En marge de la 35e édition de la Journée de l’enfant africain (JEA), le Ministère de la Communication, de la culture, des arts et du tourisme (MCCAT) a organisé, ce vendredi 20 juin 2025 à Ouagadougou, une série d’activités mêlant tradition et éducation civique. La journée a débuté par une visite chez le Mogho Naaba Baongo pour assister au rituel du « faux départ », et s’est poursuivie au Mausolée Thomas Sankara, où le comédien-conteur, Pacôme Kaboré, a transmis aux enfants des valeurs patriotiques à travers l’art du récit.
Face aux perpétuelles mutations sociales, le Burkina Faso veut ressusciter ses repères traditionnels et ses valeurs identaires d’antan pour se reconstruire. Dans cet élan de reconstruction identitaire, le pays entend miser sur les tout-petits. C’est dans cette dynamique qu’a été célébrée ce vendredi, la 35e journée de l’enfant africain (JEA) sous le thème : « Investir dans l’enfant burkinabè, c’est bâtir une nation fière de ses valeurs ».
Selon le Directeur général de la communication et des médias (DGCM), Yirmalè Frédéric Somé, le déplacement à la cour royale du Mogho Naaba Baongo pour assister au rituel du « faux départ », s’inscrit en droite ligne avec le thème. Cette visite vise, dit-il, à inculquer aux plus jeunes les valeurs identaires burkinabè, gage d’une Nation prospère. « En marge de la JEA, il s’est poursuivi un certain nombre d’activités, dont la visite chez le Mogho Naaba, pour assister au » faux départ « , parce que le thème c’est : investir dans l’enfant bukinabè, qui est une action de valeurs. Et donc, qui mieux que les gardiens de la tradition des coutumes, pour inculquer, divulguer ses valeurs auprès des plus jeunes, qui sont l’avenir du Bukina Faso » a-t-il fait observer.
Il a ajouté que le Mogho Naaba Baongo a bien voulu, après ce faux départ, échanger avec les enfants, leur prodiguer des conseils sur comment devenir des hommes pleins de valeurs, qui défendent l’intégrité, le patriotisme, l’intérêt général. « Ils ont pu bénéficier des conseils du roi et de ses différents ministres », a-t-il signifié.
Toujours selon le DGCM Somé, la JEA, c’est aussi l’immersion aux valeurs politiques et idéologiques. « Après cela, nous avons mis le cap sur le Mausolée Thomas Sankara, parce que quand on parle de valeurs, c’est ici dans ce mausolée reposent des hommes valeureux. C’est donc, de bon ton que les enfants viennent s’abreuver auprès de ces hommes valeureux, connaître leur histoire, afin d’être eux-mêmes aussi des garants, pour pouvoir maintenir la dynamique qui est enclenchée, qui est le retour vers nos sources, nos valeurs », a-t-il fait savoir.
Pour la chargée de plaidoyer et partenariat de l’UNICEF Burkina, Nerwaya Syntyche Ouédraogo, cette double immersion culturelle et idéologique a permis aux enfants d’étoffer leurs connaissances sur la culture et l’histoire politique du Burkina Faso.
« En collaboration avec le MCCAT, nous avons amené les enfants vers les gardiens de la tradition dont le Mogho Naaba, afin qu’ils assistent au ‘faux départ’. 200 enfants étaient au palais, donc nous avons potentiellement 200 adultes qui peuvent transmettre ce qu’ils ont appris avec le Mogho Naaba à leurs enfants et construire un Burkina Faso fier de ses valeurs. Et parlant des valeurs, il était important que nous les amènions ici au mausolée Thomas Sankara pour qu’ils apprennent l’histoire et pour qu’ils soient briefés sur les valeurs que des enfants doivent avoir afin d’être des adultes fiers », a-t-elle ajouté.
Un plaidoyer fait au Mogho Naaba…
Après le faux départ, les visiteurs du jour, ont eu un tête-à-tête avec le Mogho Naaba Baongo. Ils ont demandé par la voix de Hermine Sylvana Bonkongou, à l’Empereur de plaidoyer pour eux auprès de l’autorité, afin de mettre un terme au mariage d’enfants. « On a parlé de la tradition avec le Mogho Naaba Baongo qui remonte depuis nos ancêtres. Nous avons parlé de la JEA, de la maltraitance et des abus faites aux enfants. Nous lui avons demandé de plaider pour nous les enfants afin qu’on puisse jouir de nos droits. On aussi parler du mariages des jeunes filles et de l’excision qui doivent être bannis de la tradition », a-t-elle dit au nom de ses camarades. « Nous avons également appris l’histoire de Thomas Sankara, tout ce qu’il a fait pour notre pays jusqu’à son assassinat », a-t-elle ajouté.
Quant-au comédien-conteur Pacôme Kaboré, il s’est satisfait d’avoir conté pour les enfants. Il a partagé avec eux les valeurs de solidarité, du vivre ensemble, et de la protection de l’environnement à travers le conte. « Le conte un outil pédagogique, de transmission légué par nos ancêtres. Célébrer une journée pour les enfants, c’est aussi leur rappeler comment on initiait et formait les enfants à travers le conte. Je me réjouis de cette initiative là », a-t-il dit.
Rappelons que la JEA est célébrée chaque année le 16 juin à travers tout le continent africain. Elle a été instituée en 1991 par l’Union africaine (UA), pour honorer la mémoire des centaines d’enfants tués et blessés lors du soulèvement de Soweto, en Afrique du Sud, le 16 juin 1976, ou des milliers d’enfants noirs ont écumé les rues de Soweto pour protester contre l’imposition de l’afrikaans comme langue d’enseignement dans leurs écoles.
Jean-François SOME
Minute.bf
