samedi 21 juin 2025
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Tanwalbougou: Voici le point complet de l’enquête, selon le procureur

Le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma était face à la presse ce mercredi 27 mai 2020 pour livrer les résultats de l’enquête menée dans l’affaire des 12 détenus décédés dans les geôles de la gendarmerie de Tanwalbougou le 12 mai dernier. La mort de ces présumés terroristes interpellés dans le marché de Kpentchangou avait suscité de vives indignations au sein de l’opinion publique et des organisations de la société civiles avaient demandé qu’une enquête soit diligentée pour déterminer les causes des décès.

Le 13 mai 2020, par communiqué, le procureur de grande instance de Fada N’Gourma informait l’opinion de l’ouverture d’une enquête sur cette affaire. Pour rappel, 25 personnes ont été interpellées par la gendarmerie de Tanwalbougou le 12 mai pour des faits de « suspicions de terrorisme ». Deux enquêtes ont donc été ouvertes par le procureur de Fada. Une première sur les faits de terrorisme reprochés aux 25 personnes interpellées, et une deuxième enquête qui a concerné les 12 corps sans vie dans les locaux de la gendarmerie de Tanwalbougou. Cette deuxième enquête a permis aux Officiers de police judiciaire (OPJ) de se rendre à Tanwalbougou pour le constat d’usage, selon les explications données par le procureur Judicaël Kadeba, qui précise que le constat a été fait en compagnie de l’infirmier chef de poste de Tanwalbougou,  avec des prises de photos, plus d’une trentaine de clichés, produits dans le dossier.

« Sur ces photos produits dans le dossier, nous n’avons noté aucune trace visible sur les 12 corps. Le major du CSPS de Tanwalbougou qui a été requis et qui a accompagné les OPJ à la brigade pour les constatations, nous a produits son certificat médical daté du 18 mai 2020 dans lequel il certifie avoir examiné les corps de 12 personnes au sein du poste de sécurité de Tanwalbougou. Il relève que l’examen physique révèle des corps inertes, rigides à la palpation et qu’on ne note pas de lésions d’allure traumatique sur les corps et qu’il n’a pas observé des saignements sur les corps. Il a conclu qu’au vu de ce constat, il n’a aucun élément matériel pour préciser la cause exacte des décès. Cependant, seule une autopsie pourrait permettre de  situer les causes exactes de ces décès », a expliqué Judicaël Kadeba.  

« Les 3 survivants ont mentionné à l’unanimité que ceux qui sont décédés n’ont pas été exécutés par balles »

Après les constations, les corps ont été transportés au Centre hospitalier régional de Fada dans la soirée du 12 mai, avec l’aide de la mairie, pour que des médecins puissent être requis pour procéder à des investigations plus approfondies et envisager la réalisation d’une autopsie. La morgue n’ayant pas de chambre froide, les corps n’ont pas pu bénéficier de bonnes conditions de conservation. « Les médecins requis pour les examens ont fait le constat que les corps étaient en état de putréfaction et que dans ces conditions, leurs examens ne pouvaient pas être faits, à plus forte raison, une autopsie », a fait savoir Judicaël Kadeba. C’est donc, dans ces conditions que les corps ont été mis à la disposition des familles pour inhumation.

L’enquête ouverte par le procureur de Fada pour ce dossier a permis d’auditionner 15 personnes dont le commandant du poste de Tanwalbougou et les 12 détenus survivants. Il faut rappeler qu’à l’interpellation des 25 personnes, une d’entre elles a été « libérée provisoirement compte de tenu de son état de santé et de son âge très avancé ». Parmi les 12 détenus auditionnés, 3 étaient dans la cellule dans laquelle les 12 personnes ont trouvé la mort. « Ils ont été entendus en tant que témoin oculaires des faits », précise le procureur. Tous ont expliqué avoir été appréhendés ensemble au marché de Kpentchangou et « les 3 ont mentionné à l’unanimité que ceux qui sont décédés n’ont pas été exécutés par balles », a ajouté le procureur. Aussi, deux parents de victimes ont été entendus par le procureur dans cette affaire. « Les résultats de cette enquête ne permettent pas de déterminer les causes exactes des décès d’où la nécessité d’envisager des investigations plus approfondies qui sont toujours possibles », a fait savoir le procureur.

« Certaines victimes avaient la tête complètement déchiquetée par les balles »

Les investigations se poursuivent et le procureur du pôle spécialisé antiterrorisme, a déjà été informé afin que des initiatives soient prises pour que la brigade spécialisée dans les investigations antiterroristes soit saisie pour approfondir cette enquête. Le procureur assure qu’à la fin des enquêtes, si toutes ces personnes (13 survivants) n’ont rien à voir des faits pour lesquels elles ont été interpellées, elles seront immédiatement remises en liberté. Les faits, selon la loi, relèvent de la compétence du tribunal militaire, a indiqué le procureur. Raison pour laquelle, la procédure sera transmise au procureur militaire afin qu’il soit requis par cette autorité, des investigations plus approfondies s’il y a lieu et les éventuelles suites à donner à cette procédure.

Un proche d’une victime confie avoir été appelé pour identifier le corps de son cousin. A la morgue, il révèle, selon son constat, que les victimes ont « été exécutées par balle ». Dans son processus d’identification, il a dû vérifier tous les corps. « Certaines victimes avaient la tête complètement déchiquetée par les balles. On a dû utiliser le scotch pour bien attacher leurs têtes. Le sang coulait jusqu’à ma cheville. La balle a transpercé l’épaule de mon cousin jusqu’à sa tête », raconte-t-il. Dans son intervention, répondant à la question d’un journaliste, le procureur du Faso a signifié que l’utilisation du scotch a été faite pour contenir le linceul qui était utilisé pour recouvrir les corps des victimes.

Armand Kinda

Minute.bf

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