L’étudiant Issouf Tapsoba a soutenu son mémoire de Master en Techniques des Métiers de l’Information (TMI) à l’Université Nazi Boni, décrochant la note de 15,20/20 et la mention « Bien ». Son travail, intitulé « Analyse de l’adoption des outils d’intelligence artificielle (IA) dans les pratiques journalistiques au Burkina Faso », jette une lumière sur la révolution technologique en cours et la place qu’occupe la presse burkinabè. Le jury, composé du président Dr Régis Dimitri Balima, de Salif Koala (membre) et de Dalou Mathieu Da (directeur de mémoire), a salué à l’unanimité l’actualité et l’originalité du thème.
« L’intelligence artificielle (IA) a beaucoup modifié les pratiques des journalistes », a souligné Dr Balima, reconnaissant le sérieux des recherches de l’étudiant sur un domaine encore peu exploré localement.
L’étude de Issouf Tapsoba révèle un paradoxe saisissant. Si 70% des journalistes burkinabè interrogés ont déjà expérimenté des outils d’IA, seuls 25,3% les utilisent de manière régulière dans leur travail.
Cet état de fait, lui a fait dire qu’au Burkina Faso, l’IA est perçue comme une curiosité technologique, un objet d’expérimentation, mais elle est loin d’être intégrée comme un outil professionnel de routine, contrairement aux rédactions internationales qui l’utilisent pour automatiser des tâches, analyser des données ou personnaliser les contenus.
La formation, moteur essentiel de l’adoption
La recherche de l’étudiant identifie deux leviers puissants pour changer la donne : la perception et la formation. Selon M. Tapsoba, la grande majorité des utilisateurs réguliers (31 sur 36) ont une opinion favorable de l’IA, basée sur son utilité et son efficacité perçues. Ainsi, les journalistes ayant reçu une formation spécifique adoptent beaucoup plus l’IA que les autres (13 contre 6). L’accès à l’apprentissage est donc un facteur décisif pour transformer l’essai, a-t-il insisté.
D’après Issouf Tapsoba, l’étude pointe du doigt l’absence de « conditions facilitantes ». Le coût élevé des abonnements aux outils premium ou encore l’accès limité à une connexion internet fiable. L’étudiant pointe du doigt également le manque d’équipements informatiques adaptés dans les rédactions et l’absence d’accompagnement structurel de la part des médias.
« S’y ajoutent des défis pédagogiques majeurs : des formateurs eux-mêmes insuffisamment formés, des programmes de formation qui peinent à s’actualiser et un manque de ressources didactiques », a déploré Issouf Tapsoba dans son étude.
Face à ce constat, M. Tapsoba propose des pistes d’action concrètes. Pour les médias, il recommande d’établir une charte éthique et allouer un budget dédié à la formation continue. Pour les centres de formation, l’étudiant recommande d’intégrer urgemment des modules sur l’IA et son éthique dans les curricula. Et enfin pour les journalistes, Issouf Tapsoba préconise d’adopter une posture d’apprentissage continu et utiliser l’IA dans le strict respect de la déontologie.
Un travail salué pour son courage et sa pertinence
Salif Koala, membre du jury, a qualifié le sujet de « hautement d’actualité » et a salué le courage de l’étudiant pour s’être attaqué à un domaine où « il y a beaucoup de confusion ».
Son directeur de mémoire, Dalou Mathieu Da, a pour sa part tenu à féliciter la qualité de la collaboration et le travail exemplaire de l’impétrant. « L’étudiant a été exemplaire, ce qui lui vaut d’être devant le jury pour défendre son travail ».
En validant ses trois hypothèses de recherche, Issouf Tapsoba offre une photographie précieuse de l’état des lieux de l’IA dans le journalisme burkinabè.
Le jury a décidé de lui accorder le grade Maître avec la note 15,20/20 soit la mention « Bien ».
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Mathias KAM
Minute.bf
