Le gouvernement burkinabè, suite à la propagation du Covid-19 sur son territoire, a adopté un certain nombre de mesures de riposte dont la fermeture des grands marchés et yaars dans les différents foyers de propagation de la maladie. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la fermeture des marchés et yaars n’est pas sans conséquences pour les commerçants qui disent gagner leur pitance au jour le jour. Plus particulièrement en ce qui concerne les marchés de bétails, en plus des pertes quotidiennes qu’essuient des commerçants suite à la fermeture desdits marchés, il y a le problème de la survie des animaux qui se pose également.
« Nous avons un sérieux problème ici avec la fermeture du marché à bétail. Qui va prendre soin des animaux ? Ce ne sont pas des marchandises que l’on peut entreposer et s’éclipser », s’indigne un jeune commerçant au marché à bétail de Tanghin. « Vous voyez cette bête qu’on vient d’abattre », indexe-t-il presqu’en larme, « si j’allais la vendre, j’en tirerais 500 000 francs minimum. La bête faisait l’objet d’un suivi médical avant la mesure de fermeture du marché. N’étant plus suivi convenablement avec la fermeture de notre marché, je suis venu trouver que la pauvre bête agonisait ce matin. J’étais obligé d’appeler un bouché qui est venu me l’acheté à 150 000 franc à peine. C’est vraiment dur », explique-t-il.
« C’est la course poursuite entre nous et les policiers par moment ici et cela juste pour avoir accès au marché et s’occuper de nos animaux », a-t-il signifié. Ce marchand de bétails affirme que les policiers leur permettent de rentrer à 7h et à midi pour donner à manger et à boire aux animaux avant de ressortir. « Mais seulement, le problème est qu’une bête, ce n’est pas comme un humain qui mange et qui boit à l’immédiat. Si vous les laisser à elles-mêmes, elles peuvent s’attaquer et s’entre-tuer », a-t-il souligné. Au regard de tous ces problèmes, Harouna Compaoré, représentant des commerçants du marché à bétail de Tanghin a lancé un cri de cœur : « nous souhaitons que le gouvernement voit notre cas parce que c’est vraiment difficile. Si cette situation perdure, nous même nous risquons de mourir de faim parce que nous ne vendons plus et le bétail risque de mourir avant nous ».
Cette bête a été abattue parce qu’elle agonisait par manque de suivi médical
Ainsi, les supplications se suivent et se ressemblent, du marché de bétail de Paglayiri en passant par celui de Tampuy jusqu’à celui de Tanghin : « Avec cette fermeture, en fait, ils nous ont tout simplement dit d’aller mourir », a déploré le chef de marché à bétail de Paglayiri, Issaka Ouédraogo.
Le mal est profond et la pilule peine à passer
Cependant, à l’unanimité, tous reconnaissent la position du gouvernement qui « n’a guère le choix face à la propagation du Covid-19 », mais ce qu’ils déplorent c’est le « manque de concertations dans les prises de décisions et le manque de mesures d’accompagnement après les restrictions ».
Qu’à cela ne tienne, ces commerçants se disent impuissants face à la décision gouvernementale qui, reconnaissent-ils, vise à préserver leur santé. Les marchands de bétails, pour l’instant, victimes collatérales du covid-19, demandent un accompagnement du gouvernement que ce soit en vivre ou tout autre palliatif pour passer la période de crise.
En rappel, le gouvernement a procédé depuis le 26 mars dernier, à la fermeture de 36 marchés de Ouagadougou, des maquis, de tout lieu qui pourrait rassembler beaucoup de monde. Ces mesures ont été prises pour endiguer la propagation du Covid-19 qui a fait 14 morts au Burkina Faso, à la date du 30 mars 2020.
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf