Dans le but de limiter la propagation de la maladie à coronavirus, le Président du Faso a décrété un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire depuis le 21 mars 2020, ce, jusqu’à nouvel ordre. Dans cette période de restriction pour certains citoyens, la question de la sécurité des personnes et des biens revient avec force. C’est le constat que www.minute.bf a fait dans la soirée du jeudi 16 dernier avril dans le quartier Patte-d’Oie de la ville de Ouagadougou.
Attroupement, agitations, injures et appels à la modération entrecroisés, à une quinzaine de mètres de la voie principale, au quartier Patte d’oie de Ouagadougou, ont attiré notre attention. Il était 19 h 35 minutes. Nous étions en plein couvre-feu. Mais ce brouhaha ne nous laisse pas indifférent. Nous nous approchons pour comprendre.
« Ce sont ces 2 voyous là. Je faisais ma prière quand sans dire bonsoir, l’un d’entre eux a quitté la route pour foncer sur moi. Je lui ai demandé qu’est-ce qui se passe et il m’a répondu, tout en dandinant, qu’il est, lui aussi, résident du quartier », nous raconte le vieux, un vigile victime de l’incident, qui tire la conclusion que ces jeunes « sont des voleurs ». Il raconte que le principal suspect et son acolyte lui ont même proféré des injures.
Les bruits ayant alors alerté les jeunes du quartier, ces derniers sont sortis et ont pris la défense des vigiles. C’est ainsi que les coups sont partis sur le principal suspect qui lui, sac en bandoulière, tentait de se justifier en expliquant qu’il est un vendeur ambulant et non un voleur comme le font croire ses agresseurs.
Pourtant, ce n’est pas ce que nous a confié un des jeunes du quartier. « Nous les connaissons, ils sont dans le quartier. Et l’autre qui essaie de modérer son ami est un voleur connu de tous ici. Avec d’autres amis, ils ont leur base à la nouvelle gare de Ouaga-inter. A cause du couvre-feu, ils ont été délogés par les forces de sécurité et ils descendent les soirs dans le quartier », nous a expliqué ce dernier avant d’ajouter: « ce sont des drogués, voyez-vous même comment ils marchent en dandinant ».
Quelques instants après, les présumés voleurs, libérés, visiblement sous l’emprise d’excitants, avançaient en dandinant et clamaient toujours leur innocence tout en maugréant qu’ils ont aussi des familles à Ouagadougou comme les autres.
L’insécurité s’est accentuée pendant cette période du couvre-feu à Ouagadougou
Un autre jeune du quartier Patte-d’oie nous explique que son quartier est en insécurité depuis le début du couvre-feu. « Rien qu’avant hier, des voleurs se sont introduits chez nous à la maison et ont pris deux de nos téléphones », nous a-t-il confié, pendant qu’un autre résident du même quartier faisait cas de vols récurrents de batteries. Par ailleurs, avec l’incident de ce jour, notre interlocuteur, tout en appréciant les efforts fournis par les Forces de sécurité dans la lutte contre le grand banditisme à Ouagadougou, note tout de même un problème d’effectif qui ne facilite pas la couverture de toutes les zones par la police. Il a ainsi exprimé sa crainte quant à d’éventuelles représailles des 2 suspects contre les vigiles.
Les vigiles, toujours dans la crainte, disent tourner le regard vers Dieu pour leur sécurité. « C’est Dieu qui nous protège », a déclaré le vigile. « Le commissariat (de la Patte d’oie) est juste à côté mais une fois, nous avons attrapé un voleur, nous avons appelé le commissariat mais ils ne sont pas venus », a regretté le second vigile.
Ainsi, se pose la question de la sécurité des personnes et des biens pendant la période du couvre-feu qui, faut-il le rappeler, a été prolongé depuis le 5 avril dernier jusqu’à nouvel ordre, sur toute l’étendue du territoire national.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf
Les forces qui font l’opération de couvre-feu ne sont pas compétent