jeudi 21 août 2025
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Coup d’Etat au Burkina : « Il faut aller vers une mise à mort de notre constitution de la 4e République » (Pr Djibrihina Ouedraogo)

Le 30 septembre 2022, le Burkina Faso a été secoué par un deuxième coup d’Etat après celui du 24 janvier 2022. Ce coup de force a été marqué par une énième suspension de la constitution de la 4e République. Toute chose qui vient, selon le Pr Djibrihina Ouedraogo, enseignant chercheur en droit, remettre une fois de plus en cause la sacralité de cette constitution censée régir toute action dans une République.

Selon le juriste Djibrihina Ouedraogo, enseignant-chercheur en droit, les événements de ces dernières années viennent poser la nécessité d’un remodelage constitutionnel au Burkina Faso. De son avis, du fait des réalités actuelles, il faut aller vers un dispositif plus cohérent. « Il faut aller vers une constitution de Transition (…), une petite Constitution plus adaptée à nos réalités ici au Burkina Faso », propose le professeur pour qui, il faut tirer toutes les conséquences de « l’échec » de la constitution de la 4e République.

« La Constitution a échoué en ce sens qu’en moins de 10 ans elle a connu trois suspensions. Ça nous met dans une sorte de tradition qui fait qu’on est habitué à cela. Si on veut garantir l’Etat de droit, il faut qu’on ramène dans l’esprit des gens que la constitution est une norme sacrée. Ce qui permettrait d’asseoir la légitimité de cette constitution (…) Il faut aller vers une suspension définitive pour ne pas dire une mise à mort de notre constitution de la 4e République. Elle a beaucoup servi mais elle n’est plus d’actualité », a avancé le Professeur expliquant que cette « petite Constitution » devra contribuer à mettre en place un dispositif simplifié mais exigeant. « Elle doit par exemple prendre en compte les exigences relatives à la protection des droits fondamentaux contenus dans l’actuelle constitution ».

Sur la question des organes à mettre en place pour accompagner l’exécutif dans cette deuxième phase de la Transition, le conférencier préconise l’institution d’un « Conseil moral de la Transition» au détriment de l’assemblée législative de Transition (ALT). Un Organe qui pourrait se composer des autorités morales de ce pays. « On a vu que le coup d’État a été dénoué par la chefferie traditionnelle et religieuse, pourquoi ne pas aller vers ces personnes pour former une sorte d’organe de consultation ?», propose-t-il.

En dehors de cela, Pr Djibrihina Ouedraogo propose la mise en place d’une « délégation morale de la Transition» composée de personnes déléguées par les différentes couches sociales, qui pourrait siéger temporairement lorsque le besoin se présente, pour évaluer et juger les actions de l’exécutif. « Un organe devant lequel l’exécutif aura un rôle de redevabilité. C’est vrai, on dit qu’il ne faut plus aller vers une ALT mais, il ne faut surtout pas aller aussi vers un pouvoir absolu qui serait concentré entre les mains de l’exécutif», a-t-il soutenu.

Rapelons que des assises nationales sont convoquées avec les forces vives de la Nation, les 14 et 15 octobre prochains pour choisir le nouveau Président de la Transition et décider des organes à mettre en place pour la conduite de cette deuxième phase de Transition au Burkina Faso. Ces assises devraient également permettre la rédaction d’une nouvelle Charte de la Transition.

Oumarou KONATE

Minute.bf

2 Commentaires

  1. Pr. Djibrina, sans vous contester , j’aimerai attirer votre attention sur un fait. Quelque soit la qualité de notre constitution, si les hommes n’ont pas reçu une éducation civique à la hauteur de nos ambitions , ça ne passera pas.
    C’est un malaise social qui puise ses origines dans une éducation en crise avec la chute des valeurs. Prenons par exemple la montée du terrorisme. Comment comptez-vous dans une nouvelle constitution contourner ce phénomène ? Quand surtout les fils d’une même nation se liguent avec des forces de l’ombre pour attaquer et tuer leurs propres frères et soeurs?
    Inutile de créer des commissions pour élaborer un document pour lequel la culture de son dévoyée.

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