Face à la recrudescence des actes de grand banditisme à Ouagadougou et ses environs, la Direction régionale de la Police nationale du Centre a lancé, depuis le 25 mars 2025, une vaste opération de bouclage des zones criminogènes assortie de fouilles sécuritaires. Cette initiative, destinée à renforcer la sécurité dans les différents arrondissements de la capitale, a connu son épilogue dans la nuit du mercredi 16 avril, dans l’arrondissement n°09. Une équipe de Minute.bf a suivi de près la dernière phase de cette mission qui a mobilisé plusieurs services opérationnels de la police nationale. Reportage.
Mercredi 16 avril 2025. Il est 20h30 au commissariat de l’arrondissement n°09. C’est l’heure du briefing. Un coup de sifflet retentit. Le Commissaire Hamado Tassembédo, Commissaire central de Police de la ville de Ouagadougou, donne le signal du rassemblement. Les éléments prennent position, attentifs aux consignes. Objectifs de la mission : sécurisation des populations et de leurs biens, collecte de renseignements, interpellation des individus fichés ou suspects, harcèlement des repris de justice, contrôle d’identité des usagers de la route, entre autres.
Les directives données, six équipes d’au moins six membres chacune sont formées et réparties selon les quartiers, carrefours et autres points nevralgiques de l’arrondissement.

21h30. La mission commence. Les éléments se dispersent, chacun rejoignant sa zone d’intervention. Direction Kamboinsin pour notre équipe, avec pour objectif, constater le travail des forces de l’ordre sur le terrain. Sur la route de Pabré, en face du siège de la Poste Kamboinsin, nous tombons sur une première équipe de policiers en pleine opération de contrôle. La circulation est encore dense à cette heure de la nuit. Les agents interpellent les automobilistes, motocyclistes, et même les piétons. Les contrôles sont stricts : pièces d’identité, documents des véhicules, inspection des coffres… tout est passé au peigne fin, à la recherche du moindre objet suspect.

Et justement! Le premier incident de la soirée est un véhicule suspect. Son conducteur a d’abord tenté de s’échapper avant de se raviser. Il est sommé de s’arrêter et de fournir ses papiers. Bien que tout semble en règle coté papiers, une fourrure d’épée est retrouvée dans le coffre. L’homme explique qu’il s’agit d’un « objet décoratif » fraîchement acheté alors qu’ils rentraient chez lui. Il est sensibilisé et relâché.
Hormis cet incident, les patrouilles se poursuivent sans heurts. Les usagers coopèrent. D’autres même apprécient. C’est le cas de Jérémie Ouédraogo, croisé à ce poste de contrôle. « Ce qu’ils font, c’est pour notre sécurité. Quand on les voit, on est rassurés. Et notre souhait c’est que ce type d’actions se multiplient », salue-t-il.

22h30. Nous mettons le cap sur Yagma, ce quartier connu pour son taux de criminalité élevé. Sur place, une autre équipe vient de mettre la main sur deux individus en état d’ébriété, sans documents de leurs motos. Interpellés ils se livrent sur les lieux, à un spectacle digne d’un film : l’un hurle, l’autre invoque ses ancêtres… et même le Capitaine Ibrahim Traoré.
Les policiers, imperturbables, les maîtrisent. Les deux hommes sont mis en garde à vue et leurs engins saisis, en attendant d’être convoyés vers le commissariat central. D’autres usagers en infraction sont également sommés de se présenter au commissariat. « Passez demain avec les papiers de la moto et aussi pour payer la contravention », répond la cheffe de poste à toute les tentatives de négociation.

23h30. Rond-point de Marcoussi. Une autre équipe est également en pleine opération par ici. Les usagers sont soumis à des vérifications classiques, mais aussi à des campagnes de sensibilisation, notamment sur le port du casque.
Sortie rendre visite a une connaissance, Asseta Rabo a tous ses papiers au complet mais elle est prise sans casque. Elle sera sensibilisée et autorisée à disposer. « Ce qu’ils ont dit c’est la vérité. Le casque nous protège la vie. Je suis heureuse qu’ils veillent sur nous et je promets désormais de porter mon casque. », assure-t-elle.

Un peu plus loin de là, dans les entrailles de Marcoussi, l’adjudant Adama Ouédraogo et ses hommes sont déployés en profondeur, au plus près des habitations. Dix motos sans documents et trois individus sans pièces d’identité ont déjà été interceptés par leurs soins. « Nous sommes arrivés autour de 21h30. Les motos saisies et les personnes que nous avons interpellées ont été conduites au commissariat », confie-t-il.
La mission s’achève vers 2 heures du matin, avec à la clé, plus d’une cinquantaine de motos saisies, une vingtaine de personnes interpellées, des boissons prohibées et des machines à sous confisquées. Parmi les individus arrêtés, nos deux amis ivres de Marcoussi. « Des enquêtes seront ouvertes auprès du parquet les concernant et aussi pour les armes et engins saisis », indique la Commissaire Diane Gnoumou, qui se félicite du bon déroulement de l’opération.

« Dans la généralité, je peux dire que la mission s’est assez bien déroulée parce que nous n’avons pas enregistré beaucoup d’incidents. Nous n’avons enregistré qu’un seul incident et nous pouvons dire que c’est une mission qui est assez réussie à ce niveau-là », s’est-elle rejouie assurant que d’autres missions du genre pourraient avoir lieu très prochainement en fonction de l’évolution de la situation sécuritaire dans la région du Centre.
Faisant le point de cette opération de bouclage qui a débuté depuis le 25 mars 2025, le Commissaire Amadou Tassembedo, Commissaire central de la ville de Ouagadougou, a fait savoir qu’elle a mobilisé tous les services operationnels de la police nationale.

« Depuis un certain temps, si vous remarquez, il y a des fouilles sécuritaires un peu partout dans la ville. C’est ce que nous appelons un H24, ça veut dire que 24 heures sur 24 il y a des hommes sur le terrain qui fouillent et qui contrôlent les personnes. Tout ça c’est pour sécuriser la région du Centre et aussi contrer la menace terroriste. C’est une mission conjointe qui vient s’ajouter à d’autres missions que nous avons commencées il y a longtemps et qui se poursuit jusqu’au jour d’aujourd’hui », a-t-il expliqué.

Selon ses informations, au total, 120 policiers ont été mobilisés, dont 90 en tenue et 30 en civil pour cette opération. Cela a permis de contrôler 21 415 personnes et de vérifier 6 877 véhicules, 349 tricycles et 11 380 motos.
Au cours des interventions, 23 individus en possession d’armes ont été interpellés. Par ailleurs, 8 véhicules, 2 tricycles et 532 motos ont été saisis. 120 personnes fichées dans le fichier IRAPOL ont également été arrêtées pour des vérifications d’identité.

La fouille de certains lieux a conduit à la saisie de 39 machines à sous, 52 cartons de cannettes de Voddy ainsi que 4 armes à feu, dont 2 pistolets automatiques, 1 fusil de chasse et une arme factice. À cela, s’ajoute la récupération de 33 engins déclarés volés. En terme d’incident, un policier a été blessé lors de l’interpellation d’un suspect.
Oumarou KONATE
Minute.bf