L’association Moussokaann, défenseure de l’éducation de la jeune fille et de l’autonomisation de la femme, a tenu son Assemblée Générale Ordinaire le samedi 29 septembre 2025 à Ouagadougou. L’occasion de dresser un bilan positif des actions menées en 2025 et d’annoncer des perspectives ambitieuses pour l’année 2026.
Fondée sur la volonté de créer un environnement scolaire épanouissant, l’association Moussokaann a centré ses efforts sur la gestion de l’hygiène menstruelle des jeunes filles. Un sujet tabou qui devient, entre les mains de l’association Moussokaann, un puissant levier d’émancipation.

Esther K. S. SANOU épouse ILBOUDO, présidente fondatrice de l’association, a rappelé que Moussokaann a pour objectif de lever les obstacles autour de l’éducation. Lesquelles obstacles empêchent, à l’en croire, la jeune fille d’être vraiment épanouie dans son environnement scolaire. Et la première action concrète pour parvenir à cette émancipation, d’après Esther K. S. SANOU épouse ILBOUDO est la gestion hygiénique des menstrues. « Notre méthode consiste à cibler un lycée. Nous y allons pour former les filles sur comment gérer l’hygiène menstruelle et on leur donne le BA-BA nécessaire pour fabriquer elles-mêmes leurs propres serviettes hygiéniques lavables et réutilisables », a-t-elle expliqué.
Hygiène menstruelle des filles : Les actions de l’association Moussokaann portent leurs fruits
Au-delà de la confection, ces séances de sensibilisation visent, selon la première responsable de Moussokaann, à briser les perceptions culturelles négatives. « L’hygiène menstruelle ne doit plus être perçue comme quelque chose de sale, de tabou. Les règles sont un phénomène normal que toute femme vit. On ne doit pas prendre cette période comme une période où la femme est mise à l’écart », a t-elle souligné.

Un message qui porte ses fruits
Pour l’année 2025, ce sont plus de 5 000 élèves qui ont été touchés par les formations de l’association Moussokaann dans les villes de Bobo-Dioulasso, Koudougou et Ouagadougou.
Jeannine SANOU épouse SANOU, infirmière et point focal de l’association à Bobo-Dioulasso, a insisté sur les avantages concrets des serviettes hygiéniques réutilisables. Selon elle, les bénéfices sont multiples. Sur le plan de la santé, elle a indiqué que les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables permettent d’éviter des infections. Elle a précisé que les serviettes industrielles amènent souvent des consultations pour des « démangeaisons après les menstruations ». Fabriquées à base de tissus locaux comme le Faso Dan Fani et le Koko Dunda, « les filles savent ce qu’elles utilisent lorsqu’elles utilisent les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables. Elles savent que ça ne contient pas de produits chimiques », a ajouté Mme SANOU.

Sur le plan économique, l’infirmière/point focal de l’association Moussokaann à Bobo-Dioulasso a précisé qu’il est possible de réutiliser ces serviettes hygiéniques lavables Fabriquées à la maiin sur une période d’une année, chose qui permet aux filles de faire des économies.
Pour le volet écologique, le point focal de l’association Moussokaann a révélé que les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables permettent « de ne pas salir l’environnement ».
Face à l’hésitation de certaines jeunes filles, notamment la peur de laver « le sang », Jeannine SANOU épouse SANOU les a invitées à s’y mettre pour le bien de leur santé. « Avant, c’est ce que nos mamans utilisaient. Et elles lavaient sans problème. Elles n’ont pas connu tous les problèmes de santé reproductive qu’on connaît aujourd’hui. Il ne faut pas voir le sang que tu laves. Ton propre sang ne doit pas t’empêcher de laver ta propre serviette. Tu laves et ça ne tue pas », a demandé l’infirmière Jeannine Sanou. « Les jeunes filles qui hésitent à essayer, je leur demande seulement d’essayer. Et elles verront vraiment l’impact positif sur leur santé. C’est la santé même qui est primordiale », a-t-elle ajouté.
De la précarité menstruelle à l’autonomisation économique
L’association Moussokaann ne s’arrête pas à sensibiliser sur l’hygiène menstruelle. Elle œuvre aussi pour l’autonomisation économique des femmes.

Selon Mariam TRAORÉ, chargée de projet au sein de l’association, pour l’année 2025, ce projet a touché 10 femmes entièrement formées et installées. « Ce sont des femmes vulnérables qu’on a ciblées. Ces femmes avaient besoin d’un appui en matière d’activité génératrice de revenus », a-t-elle précisé.
Plus concrètement, ces femmes ont reçu une formation complète pour fabriquer des serviettes hygiéniques, à la main et à la machine. Aujourd’hui, elles sont autonomes, au grand bonheur de l’association Moussokaann et de leurs familles. « L’impact est vraiment positif puisque les femmes confectionnent les serviettes avec des matériaux locaux et elles arrivent à commercialiser. C’est abordable, moins cher. Donc, ça aide vraiment les jeunes filles », s’est réjouie Mariam TRAORÉ, parce que ces Activités Génératrices de Revenus (AGR) permettent à ces femmes de subvenir aux besoins de leur famille.

L’autonomisation des femmes passe aussi par d’autres formations, comme la transformation agroalimentaire (pâte d’arachide, soumbala, bissap), dont les membres de l’association Moussokaann ont su tirer profit.
L’expansion en 2026
Fort de ces succès, l’association Moussokaann ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Pour 2026, Esther SANOU épouse ILBOUDO annonce plusieurs projets. Il s’agit d’étendre les clubs scolaires de gestion de l’hygiène menstruelle (GHM) déjà créés dans les classes à Bobo-Dioulasso au complexe scolaire Baraka à d’autres villes comme Ouagadougou et Koudougou.

L’association entend également organiser des panels et un séminaire national annuel sur l’éducation de la jeune fille et de l’autonomisation de la femme. Elle souhaite aussi lancer un webinaire mensuel pour maintenir la dynamique et échanger avec une communauté plus large.
Pour poursuivre son œuvre sociale, l’association Moussokaann a lancé un appel à toutes les bonnes volontés pour soutenir leur initiative, quelle que soit sa nature.
En rappel, l’association Moussokaann, traduit du Dioula en français « Parole de femmes » a été créée en 2020. Depuis cette date, elle s’est engagée à promouvoir la gestion hygiénique des menstrues et la santé reproductive des femmes et jeunes filles à travers des formations et des sensibilisations. Des centaines de jeunes filles et femmes ont été formées sur la fabrication de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables et en Activités Génératrice de Revenus (AGR), dans plusieurs localités. Depuis, septembre 2025, elle a mené des actions visant à sensibiliser les communautés sur les Violences Basées sur le Genre.
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Mathias KAM
Minute.bf





