La Région de l’Est fait face, à l’instar de la majeure partie du territoire burkinabè, au phénomène du terrorisme. Phénomène qui trouve son origine dans la radicalisation et l’extrémisme violent de certains jeunes. Grâce au projet : « Engager les jeunes dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent au Burkina Faso à travers l’Education aux Médias et à l’Information (EMI) », de EducommunikAfrik et financé par le gouvernement néerlandais, des jeunes de la région de l’Est ont adhéré au bien fondé de la culture de la paix, en cette période de crise sécuritaire. Au cours d’une sortie de production réalisée du 04 au 06 octobre 2022, des journalistes, lanceurs d’alerte et blogueurs ont pu constater les résultats de la mise en œuvre dudit projet à l’Est du Burkina.
Des jeunes appelés « volontaires » de la région de l’Est ont monté un projet dénommé ‘’Jeunesse engagée pour la promotion de la paix et de la cohésion sociale dans la région de l’Est’’. D’une durée de 8 mois, ce projet va contribuer à terme, « au renforcement de la résilience des communautés de la région de l’Est pour lutter contre l’extrémisme violent et la radicalisation afin de favoriser la paix et la cohésion sociale », ont fait savoir les volontaires.

Pour l’atteinte de ces objectifs, l’équipe des volontaires a réalisé plusieurs activités. Il s’est agi « d’organiser une conférence présidée par le préfet du département de Fada N’Gourma en son temps, sur le thème “médias sociaux et extrémisme violent : rôle et responsabilité des jeunes”. Cette conférence a connu la participation de plus de 116 personnes notamment des élèves, des étudiants et des leaders d’associations ; de 05 thé-débats sur le thème : “Impact des médias sociaux dans la promotion de la paix et de la cohésion sociale au Burkina Faso”, qui a permis de sensibiliser plus de 101 jeunes ; d’une émission radiophonique, avec pour objectif d’inciter les jeunes à développer plus d’initiatives en faveur de la paix et de la cohésion sociale. Émission qui a permis de toucher les 55 000 auditeurs de ladite radio ; deux ateliers de formation et d’un panel », a détaillé Safiatou Tiendrebeogo, superviseur de EducommunikAfrik pour la région de l’Est. À en croire Mme Tiendrebeogo, toutes les activités qui ont été menées avec son équipe de volontaires, avaient pour objectif d’inciter les jeunes à développer plus d’initiatives en faveur de la paix et de la cohésion sociale.
Mais, elles n’ont pas été réalisées sans difficultés. Selon Ousmane Soubidou, volontaire de la région de l’Est, la principale difficulté fut la mobilisation. La radicalisation, selon lui, est un sujet « contraignant », auquel les jeunes adhèrent difficilement. Mais qu’à cela ne tienne, il a noté les bonnes dispositions de certains jeunes à les écouter pour « voir, entendre et croire que la paix est un comportement au quotidien ».
De la contribution des responsables politiques, religieux et coutumiers...

Selon Jérôme Idani, préfet, président de la délégation spéciale de Fada, il faut pour efficacement lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent, mettre l’accent sur les causes. Ces causes sont, selon lui, la faiblesse de la justice ou la justice partiale. « Ce sont des gens (les radicalisés, ndlr) qui sont brimés dans leur droit. Chose qui les envoient à se radicaliser », pense M. Idani. « Les jeunes se demandent qu’est ce que l’État fait pour moi ? Mis à part les concours, que ces jeunes passent en vain. Ce sont là, les prémices de l’extrémiste violent », a prévenu le président de la délégation spéciale de Fada, qui confie d’ailleurs que pour appâter les jeunes, les terroristes les financent et leur offre des armes et des motos.
Pour les solutions à ce phénomène, le président de la délégation spéciale de Fada, est catégorique. « Depuis le sommet, il faut qu’il y ait l’exemplarité. Il faut que la question de justice soit bien traitée », a-t-il suggéré.
Également à Fada, les autorités religieuses et coutumières ont mis en place un Collège de dialogue et de médiation (CDM) en juin 2020, qui réunit des leaders catholiques, évangéliques, musulmans et traditionnels. Le CDM est chargé de résoudre les différends qui naissent entre les populations. À en croire le pasteur Alfred Yonli, président du CDM, si ledit Collège n’existait pas, il aurait fallu le créer. Il en veut pour preuve, la médiation des leaders religieux et coutumiers de Ouagadougou (dont la CDM se réclame être un démembrement) qui a permis d’avoir une issue favorable lors du coup d’État du 30 septembre dernier.

La méthode du CDM à Fada, repose sur l’écoute, comme le soutient le président Yonli. « Quand il y a un conflit, on fait en sorte d’écouter les gens. On fait en sorte aussi que les gens nous écoutent et qu’ils s’écoutent entre eux », a-t-il indiqué.
Le bilan à mis parcours de la CDM est satisfaisant pour le moment, nous fait savoir Mgr Pierre Claver, évêque de Fada. Et pour ce qui est de l’appel à la paix, le Collège de sage exhorte au dialogue : « Jeunesse si vous êtes capables de vous lever pour faire la guerre, levez vous pour faire la paix. Aucun avion n’a eu le dernier mot pour la paix. Aucune arme n’a eu le dernier mot pour la paix. Tout fini par le dialogue ».
Outre la région de l’Est, ce projet de EducommunikAfrik a touché les régions du Nord, du Centre-Nord et du Sahel.
Mathias Kam
Minute.bf