« Café juridique », cette compétition de plaidoiries des étudiants en faculté de droit, a refermé ses portes, le samedi 21 janvier 2023 à Ouagadougou. Au départ, 48 candidats ont pris part à cette compétition débutée en mai 2022. Seulement 04 ont réussi à se hisser en finale de la 4e édition de « Maître vous avez la parole ». Abdoul Rachid Tiemtoré, étudiant en droit à l’Université Thomas Sankara est celui qui a convaincu le jury pour s’adjuger le Graal. Cette initiative est à mettre à l’actif de l’Unité de formation et de recherche en sciences juridiques et politiques (UFR/SJP) de l’Université Joseph Ki-Zerbo, en partenariat avec Swiss Umef University of Burkina.
« Café juridique », pensée et créée en 2012 par Sanson Dabiré, avec d’autres camarades, est une compétition de perfectionnement des étudiants en faculté de droit. Au « Café juridique », les apprenants du droit sont initiés aux « codes du déroulement pratique » de l’exercice du droit, cas par cas et en fonction des tribunaux et juridictions. C’est donc une tribune d’expression, dira le juge Boukary Sawadogo, président du « Café juridique ». Selon ce dernier, le Café a atteint l’âge de la maturité, 10 ans après sa création. Boukary Sawadogo a, en outre, déploré que peu après sa création et après une série de transitions, le Café soit tombé dans « une léthargie » puis relancé en 2019.

En terme d’acquis, « les étudiants ont pu être mis en réseau. Des professionnels de droit ont accompagné les apprenants de droit. Grâce au Café juridique, les étudiants sont rentrés facilement en contact avec des greffiers, avocats et magistrats. Le Café a ouvert la porte des juridictions aux étudiants. Un prix d’excellence est décerné à l’endroit des majors de promotion. Chaque meilleure fille de promotion est récompensée. Également, le Café a pu faire des recommandations et bénéficié de l’accompagnement des aînés en droit. Les meilleurs étudiants ont été envoyés en Egypte pour un concours, par exemple. Et enfin, le Café a pu tisser un partenariat avec Swiss Umef University of Burkina », a énuméré le président du « Café juridique ».
Pour les projections sur les 10 années à venir, il s’agira, selon Dr Sanson Dabiré, membre du Café, de continuer à mener : « des activités classiques, les débats juridiques, les récompenses des meilleurs étudiants ; animer une permanence juridique par les étudiants, initier une clinique juridique sur les droits des personnes vulnérables et instaurer une journée de métier de droit ».

Pour le Président du conseil d’administration (PCA) de Swiss Umef University of Burkina, Martin Bansé, « Maître vous avez la parole », est un cadre d’expression de l’excellence. La culture de l’excellence est un facteur boost au niveau des Unités de formation pour inciter les apprenants à se surpasser, estime-t-il.
« Les excellents sont à imiter. Imitez l’excellence pour être demain des excellents. À vous chers apprenants, travailler toujours pour exceller dans vos domaines. Devenez des bons avocats, des bons professionnels du droit », a exhorté Martin Bansé aux étudiants. C’est du moins, les motivations qui ont poussé Swiss Umef University of Burkina, à soutenir le Café juridique.

Abdoul Rachid Tiemtoré, champion de la 10e édition de « Maître, à vous la parole »
65/80 points, c’est la totalité des points récoltés par Abdoul Rachid Tiemtoré pour devancer ses adversaires et s’adjuger le Graal de la compétition « Maître vous avez la parole ». Il s’est agit pour les 4 finalistes, Soungalo Sanon, Abdel Nasser Maïga, Tiemtoré Abdoul Rachid de l’Université Thomas Sankara et Hassoume Natama de l’Université Saint Thomas d’Aquin, de plaider en 2 manches de 5 minutes sur des cas ayant trait au code civil et pénal. C’est sur la base des critères notés sur 40 points que le jury composé de 3 membres et dirigé par Justin Ouédraogo, juge au Tribunal de travail, a départagé les candidats.
Avec une note de 65/80 points, obtenue à l’issue de la compétition, Abdoul Rachid Tiemtoré a été déclaré vainqueur devant Soungalo Sanou, classé 2e avec 55,53/80. Abdel Nasser Maïga et Natama Hassoume, respectivement classés 3e et 4e ferme la marche. L’heureux vainqueur, M. Tiemtoré, a exprimé toute sa joie et sa reconnaissance aux initiateurs de cette compétition. Il a adressé ses encouragements aux candidats malheureux et les a incités à continuer le travail. « Je ressens de la joie car mes efforts ont été récompensés. La suite c’est de maintenir le cap et viser des compétitions internationales. Je pense que dans l’ensemble, le niveau était bon. J’exhorte les autres étudiants à prendre part à ce genre de compétition parce que c’est très formateur », a déclaré Abdoul Rachid Tiemtoré.
Le parrain, Me Ambroise Farama, s’est réjoui de l’effort de l’argumentaire, de l’éloquence des candidats. « J’ai pu remarquer qu’ils n’ont pas eu de stress, ce qui est déjà une grande qualité. Il y a un effort à faire, c’est de trouver les termes et mots justes en droit », a-t-il exprimé.

Me Farama a ainsi prodigué des conseils aux étudiants. « C‘est plutôt le jury que vous devez convaincre. Il ne faut pas donner dos au jury. Il faut fixer le jury et au fur et à mesure vous devez ajuster votre argumentaire si vous sentez que le jury n’est pas convaincu. Dans le fond, j’ai été séduit par l’audace de certains candidats. Je trouve que chacun a fait l’effort de soutenir sa position. Cela montre que le niveau est acceptable. Il y a deux choses à rechercher dans les plaidoiries : convaincre et séduire. Convaincre par le silence. Parler et savoir se taire pour que les juges sachent où vous partez. Ensuite, la séduction. Plaider c’est séduire. Il faut séduire le jury. Cela peut être dans l’ironie, dans l’intonation… »
Le vainqueur, Abdoul Rachid Tiemtoré, est reparti avec une enveloppe financière, un roman de l’Université Swiss Umef University of Burkina, une attestation, des ouvrages, une enveloppe financière du parrain Me Ambroise Farama et un trophée. Les candidats malheureux sont repartis avec une enveloppe financière de l’Université Swiss Umef University of Burkina et du parrain, une attestation et des ouvrages.

Des attestations de participation ont aussi été remises aux candidats demi-finalistes. Des attestations de remerciement ont été remises aux personnes ressources qui ont accompagné la compétition. Un vibrant hommage a été rendu au Dr Luc Marius Ibriga, enseignant de droit décédé fin décembre 2022.
Mathias Kam
Minute.bf