Le journaliste de Minute.bf, Sié Mathias Kam, a obtenu le grade de Master en Histoire africaine (option Économie, populations et relations internationales), le 24 juillet 2025 à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ), après la soutenance de son mémoire intitulé : « Les financements de la Banque Ouest-africaine de développement (BOAD) dans le processus de développement socio-économique du Burkina Faso de 1976 à 2022 ». Le jury, composé des Pr Issa Cissé (président), Pr Moussa Willy Bantenga (directeur de mémoire) et Dr Serge Noël Ouédraogo, a décerné au travail la note de 17/20, saluant sa rigueur scientifique et son actualité.
Désormais, le journaliste Sié Mathias Kam du journal en ligne Minute.bf a un nouveau profil : titulaire d’un Master en Histoire africaine, option Économie, populations et relations internationales.
En effet, piqué par la curiosité du journaliste, il a cherché à comprendre lors de son immersion scientifique la plus-value des financements de la BOAD dans le processus de développement social et économique du Burkina Faso.
Selon l’impétrant, le choix du thème est né d’une double préoccupation : d’une part, l’importance croissante des financements extérieurs dans les politiques publiques du Burkina Faso, et d’autre part, le rôle peu étudié de la BOAD dans ce processus.

Le travail réalisé dans ce sens fournit donc non seulement une synthèse chronologique des projets financés par la BOAD, mais met aussi en évidence leurs impacts sur des secteurs-clé (transports, énergie, agriculture, etc.). En outre, il propose une réflexion critique sur les limites de ces financements, ce qui ouvre des pistes pour une meilleure efficacité à l’avenir.
L’impétrant a croisé plusieurs sources officielles telles que les rapports annuels de la BOAD, les documents de projets de la DGCOOP et les rapports économiques du Burkina Faso. « Pour la période récente, j’ai privilégié les publications couvrant la chronologie de 1976 à 2022, provenant d’organismes crédibles comme l’UEMOA, la BOAD, l’INSD ou la BCEAO », a-t-il déclaré après la délibération du jury, tout ému.
Le mémoire comble un vide académique en analysant le rôle méconnu, mais crucial de la BOAD, institution clé de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA).
Quelques acquis de la BOAD au Burkina Faso…
D’après l’étude de l’impétrant Kam, la BOAD a financé les infrastructures de transport pour faciliter la libre circulation des personnes, des biens et des services. « Le renforcement du réseau routier, à travers la construction, le bitumage et l’entretien de routes régionales et nationales, a permis de relier des zones autrefois isolées aux grands centres urbains et économiques », a-t-il souligné.
À cela s’ajoute le Projet d’aménagement et bitumage de la ville de Ouagadougou à hauteur de 14 milliards de F CFA ; la BOAD a accordé un prêt complémentaire pour la route Ouaga-Pô-Frontière Ghana d’un montant de 6,5 milliards de F CFA en 2009. Elle a bitumé l’axe Didyr-Toma-Tougan (sur la RN21) pour plus de 17,72 milliards de F CFA en 2014 ou encore l’axe Kolinka-Fara-Poura Carrefour (sur la RN11) à hauteur de 30 milliards de F CFA en 2021.

La BOAD a financé des projets sociaux d’appui à la lutte contre la pauvreté, notamment le Projet de développement de l’élevage du Soum à 6 milliards de F CFA et le Développement de la production d’arachide dans le plateau Mossi. Entre 1976 et 2019, elle a réalisé plus de 2 000 forages équipés de pompes à motricité humaine. Ces interventions ont contribué à accroître le taux d’accès à l’eau potable à plus de 76 % en 2020, contre 52 % en 2000 au niveau national. « Dans le domaine de la santé, la BOAD a financé la construction de plus de 30 Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) et 5 Centres Médicaux avec Antenne chirurgicale (CMA). Ces financements ont permis d’accroître le taux de couverture sanitaire nationale, le faisant passer de 40 % en 1980 à 58,3 % en 2015, ainsi qu’une réduction de la distance moyenne d’accès à un centre de santé à moins de 5 km, contre plus de 8 km auparavant dans certaines zones rurales », a-t-il relevé, précisant que les autres domaines ne sont pas en reste.
Les limites de l’étude selon l’impétrant…
Malgré ses nombreuses interventions, les actions de la BOAD au Burkina Faso rencontrent certaines limites importantes. L’étudiant Kam a relevé une tendance au saupoudrage. Cela signifie que les financements sont souvent répartis sur de petits projets éparpillés, avec des impacts faibles ou peu visibles. Cette dispersion nuit, dit-il, à la concentration des efforts sur des secteurs prioritaires.
Par ailleurs, certains projets semblent influencés par des considérations politiques, ce qui peut affaiblir leur efficacité. Ensuite, la BOAD fait face à des capacités financières limitées. Elle dépend encore fortement de l’emprunt extérieur, ce qui peut restreindre sa marge de manœuvre. De plus, elle accorde parfois plus d’importance à la rentabilité économique des projets qu’à leur impact social réel sur les populations. Enfin, la Banque dispose d’un faible niveau de contrôle post-financement.

« Il faudrait donc accroître les ressources internes de la BOAD, renforcer la planification stratégique avec les États membres, améliorer les mécanismes de suivi-évaluation des projets et encourager la participation des acteurs locaux pour une meilleure appropriation des projets financés », a-t-il proposé en guise de perspectives.
Le jury salue un travail solide…
Selon son directeur de mémoire, Pr Moussa Willy Bantenga, son étudiant a fait un travail scientifique rigoureux. « Il a soulevé les questions de financement des projets de développement du Burkina Faso, les questions d’intégration ; il a bien mené ses analyses et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a obtenu la meilleure note, 17/20, parce qu’au département d’Histoire et d’archéologie, on ne peut obtenir plus que cela. Il a fait un bon travail et possède une bonne écriture », l’a encensé son Directeur de mémoire. Le Pr Bantenga l’a d’ailleurs félicité pour avoir allié journalisme et exigences scientifiques.
De l’avis du président du jury, Pr Issa Cissé, l’impétrant a fait un travail solide dans l’ensemble. Pour lui, le thème est pertinent. « Il a montré comment la BOAD intervient au Burkina Faso. De ce point de vue, on a désormais une bonne idée de toutes les actions de la BOAD en termes d’investissement dans l’éducation, la santé, l’énergie entre 1976 et 2022 », a-t-il indiqué.

En rappel, le journaliste de Minute.bf, Sié Mathias Kam, a soutenu son mémoire sur le thème : « Les financements de la Banque Ouest-africaine de développement dans le processus de développement socio-économique du Burkina Faso de 1976 à 2022 ». Il a obtenu la mention Très bien et la note de 17/20.
Jean-François SOME, Nadège KINDA et Sakinatou Zoundi (Stagiaire)
Minute.bf