Depuis leur rétablissement en 2018, les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la Chine, respirent la santé. Cela, à travers les initiatives de part et d’autre pour rapprocher davantage les peuples des deux pays. Dans ce sens, en séjour dans l’Empire du Milieu, à l’occasion de la 8e édition du festival de la jeunesse Chine-Afrique 2024, Nebnoma Émile Franck Guissou, Doctorant en Médecine à l’Université Joseph Ki-Zerbo et certifié en diplomatie sanitaire, a conduit un plaidoyer auprès des autorités chinoises au bénéfice du système de santé et du secteur de la recherche en sciences de la santé au Burkina Faso. Ce plaidoyer, s’il aboutissait, permettrait l’investissement de 20 000 000 000 de Francs CFA dans le secteur de la recherche en sciences de la santé au Burkina Faso et dans le système de santé en général. Ce qui améliorerait considérablement l’offre sanitaire national et permettrait au Pays des hommes intègres d’amorcer sa souveraineté sanitaire. Dans cette interview qu’il a accordée à Minute.bf à son retour au pays, Nebnoma Émile Franck Guissou revient sur son séjour en République chinoise et sur la pertinence de ce plaidoyer.
Minute.bf : Bonjour. Veuillez vous présenter à nos lecteurs !
Nebnoma Émile Franck Guissou : Je suis Nebnoma Émile Franck Guissou, Doctorant en Médecine à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ). Je suis certifié en diplomatie sanitaire et sur les expériences de développement de la Chine pour les pays francophones d’Afrique.
Minute.bf : Récemment vous étiez en Chine où vous avez représenté le Burkina Faso à la 8e édition du forum de la jeunesse Chine – Afrique. De quoi s’agit-il ?
Nebnoma Émile Franck Guissou : J’ai eu la chance et l’opportunité d’être invité en Chine pour représenter mon très cher pays, le Burkina Faso, à la 8e édition du festival de la jeunesse Chine-Afrique 2024. C’est une grande rencontre entre la jeunesse africaine et celle chinoise pour discuter de l’avenir de l’amitié sino-africaine et des perspectives d’actions qu’il y aura à mener.
Ce festival consiste à encourager les jeunes à s’investir dans les échanges entre la Chine et l’Afrique. Il vise également à créer un cadre de dialogue constructif qui va permettre de tracer des pistes d’actions pour des perspectives de renforcement des liens d’amitié entre la Chine et l’Afrique. Il a été co-organisé par le ministère des affaires étrangères de la Chine, la fondation Soong Ching Ling et le gouvernement provincial de Shandong.
Cette expérience a été très enrichissante parce que nous avons découvert la Chine dans son développement gigantesque. Au-delà de cela, nous avons été en contact avec les Chinois. Ce sont des personnes qui sont très respectueuses, qui sont humbles et aussi sont très travailleuses. Donc, le contact avec le peuple chinois était très constructif et je reviens avec des souvenirs très agréables de mon séjour en Chine. Nous avons visité des hauts lieux emblématiques, des institutions étatiques. C’était vraiment des moments très enrichissants et des moments d’apprentissage.
Nous avons découvert la culture chinoise qui montre à quel point, ils se sont inspirés de leurs valeurs culturelles pour développer leur pays. Je parle tout de suite du travail, de la loyauté, de l’engagement et de l’amour pour sa patrie. Ce sont sur ces valeurs culturelles qu’ils se sont basés pour développer leur pays. Ce sont des exemples sur lesquels on peut s’inspirer pour développer notre pays, le Burkina Faso.

Minute.bf : Durant votre séjour, vous avez conduit un plaidoyer. Dites-nous en plus?
Nebnoma Émile Franck Guissou : Lors de notre séjour en Chine, pendant le festival, il y a eu un moment phare : le dialogue entre la jeunesse africaine et celle chinoise. C’est lors de ce dialogue que j’ai eu l’opportunité d’avoir mon temps de discours. Etant étudiant en médecine, j’ai introduit un plaidoyer au bénéfice du système de santé, du secteur de la recherche en Sciences de la santé.
Ce plaidoyer, je l’ai introduit en fonction de quelques résultats scientifiques récents que le Burkina Faso a eu en matière de recherche en sciences de la santé. Je pense à la découverte du vaccin contre le paludisme avec le Pr Halidou Tinto et de façon un peu plus lointaine au FACA, un phyto-médicament qui permet de lutter contre la drépanocytose qui a été formalisé et développé par l’équipe du Pr Innocent Guissou. Ces résultats scientifiques étaient, pour moi, des arguments pour plaider auprès de la Chine en faveur d’un investissement de 20 000 000 000 de Francs CFA dans le secteur de la recherche en sciences de la santé au Burkina Faso et dans notre système de santé en général.
Aussi, les motivations de ce projet sont focalisées sur les insuffisances du sous-financement de notre système de santé en général. Nous avons aussi l’insuffisance du plateau technique dans nos hôpitaux et dans nos instituts de recherche en sciences de la santé. Et vous n’ignorez pas que le budget national de la santé exercice 2024, est de 330 600 000 000 F CFA soit 11,9% du budget total. Ce qui est loin des recommandations de la déclaration d’Abuja où les gouvernements africains se sont engagés à allouer au minimum 15% de leur budget à la santé. Mais je voudrais néanmoins féliciter les autorités sanitaires de mon pays, le Burkina Faso, qui s’emploient quotidiennement à relever ces chiffres et à améliorer l’offre de soins de santé.
