Possédant le plus grand réservoir naturel d’eau de surface, la province du Bam est le potentiel pourvoyeur de condiments au Burkina. Avec une capacité de stockage de plus 40 millions de mètres cubes d’eau, le Lac Bam fait la fierté des populations riveraines et même d’ailleurs. Et que dire de la production du haricot vert qui a même permis à la ville de Kongoussi d’être baptisée « Cité de Haricot Vert ». Certes, la production de cette denrée rare a chuté considérablement à côté de la faillite des coopératives SCO/Bam et COMACO, mais force est de constater que les maraîchers font toujours l’effort de satisfaire leurs clients. Une équipe de minute.bf est allée à la rencontre des producteurs sur le terrain pour s’enquérir des nouvelles de son écoulement. C’était le lundi 20 janvier 2020.
Cette visite nous a conduits dans les espaces aménagés de Bango. Là-bas, nous avons rencontré Pierre Sawadogo et ses employés en pleine irrigation de leur cultures de contre saison.

Si Pierre Sawadogo croyait pouvoir faire de bonnes affaires cette année dans la vente de son haricot vert, pour plusieurs raisons, la réalité est tout autre. « Nous pensions que, cette année, le marché allait être bon parce qu’à cause de l’insécurité beaucoup de producteurs n’ont pas pu commencer tôt et la ville aussi est pleine de monde mais c’est tout à fait le contraire », soutient-il. Selon notre interlocuteur, les producteurs ont, non seulement des problèmes à cause du prix mais aussi avec leurs grossistes qui ne jouent pas souvent franc jeu. « Le prix n’est pas stable chez tous les producteurs, ce qui nous complique la tâche. Il y a des gens qui viennent conclure des marchés avec nous. Ils reviennent après dire qu’ils ont payé mais vraiment ils n’ont même pas eu le prix d’achat donc tu ne peux que faire avec », déplore-t-il.

Pour mieux toucher du doigt la réalité, nous nous sommes rendus au grand marché de Kongoussi. Le constat n’est pas reluisant. Dans les paniers et sur les balances de cuisine se trouvent du haricot presque fané. La morosité a frappé le marché du haricot vert à Kongoussi. Claire Zongo, vendeuse précise que cela est dû à l’insécurité. « Cette année, ça ne va pas du tout. D’habitude, ce sont les voyageurs en direction de Djibo, Ouahigouya, Ouaga et Kaya qui sont nos meilleurs clients. Mais actuellement les gens ont peur de voyager à cause de l’insécurité. Les quelques-uns qui voyagent maintenant n’ont qu’un seul souci : arriver à destination en bonne santé. À leur passage, ils se préoccupent moins de quoi que ce soit », nous a-t-elle confiés. Puis, à sa voisine d’ajouter : « Le haricot vert se fane parce que ce sont les acheteurs de condiments qui sont devenus nos clients alors qu’ils n’en ont besoin que de 2 ou 3 kilos au maximum ».
Venue au marché pour la cuisine du jour, madame Philomène Ouédraogo/Sawadogo évoque le retard dans la production du haricot vert. « Cette année, ce que nous avons déploré c’est le retard, ce qui est dû vraiment à l’insécurité. Malgré cela, pendant les fêtes, nous avons pu avoir le kilo du haricot vert entre 300 et 500 francs CFA mais après, le prix a chuté », fait-elle savoir.

Responsable point focal nutrition du district de Kongoussi au niveau du CMA, Philomène Ouédraogo dit être surprise d’apprendre que les nourrissons de la province du Bam ne profitent pas de la variété alimentaire. « Il y a eu une rencontre où en présentant les données, il s’est avéré qu’au niveau du Bam, il n’y a pas de diversité alimentaire. On était étonné, on produit de la laitue, du haricot vert, la carotte, la tomate mais on dit qu’il n’y a pas de diversité alimentaire », était-elle effarée.
Pour relever les défis de mévente et de carence nutritionnelle, Mme Sawadogo a invité les gouvernants et les services techniques à soutenir les producteurs afin qu’ils produisent utilement. Pour sa part, la nutritionniste note que des sensibilisations seront faites aux populations pour qu’ils intègrent la variation alimentaire dans la ration journalière des enfants.
Jacques SAWADOGO (Correspondant à Kongoussi)