Le 6 juillet 2025, à Rio de Janeiro, les BRICS ont clos leur 17e sommet sur une déclaration forte : un appel à une gouvernance mondiale plus inclusive, plus juste et davantage représentative des réalités contemporaines. Ce message prend tout son sens dans un contexte de tensions géopolitiques et de recomposition du leadership international.
L’événement est historique à plus d’un titre. D’abord par l’élargissement du groupe : l’Indonésie rejoint officiellement les BRICS, tandis que le Nigeria et l’Ouganda deviennent partenaires stratégiques. Un signal fort envoyé par le Sud global, qui entend désormais peser dans les décisions mondiales au même titre que les puissances occidentales. L’Afrique, longtemps marginalisée, apparaît désormais comme un pivot géopolitique incontournable.
Mais la dynamique des BRICS n’est pas du goût de tous. En marge du sommet, le président américain Donald Trump a convoqué à Washington cinq chefs d’État africains pour une réunion de « haut niveau ». Objectif : réaffirmer l’influence américaine sur le continent face à l’offensive diplomatique des BRICS. Une convocation perçue par plusieurs analystes comme une tentative de contre-feu, dans une guerre d’influence désormais assumée entre grandes puissances.
Car derrière les discours d’unité, c’est bien une bataille de modèles qui se joue. Les BRICS promeuvent une multipolarité plus équilibrée, fondée sur la coopération Sud-Sud, la réforme des institutions internationales et l’émergence d’alternatives au dollar. Les États-Unis, eux, défendent leur leadership historique et tentent de contenir l’expansion d’un bloc qui ne cesse de gagner en légitimité.
L’avenir dira si les BRICS parviendront à dépasser leurs différences internes pour devenir une force cohérente et influente. Mais une chose est certaine : Rio marque une étape majeure dans la redéfinition de l’ordre mondial. L’Afrique y tient désormais un rôle central. Et pour les grandes puissances traditionnelles, il ne s’agit plus de parler à sa place, mais de composer avec sa voix.
Dr Dramane Patindé KABORE, Enseignant-chercheur au CU-Dori et Journaliste-communicant