Réunis dans la capitale ghanéenne le 22 novembre 2022, les chefs d’Etat et de Gouvernement de « l’Initiative d’Accra », se sont fixés un délai d’un mois pour rendre opérationnelle la force conjointe de cette « initiative », dont l’objectif est de venir en soutien aux pays touchés par le terrorisme. Depuis l’annonce de cette initiative, plusieurs observateurs ont exprimé leurs doutes quant à son efficacité dans la résolution du phénomène sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne. Au nombre de ceux-ci, figure le Colonel Auguste Denise Barry.
L’expert en sécurité dit ne pas avoir foi en l’efficacité de la force conjointe de l’initiative d’Accra, telle qu’elle est envisagée présentement. « Moi je ne crois pas à l’initiative d’Accra. Je ne crois pas au G5 Sahel. Je crois plutôt en des structures qui sont pérennes et qui doivent recevoir des moyens de nous-mêmes pour être operationnalisées », a-t-il déclaré.
De son avis, les États ouest-africains gagneraient à s’inscrire dans le modèle de l’ECOMOG (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group), qui avait été implémenté au Liberia. C’est d’ailleurs, d’après lui, la meilleure formule qui ait pu exister dans l’espace CEDEAO, en terme de force sous-régionale. « Jusqu’aujourd’hui, il n’y a pas eu une force qui ait réussi à imposer la paix dans un pays si ce n’est l’ECOMOG dans notre espace. On l’a vu au Liberia. On l’a vu en Sierra Leone. Aucune mission des Nations unies n’a pu faire cela ailleurs et cela a été du fait du leadership du Nigeria qui pendant près de dix ans a accepté de se sacrifier, de financer l’ECOMOG à 90% pratiquement », a relevé le colonel Barry.
Il a aussi invité les pays africains à sortir de l’addiction aux aides pour trouver eux-mêmes les solutions à leurs problèmes. « L’addiction à l’aide nous ramène à ce que j’ai appelé véritablement la dynamique de vente de notre pauvreté. Il faut qu’on sorte de cela et qu’on vende nos résultats. C’est ce qui va amener les autres à nous respecter. Les autres ont les mêmes problèmes, mais ce qui les diffère de nous, c’est qu’ils cherchent eux-mêmes les solutions à leurs problèmes, d’abord de façon interne. C’est ce qui doit caractériser notre stratégie aussi », a-t-il suggéré. Cette autonomie permettra, dit-il, d’éviter l’extraversion des stratégies des pays africains.
L’Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group (ECOMOG), ou Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO, est une force de maintien de la paix qui avait été mise en place en 1990 lors de la guerre civile du Libéria. Elle avait pour missions, entre autres, d’observer et de superviser les cessez-le-feu, de maintenir et de construire la paix, d’effectuer des interventions humanitaires, des déploiements préventifs et de désarmer et démobiliser les forces armées non régulières. En 2004, l’ECOMOG a été remplacée par la force en attente de la CEDEAO (FAC).
Oumarou KONATE
Minute.bf