Donc c’est sur la base de ces éléments, que j’ai élaboré mon projet de plaidoyer, qui consistait à solliciter un investissement de 20 000 000 000 de F CFA de la part de la Chine dans le système de santé du Burkina Faso, dans la recherche en sciences de la santé du Burkina Faso. C’était ce en quoi consistait mon projet de plaidoyer.
Vidéo – Voici la quintessence du plaidoyer
Minute.bf : Au cas où votre plaidoyer aboutissait, comment cela va impacter les populations à la base ?
Nebnoma Émile Franck Guissou : Ce projet va permettre dans son ensemble au Burkina Faso d’amorcer sa souveraineté sanitaire, pour qu’à moyen et à long terme, le Burkina Faso, puisse être capable de fabriquer ses propres médicaments, de fabriquer ses propres vaccins et de fabriquer ses propres dispositifs. Ce qui fera du Burkina Faso un hub pharmaceutique de la sous-région ouest-africaine et même une référence mondiale en matière de santé.
Aussi, ce qu’il faudra retenir, c’est que ce projet va permettre de relever un défi majeur, le défi bien-sûr de la démarche qualité de notre système de Santé. Donc à mon humble avis, l’un des défis majeurs de la médecine au Burkina, comme partout en Afrique, n’est pas seulement que d’éclore des hommes de qualité en médecine, mais aussi de qualifier notre système de santé, de qualifier nos Instituts de recherche en sciences de la santé.
Pour l’instant, nous n’y sommes pas, mais le fait de le penser et de l’ambitionner, c’est déjà un pas. Donc à long terme, cela va permettre d’améliorer l’offre de soins au profit de la population.
Minute.bf : Avez-vous bénéficié de l’accompagnement des premières autorités pour mener ce plaidoyer ?
Nebnoma Émile Franck Guissou : De retour de la Chine, nous avons introduit le projet auprès de l’ambassade de la République populaire de Chine et nous sommes dans une démarche pour obtenir des audiences auprès des autorités burkinabè pour avoir leur soutien sur le projet, leur accompagnement, leur caution, afin que nous puissions obtenir davantage de regards de partenaires, sinon des autorités chinoises. L’ambassade de Chine était très enthousiaste de réceptionner le projet et nous sommes dans l’espoir qu’il y ait une suite favorable pour la réalisation du projet. Nous mettons ce projet dans les mains de Dieu en espérant qu’il puisse mettre sa bénédiction dessus.
Le voyage a été entièrement pris en charge par les autorités chinoises. Notre séjour et tout ça a été pris en charge par les autorités chinoises qui nous ont invité là-bas. Et donc, comme on a eu la chance de représenter le pays, on a donc profité introduire un projet au bénéfice du pays.
Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit du peuple burkinabè et de ses autorités ?
Nebnoma Émile Franck Guissou : Le message que j’ai, c’est de d’abord de transmettre ma gratitude à la République populaire de Chine pour le soutien qu’elle apporte au développement du Burkina Faso. Et depuis la reprise des relations diplomatiques en 2018, la Chine a constamment soutenu le Burkina Faso, particulièrement dans le secteur de la santé. Nous avons l’hôpital de Bobo-Dioulasso qui est en cours de construction d’une valeur de 60 000 000 000 de F CFA avec une capacité de 500 lits d’hospitalisation qui sera bientôt offert au Burkina Faso sous forme de don de la part de la Chine.
Nous avons eu six missions médicales chinoises qui ont été envoyées successivement au Burkina Faso. Nous sommes actuellement à la sixième mission médicale chinoise qui travaille à offrir des soins de qualité aux populations burkinabè. La Chine a constamment soutenu le Burkina Faso, je pense à la période de la COVID-19, où, elle a envoyé des doses de vaccin au Burkina Faso et du matériel médico-technique. Cette excellence des relations entre le Burkina Faso et la Chine, me permet de saisir l’opportunité de votre micro pour traduire mes sincères remerciements à la Chine pour son accompagnement soutenu et continu au Burkina Faso dans son développement.
À l’endroit des autorités burkinabè, ce projet, il est au bénéfice de l’État burkinabè. Il est réalisable, il pourra permettre de consolider davantage les liens d’amitié entre le Burkina Faso et la Chine. Ce projet sera mutuellement bénéfique car il ne sera pas seulement au bénéfice de la santé des populations burkinabè, mais sera au bénéfice de la santé mondiale. Donc le message que j’ai à dire, est qu’il y a des perspectives d’actions de consolidation entre la Chine et le Burkina Faso. Et j’ai bon espoir que l’avenir est radieux pour notre coopération avec la Chine et il y a de très belles perspectives à venir, de très grandes réalisations. Ce que je peux dire est que ce projet est réalisable, il est à la portée des deux partenaires. La Chine est un partenaire conséquent pour la réalisation de ce projet, et le Burkina Faso est également un partenaire conséquent parce que ce projet est mutuellement bénéfique.
Propos recueillis par Oumarou KONATE
Minute.bf