Les propriétaires des terrains non-lotis du village de Bendatoega dans la commune de Pabré, réunis au sein de l’Association Zaknooma pour le droit au logement (AZALO) étaient face à la presse, ce dimanche 21 mai 2023, pour disent-ils, dénoncer une « prédation » de leurs terres évaluées à environ 1 200 hectares, par une société immobilière.
Les faits remontent à l’année 2017, selon les conférenciers. A cette date là, disent-ils, la société immobilière « Intelligence immo » avec à sa tête M. Raphaël Pikbougoum, aurait déposé ses valises à Bendatoega avec un projet de lotissement. Les propriétaires terriens étaient alors composés de trois catégories de personnes en l’occurrence les autochtones du village, les propriétaires d’hectares et les propriétaires de terrains à usage d’habitation communément appelés non-lotis qui constituent du reste, la composante la plus majoritaire.
Pour ce faire, selon les conférenciers, en vue de pouvoir procéder légalement au lotissement, la société devait requérir l’accord exprès des trois composantes. Lequel accord devrait, d’après eux, se matérialiser en principe, par la signature conjointe d’un acte de constatation de possession immobilière entre les représentants respectifs des autochtones du village, des propriétaires d’hectares et des propriétaires de terrains non-lotis qu’ils sont. Ce qui n’a pas été le cas selon eux.

« M. Raphaël Pikbougoum, dans le processus d’acquisition des documents légaux en vue de la réalisation du projet, principalement, l’acte de constatation de possession immobilière, a malicieusement et subtilement évincé les propriétaires de terrains non-lotis qui représentent pourtant plus de la moitié des habitants du village de Bendatoega et qui sont réunis au sein notre association », a relevé Abdallah Ouédraogo, Chargé des affaires juridique de l’association AZALO, par ailleurs porte-parole des conférenciers.
A l’en croire, les multiples tentatives d’entrer en contact avec le responsable de la société immobilière en question ont été sans succès. « Ce n’est qu’à la date du 5 novembre 2022, que nous avons été officiellement reçus pour la première fois par M. Pikbougoum; soit cinq années plus tard », ont fait savoir Abdallah Ouédraogo et ses camarades, qui disent avoir alors, réussi après plusieurs négociations, à obtenir de ce dernier, « des engagements qu’il a formulés oralement tout en évitant toute forme écrite » en dépit de leur insistance. Ces promesses consistaient essentiellement selon leurs dires, en « l’intégration de quelques membres de [leur] association au comité de suivi, à l’instar des trois autres parties prenantes au projet à savoir les autochtones, propriétaires d’hectares et la société intelligence immobilière; la mise à disposition de [leur] association du registre des deux derniers recensements; la mise à disposition de la liste des promesses d’attribution des membres de [leur] association; le fait que chacun sera personnellement et directement attribué de sa parcelle par la société Intelligence Immobilière contre signature et paiement des frais; l’insistance sur la modestie des frais; les attributions des parcelles au plus tard le 31 Mars 2023 selon des critères bien connus; la continuation des pourparlers en vue de la fixation des frais, conformément à la volonté des parties ». Toutefois, aux dires des riverains, ces promesses n’ont jamais été tenues par le premier responsable de la société.

Au demeurant, ont-ils déploré, la société aurait poursuivi ses activités dans le village au grand dam de leurs revendications. « Actuellement, tout le village de Bendatoega est parsemé par des bornes ; même dans les concessions des habitants alors qu’aucune promesse écrite n’a été faite par M. Raphaël Pikbougoum au propriétaires des terrains non lotis réunis au sein de notre association », a décrié le porte-parole des habitants de Bendatoega. Pis, selon lui, le premier responsable de la société « Intelligence Immo » favoriserait les autochtones au détriment des propriétaires des terrains non-lotis.
« La quasi-totalité des autochtones et propriétaires d’hectares a déjà reçu leurs parcelles alors qu’aucun des membres de notre association n’a reçu la sienne. Aucun des autochtones du village ne paie un centime pour acquérir sa parcelle sauf les taxes foncières alors que M. Raphaël Pikbougoum impose au membres de notre association, propriétaires de terrains non lotis les prix exorbitant de 500 000, 1 000 000, 1 500 000 francs CFA respectivement pour les terrains bâtis achevés (habités ou non, clôturés ou non), les terrains bâtis inachevés et les terrains nus. Pourtant, nous sommes tous au même titre que les autochtones des propriétaires de nos terrains non-lotis par le fait de l’achat », a deploré M. Abdallah Ouédraogo qui dit craindre que cette « discrimination sociale » ne détériore le vivre-ensemble entre les habitants de Bendatoega et ne constitue une « poudrière ».

Face à tout cela, les conférenciers ont appelé les autorités compétentes en l’occurrence le Ministre de l’Urbanisme, des Affaires foncières et de l’Habitat à « prendre des mesures urgentes pour suspendre le processus du projet en cours, le temps de permettre de trouver un consensus » entre les différentes parties.
Oumarou KONATE
Minute.bf
Pour dire que tout ça sais par ce que vous n’avez pas perçu quelque chose pour le moment. Huum
Une lutte pour le ventre