnant avec un garçonnet dans un quartier de la capitale.

Le temps de recueillements passé, la famille du défunt sera appelée à constituer les dossiers de décès devant servir à la prise en charge de l’épouse du défunt ( Zoenabou Zongo ndlr)  et son fils. Le gouvernement burkinabè ayant décidé de l’octroi d’une somme de 10 millions de FCFA aux épouses des militaires tombés sur le champ d’honneur, dame Zoenabou espérait, à travers cette somme, pouvoir entreprendre une activité en vue d’assurer convenablement la prise en charge de son fils. Mais, ce ne sera pas le cas. « Quand ils ont dit d’envoyer les dossiers, le père de mon défunt mari m’a fait savoir qu’on ne peut pas laisser mon fils sous ma tutelle, qu’on doit mettre le nom d’un homme sur le dossier qui va s’occuper de mon enfant. Je ne suis pas allée à l’école et ne comprenant pas grand-chose dans tout ça, j’ai donné mon accord pour qu’on mette son nom sur le dossier », explique l’infortunée. Elle n’entendra jamais parler des 10 millions remis au nom de son défunt mari. Abandonnée à elle-même, elle se voit obliger de se débrouiller pour assurer sa propre pitance et celle de son enfant. « J’ai entendu parler des 10 millions de FCFA qu’on a remis, mais depuis lors, moi je n’ai rien reçu. Je dois me débrouiller pour m’occuper de mon enfant. Personne ne nous rend visite. Personne ne cherche à savoir comment on vit. C’est souvent ceux du camp (camp militaire ; Ndlr) qui nous viennent en aide avec du riz », confie entre deux soupirs, celle qui pourtant du vivant de son époux ne demandait rien à personne. 

Exaspérée, mais surtout désespérée, la veuve pensait que le problème était lié aux lenteurs administratives. C’est lors d’une rencontre à la Place de la Nation pour affaire concernant les enfants des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) tombés, que Zoenabou Zongo va comprendre beaucoup de choses. « A partir de là-bas, nous sommes allés à l’Action sociale pour établir un papier. Quand je me suis renseignée sur la prise en charge des familles des soldats tombés, la dame qui m’a reçue m’a demandé ce qu’on a fait avec l’argent qu’on a reçu. J’ai répondu que nous n’avons rien reçu. Elle a répliqué en me demandant si on n’avait pas eu les 10 millions destinés à la prise en charge des enfants de FDS tombés. J’ai répondu par la negative. Elle m’a demandé de faire venir le père de mon défunt mari », a-t-elle expliqué. Aux dires de la veuve, son beau-père, une fois arrivé sur les lieux, aurait dit aux agents de l’action humanitaire qu’il l’a bel et bien informée qu’il avait reçu cette somme. « Je leur ai dis que c’est pas vrai », affirme-t-elle s’être défendue. « C’est là qu’il m’a fait savoir qu’il a utilisé cette somme pour s’acheter une parcelle qu’il a construite », explique la veuve, parlant de la manière dont le père de son défunt mari a disposé des 10 millions de F CFA.

Tout ce dont se rappelle dame Zoenabou, c’est d’avoir reçu la somme de 50 000FCFA que lui a remis son beau-père depuis la mort de son conjoint. « J’ai pris cet argent pour acheter une porte que j’ai fixée à notre cour qui n’en avait pas », confie-t-elle de sa voix nouée à minute.bf. Mais, elle n’est pas au bout de ses peines.

Zoenabou Zongo, également dépouillée des biens de son défunt conjoint

Le mari décédé lui avait laissé une moto dont elle se servait pour exécuter de menus activités pour joindre les deux bouts. Cette moto, soupire-t-elle, la belle-famille, la lui a finalement confisquée. 

Alors que les autorités militaires accentuent les efforts sur la prise en charge des familles des FDS victimes des actes terroristes, le calvaire de dame Zoenabou et son enfant lui, ne cesse de croître. En effet, quand s’est posée la question des lotissements à Nioko où elle réside, Zoenabou Zongo confie que son beau-père a une fois de plus, tenté de s’accaparer ce bien qui, de droit, revient à elle et son fils. « Quand les lotissements ont commencé, il est allé avec une photocopie de sa pièce d’identité pour demander qu’on mette son nom sur la parcelle. Ceux qui sont chargés du lotissement ont refusé de mettre son nom, lui expliquant qu’on doit mettre mon nom pour que quand mon fils aura 18 ans, on changera pour mettre son nom. Mon beau-père a marqué un refus catégorique », a-t-elle déclaré au micro de minute.bf. Ainsi, jusqu’à ce jour, elle et son enfant n’ont toujours pas reçu leur ticket de lotissement. 

Dans toute cette situation, Zoenabou Zongo confie qu’elle se remet à Dieu. « Je braise du maïs que je vends, pour m’occuper de mon enfant », lâche-t-elle, dans la douleur, fondant l’espoir que les autorités vont mieux se pencher sur son cas, pour l’aider à nourrir, éduquer et soigner son fils.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

8 Commentaires

  1. Très triste, il faut que les autorités compétentes et même l’armée s’en mêlent pour punir de beau père criminelle, si réellement les faits sont avérés il est plus pire les terroristes. Il doit être puni, lui faire payer jusqu’au moindre centime. Vraiment décourageant

  2. Ce beau-père priait même pour la mort de son fils.
    C’est dans ce genre de situation je dis aux gens qui idéalisent la vieillesse et les parents de se souvenir que les cons aussi vieillissent et que les irresponsables enfantent.

  3. Son mari devait faire un testament vu qu’il est dans une situation incertaine. la femme et les autorité devait avoir chacun un exemple.

  4. Pourquoi la femme ne porte pas plainte contre son beau père . On peut pas dépouiller la veuve impunément comme ça. La hiérarchie militaire gagnerait a ouvrir un compte joint(veuve+papa ou frère du défunt) au lieu de mettre l’argent aux mains du soit disant père qui peut le détourner de son objet initial.

  5. On dirait qu’il a sacrifié son fils afin de bénéficier de ses biens?. Puisse Dieu donner de la force à la veuve pour qu’elle s’occupe de son fils?

  6. Espérons que notre armée si responsable et éprise de campassion pour les familles des hommes de troupes tombés sur le champ d’honneur pour la défense de la mère patrie se saisisse de cette affaire. Qu’elle aille au delà de ce cas très triste pour voir s’il n’y a pas d’autres veuves qui vivent cette ignominie. Un père irresponsable qui a souhaité la mort de son fils pour dépouiller sa veuve. Quel sacrilège !

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