Cinq mois après la prise du pouvoir par le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), le Lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a fait son premier bilan ce 04 septembre 2022. Un bilan d’étape du processus de reconquête du territoire national au cours duquel le Chef de l’Etat burkinabè a noté « des avancées significatives dans la lutte contre le terrorisme ». Au lendemain de son discours, les commentaires vont bon train dans le milieu des Organisations de la Société civile burkinabè. Si pour certains, le discours-bilan des 5 mois du Président répond aux attentes des populations, pour d’autres par contre, il n’est pas assez étoffé en ce que son contenu ne présente pas clairement les avancées annoncées sur le terrain.

Marcel Tankoano, porte parole du Front de Libération Nationale
« L’essentiel a été dit…»
« Nous apprécions vraiment le discours du Président Paul Henri Sandaogo Damiba. C’est un bilan d’étape, un bilan à mi-parcours, c’est pourquoi on a l’impression que c’est mitigé. Mais c’est aussi ça la pluralité des Burkinabè. Il y en a qui apprécient et d’autres qui n’apprécient pas, c’est aussi ça la démocratie. Mais l’essentiel a été dit. Il a expliqué les conditions dans lesquelles ils sont arrivés au pouvoir, il a expliqué la réalité du terrain à l’heure actuelle, il a expliqué également ce qui reste à faire. A l’heure actuelle, il ne peut pas donner de chiffres parce que nous sommes toujours dans la dynamique de la guerre et nous ne savons pas quand est-ce que nous allons finir cette guerre là. De plus, à partir du moment où la guerre n’est pas encore finie, on ne peut pas faire de bilan. Il faut même se méfier des bilans. Lorsque vous êtes en train de donner un bilan et que ce bilan s’avère positif, il peut y avoir des actions de sabotage qui vont venir mettre à nu votre bilan. Dans la dynamique d’une guerre asymetrique comme ce que nous sommes en train de vivre, il faut faire très attention. Il faut seulement dire l’essentiel et c’est ce qui a été fait«

Serges Imhotep Bayala, Président du cadre deux heures pour nous, deux heures pour Kamita
« On a vu un discours censé être un bilan se faire remplacer par un cours d’histoire et de moralisation publique… »
« On a vu ce discours censé être un bilan se faire remplacer par un cours d’histoire et de moralisation publique. Moi personnellement, je n’ai pas vu un bilan. Ce à quoi on s’attendait, c’est de nous dire quel était l’état de gravité de la situation en terme de zones occupées et quelles sont, depuis sa prise de pouvoir jusqu’à aujourd’hui, les zones qui ont été rétablies. On s’attendait à ce qu’hier dans le bilan, on nous dise qu’il y avait tel nombre de villages où de communes où l’administration et l’autorité de l’État n’étaient plus présentes et où, avec le travail de reconquête du territoire qui a été fait, on a pu reconstituer l’administration, installer un détachement de sécurisation durable et les populations y sont retournées. Mais on n’a pas observé cela. Sur le plan des Personnes déplacées internes, on ne nous a pas dit combien ils étaient quand ils prenaient le pouvoir et ils sont combien de déplacés qui restent dans les camps de réfugiés après les cinq mois de gestion. N’ayant pas constaté cela, il est clair que le chef d’État à plutôt fait un discours d’intention. Et nous hésitons encore à lui confier notre confiance pour les cinq mois à venir« .

Lassané Sawadogo, coordinateur du mouvement Front de Défense pour la Patrie (FDP)
« Un bilan doit normalement nous montrer ce qui a été fait, là où on a réussi, là où on n’a pas réussi (..) ça n’a pas été le cas »
« Pour celui qui a eu la chance de faire la classe de 3e à la 1ère, il comprendra que ça c’est un discours d’orientation, mais pas un bilan. Le président n’était pas en mesure de nous donner les informations claires donc il a préféré faire un discours d’orientation pour nous dire seulement ce qu’il a fait et ce qu’il compte faire. Un bilan doit normalement nous montrer ce qui a été fait, là où on a réussi, là où on n’a pas réussi et les enjeux de ce que nous allons faire dans les années à venir pour réussir. Mais c’était pas le cas. Dans son discours il a aussi parlé de la coopération avec des partenaires fiables. Nous, nous pensons que c’est des choses qui ne se disent pas dans la bouche mais qui doivent se réaliser sur le terrain et tout le monde va voir« .

Pascal Zaïda, Coordinateur de la Coordination nationale pour une Transition réussie (CNTR)
« C’est un discours patriotique…»
« Ce qu’il faut retenir dans le message du Président Damiba c’est qu’il a situé les responsabilités de façon collective. Tous sommes comptables de la situation que le pays a vécue jusqu’au 24 janvier et à partir de là il a décrit les différents mobiles et les avancées qu’on a aujourd’hui. C’est vrai qu’il n’a pas donné de chiffres mais les résultats présents témoignent qu’il y a déjà de réelles avancées dans la reconquête du territoire national. Je pense que c’est un discours patriotique que le président Damiba a livré parce que quand vous l’écoutez, on n’a pas le sentiment que c’est un discours partisan et ça c’est très bien pour le Burkina. Quand vous l’écoutez également, je pense que dans les jours à venir, ils vont bander les muscles, le pays va reprendre sur les bons rails. Maintenant ceux qui ne veulent pas travailler, ceux qui ont volé et pillé le pays, vont évidemment répondre et surtout la classe politique qu’il faut réorganiser et refonder. Que les gens le veuillent ou pas, moi j’ai foi que d’ici début janvier comme il l’a promis, les gens seront édifiés« .
Propos recueillis par Oumarou KONATE
Minute.bf