Le commandant Guy Siessan Hervé Yé, commandant du groupement de la gendarmerie départementale de Koudougou, a animé un panel à l’occasion du cinquième webinaire organisé par EducommunicAfrik le vendredi 2 septembre 2022 autour du thème : « Collaboration entre FDS et populations dans la lutte contre l’extrémisme violent : Quelle contribution de la jeunesse sur les réseaux sociaux ? ». Ce webinaire a enregistré en ligne une dizaine de participants.
La guerre contre le terrorisme au Burkina Faso ne cesse de développer, de la part des autorités et des forces de défense et de sécurité (FDS), des initiatives à même de faire face à cette lutte dite asymétrique. Des initiatives militaires ont été multipliées dans ce sens. Mais, au delà de l’aspect militaire, la lutte devrait impliquer toutes les populations. C’est la conviction du commandant de gendarmerie Guy Yé. « Les FDS n’arriveront jamais seules à bouter le terrorisme », a ainsi rappelé le commandant Yé. De son explication, la réponse militaire à elle seule ne pourrait pas sauver ce pays qui a perdu « plus de 500 FDS » (militaires, gendarmes, policiers) depuis le début de la guerre.
« Nos armées sont entraînées pour combattre un ennemi qui progresse en ligne. Mais au Burkina, nous avons des attaques contre les populations ou les bases militaires », a-t-il fait savoir. Pour faciliter la lutte, il faut la collaboration des populations. Mais, à l’entendre, il y a une faible participation des populations de certaines zones à la dénonciation des cas suspects. « Il y a des terroristes qui partent combattre les positions des FDS et reviennent au sein des populations sans qu’il n’y ait un effort de dénonciation. On a des femmes même qui posent des IED (engin explosif, ndlr) », a-t-il déploré.
Pourtant, de son constat, le terrorisme a aujourd’hui très clairement un visage burkinabè. « Aujourd’hui ce sont plus des Burkinabè qui ont pris les armes contre leur nation », fait-il savoir. Il a de ce fait rappelé qu’il sera difficile, sinon impossible de mettre un militaire derrière chaque Burkinabè pour sa protection.
La dénonciation comme arme qui sauve
Aujourd’hui, selon le commandant Yé, ceux qui meurent du terrorisme sont les gendarmes, les policiers, les militaires, les expatriés (parce qu’ils auraient fréquenté un lieu donné). « Ce qui fait qu’au Burkina Faso, beaucoup de gens ne se sentent pas concernés par le terrorisme. Quand vous allez à Rood-Wooko (grand marché de Ouagadougou, ndlr), les gens vivent comme si de rien n’était. Ils ne se sentent pas concernés par le terrorisme. C’est pareil pour les autres marchés, exception faite dans certaines localités qui sont dans des zones rouges », indique-t-il.
Le commandant de gendarmerie estime que « nous sommes tombés au Burkina Faso dans un contexte où on doit nous adapter à la menace ». Il appelle donc toutes les populations à dénoncer certains faits suspects en vue de permettre aux FDS de faire leur travail de protection.
« Le problème du Burkina Faso est que les gens pensent qu’en dénonçant des faits ils aident les FDS à faire leur travail. Non ! », regrette-il. Pour lui, la dénonciation est une question d’intérêt national et chaque action devrait s’inscrire dans ce cadre car, dit-il, « je collabore pour ma sécurité et non pour aider les forces de l’ordre ». « On doit avoir le réflexe de dénonciation de certains faits », a-t-il martelé.
Pour terminer, il a insisté sur le fait que « les FDS n’arriveront jamais seules à bouter le terrorisme. La grande partie viendra des populations ». Il appelle d’ores et déjà à faire bloc contre le recrutement des groupes armés terroristes, car, rappelle-t-il, « ce sont en majorité des Burkinabè qui nous attaquent » et le recrutement se fair entre Burkinabè.
Minute.bf