A l’ouverture du Colloque scientifique international organisé par le Laboratoire de recherche sur les Médias et la Communication organisationnelle (LAMCO) en hommage en sa personne, le Pr Serges Théophile Balima a donné ce jeudi 06 novembre 2025, sa dernière leçon. Placée sous le thème : « Peut-on encore former aux métiers de l’information et de la communication face aux défis de la digitalisation et des médias numériques ? », cette leçon a servi de cadre pour le Professeur de revenir sur la « confusion incestueuse » entre Journalisme et Communication.
Dans son intervention, le Pr Serges Théophile Balima a dénoncé, avec sa verve habituelle, ce qu’il appelle la « confusion incestueuse » entre journalisme et communication. Selon lui, cette confusion brouille les repères et compromet l’avenir de deux métiers pourtant distincts par leur nature et leurs finalités.
« Dans une approche conceptuelle rigoureuse, la permutation des rôles constitue un travestissement coupable et peu honorable », a-t-il lancé. Et d’ajouter : « Si vous êtes journaliste et que vous faites le métier de communicateur, vous êtes comme un prostitué. Et si vous êtes communicateur et que vous faites le métier de journaliste, vous apparaissez comme un traître. »
Pour le Professeur, cette confusion des genres a des conséquences fâcheuses sur l’évolution du secteur. « Un journaliste formé comme tel se retrouve souvent à faire de la communication institutionnelle pour laquelle il n’est pas préparé. De même, certains, en quête de promotion administrative, se muent en chargés de communication dans les institutions publiques, sans disposer des compétences adéquates », a-t-il regretté.
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Sur le terrain, poursuit-il, on assiste à l’inverse : des communicateurs qui, investissant les rédactions, développent des réflexes de marketeurs plutôt que d’informateurs, au détriment des règles déontologiques du métier de journaliste. Cette porosité entre les deux champs, selon lui, trouve aussi son origine dans la formation. « À la différence d’autres disciplines plus stabilisées, la formation en information et communication reste un espace de débats et de tensions entre enseignants et professionnels », a-t-il observé.
Rappelant sa propre expérience de journaliste devenu enseignant-chercheur, Pr Balima a indiqué que la priorité dans la formation ne doit pas être la simple maîtrise d’outils ou de langages spécialisés, mais la capacité à comprendre, analyser et gérer les situations concrètes d’information. « Beaucoup de gens ont perdu leur repère et peinent à s’adapter. Le plus important, c’est de doter les étudiants d’outils intellectuels solides qui leur permettent de maîtriser les multiples situations d’information auxquelles ils seront confrontés », a-t-il recommandé.
Et, s’il reconnaît que la culture générale est essentielle, il prévient néanmoins qu’elle ne suffit pas. « Cette culture, aussi précieuse soit-elle, ne permet pas d’acquérir à elle seule les réflexes professionnels indispensables à l’exercice du métier. », a-t-il dit.
Rappelons que le Pr Serges Théophile Balima donnait sa communication à l’occasion d’un colloque scientifique international organisé par le Laboratoire de recherche sur les Médias et la Communication organisationnelle (LAMCO) en hommage à sa personne. Ce colloque, qui réunit des chercheurs venus d’une dizaine de pays s’étendra sur deux jours.
Oumarou KONATE
Minute.bf
