Le Centre national d’études stratégiques (CNES) a procédé à la remise officielle des prix aux lauréats de la 2e édition du Grand Prix de la Recherche stratégique. C’était le vendredi 18 juillet 2025 au cours cérémonie au siège de l’institution à Ouaga 2000.
Rahinatou Léila Salia et Mathieu Béré sont respectivement les lauréats junior et senior de cette 2e édition du Grand Prix de la recherche stratégique.
Le grand gagnant, Mathieu Béré avec : « The Islamic State in the Sahel : Understanding its internal and external dynamics and attack modalities », a également convaincu le comité scientifiques composés de chercheurs bien connus du Burkina et même de la sous-région ouest-africaine. Son œuvre analyse les dynamiques internes et externes et les modalités des attaques de l’Etat islamique dans le Sahel. Le lauréat qui vit aux États-Unis s’est fait représenter pour recevoir son prix composé d’un trophée, une attestation et un chèque de 5 millions de F CFA.
Quant à Rahinatou Léila Salia, elle a tapé dans l’œil du jury avec son œuvre : « L’Etat social à l’épreuve du terrorisme : analyse de la politique de prise en charge des familles de militaires décédés au front ». Elle a reçu également un trophée, une attestation et un chèque de 3 millions de F CFA, Dans son œuvre, Rahinatou Léila Salia a analysé la politique de prise en charge des familles des militaires décédés au front en questionnant la capacité de l’Etat de prendre soin de sa population, plus précisément des familles des militaires tombés au front. Elle a également examiné la reconnaissance de l’Etat envers le sacrifice des militaires qui risquent leurs vies tous les jours. Les instruments de prise en charge comme l’indemnisation, le quota accordé aux veuves des militaires pour qu’elles puissent avoir un emploi, celui pour la scolarisation des orphelins des soldats tombés au front et des projets en leur faveur ont aussi été passés au peigne fin par la lauréate junior de cette 2e édition du Grand Prix de la recherche stratégique.
Rahinatou Léila Salia a, à l’issue de l’analyse de la politique et des instruments de prise en charge des familles des soldats tombés, formulé des recommandations. Elle a notamment suggéré « un renforcement institutionnel, notamment une coordination plus renforcée des structures chargées de la prise en charge »; la mise en place place d’un « guichet unique » pour prendre en compte l’indemnisation des familles pour qu’elles n’aient pas à aller de gauche à droite chercher leur prise en charge.
« Des œuvres évocatrices pour leur pertinence contextuelle »
C’est justement tout cela qui a fait tomber le Directeur général du CNES, le Général Barthélémy Simporé, sous le charme des œuvres retenues. « Les titres de ces deux œuvres sont assez évocateurs de leur pertinence contextuelle et par conséquent, il m’importe de souligner qu’ils sont en parfaite cohérence avec la raison d’être de l’institution du Grand Prix de la Recherche scientifique », s’est-il satisfait.
Il a félicité le jury pour son « travail méticuleux et indépendant », qui a permis de retenir pour primer deux œuvres qui constituent « une important contribution à la réflexion » sur le phénomène du terrorisme, ainsi que des « voies et moyens de le combattre efficacement et de réduire leurs effets néfastes sur les populations ».
À la suite du Général Simporé, la DGA du CNES, Dre Sampala Balima n’a pas caché sa joie. La première édition n’a pas distingué de prix, les œuvres n’ayant pas été « à la hauteur des attentes ».
Pour cela, Dre Balima s’est montrée optimiste en ces termes : « c’est un très beau début pour le Burkina Faso pour lequel nous souhaitons une avancée énorme en termes de réflexions stratégiques ».
Pour leur part, les lauréats ont dédié leurs prix à toutes les victimes du terrorisme au Burkina Faso. Mlle Salia a eu une pensée particulière à l’endroit des familles de soldats tombés au front. Elle voit en cette distinction « le couronnement de deux années de travail ». Et mieux, pense-t-elle, « c’est un encouragement à continuer à réfléchir, à aller de l’avant ».
Sur ce point, le DG du CNES n’attendait pas moins des lauréats. Il leur a signifié qu’ils sont désormais des chercheurs associés au centre, les invitant à contribuer à la vulgarisation de ses productions.
De l’implication des Burkinabè pour la construction d’un Burkina stratège
Au-delà des lauréats, le Général Simporé a adressé un message à l’endroit de tous les Burkinabè, pour leur rôle dans la construction d’un Burkina stratège. Il a appelé toute la communauté académique du Burkina, les citoyens, les institutions à s’investir dans la réflexion stratégique. « C’est aussi une affaire de tous les citoyens (…) A l’échelle individuelle que chacun se sente concerner par la nécessité pour notre pays de développer la fonction de recherche (…) et surtout exploiter l’abondante littérature dans le monde. Notre futur, notre avenir dépendra de cela. Les grands pays qui ont émergé ont pu le faire parce qu’ils ont réfléchi longtemps à l’avance sur des projections de 30, 50 ans sur ce qu’ils voudraient devenir », a lancé le DG du CNES. Au plan sécuritaire, il a salué les efforts qui sont déjà accomplis par rapport au terrorisme. « Il y a eu du progrès dans la connaissance du phénomène. Dans la lutte nous avons accompli d’énormes progrès, parce que déjà, la souveraineté, prendre en charge notre propre destin était le premier pas à franchir et je pense que nous avons déjà accompli ce premier pas. Il faut donc prolonger par des deuxième, troisième, quatrième pas, à travers un engagement individuel de tous dans la réflexion pour soutenir les efforts de lutte », soutenu le Général Simporé qui prévient: « le salut ne viendra de nulle part, si ce n’est de nous ». Il a souhaité que tous ceux qui ont une connaissance, un diplôme, se sentent interpeller par la nécessité de produire de la réflexion stratégique, car dit-il, « c’est cela le chemin de la construction d’un Burkina stratège ».
« Le Burkina a besoin de femmes et d’hommes qui pensent en profondeur, qui questionnent l’évidence, qui éclaire la complexité », a insisté le Général Simporé. Pour ce faire, il a assuré : « le CNES restera a vos côtés pour offrir un cadre propice, exigeant et bienveillant à cette noble mission. Le CNES restera aussi engagé aux côtés des chercheurs, des étudiants et des institutions pour faire grandir la recherche stratégique au Burkina Faso ».
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Franck Michaël KOLA
Minute.bf
